EGLISE SAINT-LAURENT DE BISSY SOUS UXELLES

Une ancienne église, vraisemblablement de style roman et déjà sous le vocable de Saint-Laurent, s’élevait dans une partie du cimetière actuel. Malgré de sérieuses recherches on ne sait pratiquement rien de cette église entièrement disparue.

La construction d’une nouvelle église fut décidée alors que M. Jullien était curé de Bissy ; la première pierre fut posée le 24 octobre 1786 et la première messe célébrée pour la messe de minuit de Noël 1789. L’aménagement intérieur ne devait pas être terminé, puisqu’en 1834 on posait les bancs, en 1845 la table de communion et la chaire, et en 1852 le chemin de croix. On reste cependant plein d’admiration pour la foi, la générosité et le travail d’une population rurale d’environ 300 habitants qui construisit en 3 ans un tel monument, qui aurait coûté 57 000 F de l’époque.

 Cette église n’a pas de style bien défini, peut-être vaguement directoire avant la lettre. A ce sujet, on rapporte qu’à l’occasion d’une visite pastorale, alors que l’église avait une centaine d’années, l’évêque d’Autun s’attardant devant la façade qui comporte la seule porte d’accès à l’église aurait déclaré : « peut-on dire que c’est beau ? En tout cas c’est grandiose et la pierre de taille n’a pas été épargnée ! » En effet cette façade, directement surmontée du clocher, construite en bel appareil d’excellente qualité est assez impressionnante pour une petite église.

L’intérieur est plus modeste, il est composé d’une grande nef très haute en plein cintre sans décoration ni pilier, largement éclairée par de grandes baies simplement vitrées en verre cathédrale.

En haut de la nef, deux petits autels ornés de moulures en plâtre supportent les statues de Saint Laurent en diacre et une belle Vierge tenant l’enfant Jésus. Dans la nef quelques statues offertes par des fidèles : Saint-Joseph, Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, Saint Curé d’Ars. A l’entrée du chœur, plus étroit que la nef, une Jeanne d’Arc et un Saint-Michel dans le style du début du XXème siècle.

Dans le chœur, le Maître-autel en belle pierre rouge, imposant et ouvragé, attire les regards et tranche sur l’ensemble plus modeste de l’intérieur. Il a été longtemps surmonté d’une grande statue du Sacré-Cœur retirée vers 1950. Un beau Christ sur le mur de clôture du chœur reste son seul ornement : au fond, s’ouvre la sacristie avec un grand meuble fonctionnel.

Depuis une cinquantaine d’années, la municipalité a fait procéder à d’importants travaux extérieurs : 1952, réfection complète de la toiture (pierres remplacées par des tuiles), en 1975 réfection en  ardoise de la toiture du clocher, en 1953 pose de l’horloge publique, et en 1977 électrification de l’angélus. A souligner : dans cette église on a toujours sonné l’angélus ; à midi seulement quand la sonnerie était manuelle, et trois fois par jour depuis l’électrification de la cloche. Plus récemment, au cours des 18 dernières années, on a procédé à la consolidation des contreforts nord et à la réparation du beffroi, support de la cloche.

Une rénovation intérieure serait maintenant souhaitable mais en raison de la dimension et de la hauteur de l’intérieur de l’église, qui n’est pas classée monument historique, la dépense paraît dépasser les possibilités d’une population de 60 habitants.

Le cimetière qui entourait l’ancienne église, est resté le cimetière de la commune. Dès 1820, il a fait l’objet de travaux : un mur d’enceinte et une porte d’entrée ont été érigés. S’il y eut un cimetière autour de l’église actuelle, ce fut donc pendant une période très courte.

Saint Laurent

L'église de Bissy-sous-Uxelles datant de la fin du XVIIIe siècle a pour patron Saint Laurent. À sa construction, les paroissiens ont repris le patron de l'ancienne église, vraisemblablement romane, dont les restes ont disparu. Le vocable de Saint-Laurent est donc très ancien.

Saint-Laurent serait né en Espagne, à proximité de Huesca, vers 210. Il se lia très tôt d'une grande amitié avec Sixte qui fût élu pape et l'appela auprès de lui. Laurent ordonné diacre, administrait les biens de l'église tout en veillant à l'entretien du culte. Sixte, arrêté sous la persécution de Valérien, pressentant qu'il allait subir le martyr, demanda à Laurent de distribuer tous les biens de l'Église aux pauvres, ce qu'il fit. Après la mort du pape, l'Empereur demanda donc à Laurent de lui livrer le trésor de l'Église. Laurent regroupa alors les pauvres qu'il avait secourus et les présentant à l'Empereur, lui dit : « Voici le trésor de l'Église, il ne diminue jamais et augmente toujours ». Laurent qui avait pu sauver ce trésor fût alors arrêté, torturé, et condamné à un supplice particulièrement terrible : il fût étendu sur un gril de charbons ardents et brûlé vif des deux côtés. Il mourut ainsi, vers 252.

Monsieur le Chanoine Grivot, dans un bel ouvrage sur la « Légende dorée d'Autun » (Editons Lescuyer à Lyon, 1974), apporte des détails intéressants et très curieux sur ce saint. Quelques siècles après sa mort, Saint Laurent connut un véritable triomphe, à Rome, au Moyen-âge, on comptait 34 églises sous son vocable. Son succès fut grand également en Espagne, on dit même que le monastère de l'Escurial, près de Madrid, aurait la forme d'un gril en l'honneur de Saint Laurent.

Aujourd'hui, dans le seul diocèse d'Autun, 15 églises paroissiales, de différentes époques ont Saint Laurent pour patron ; beaucoup de chapelles et de nombreux hameaux ou lieu-dit portent également son nom. Son supplice et sa notoriété lui ont valu partout de nombreux patronages parmi les « gens de feu » : pompiers, cuisiniers, verriers. Très curieusement, comme il a pouvoir sur le feu, on l'invoque pour qu'il réchauffe le raisin, et, le jour de sa fête (10 août) on lui met une grappe de raisin dans la main pour qu'il n'oublie pas de la faire mûrir ! Cette ancienne coutume s'est perpétuée à Bissy, du moins si quelques grappes commencent à se colorer début août !

Saint Laurent est resté diacre jusqu'à sa mort, aussi, dans la statuaire récente est il généralement habillé en diacre - à la façon du XIXe siècle c'est le cas à Bissy où sa statue en plâtre, sans grand caractère, date sans doute d'une centaine d'années.