Homélie dominicale par le père René Aucourt

Homélie du 14 février 2021

Tout est dit dans la première lecture : on a l’impression que c’est une nouvelle directive pour aujourd’hui… il s’agit même de se couvrir le visage jusqu’aux lèvres…A l’occasion de cette pandémie, beaucoup de personnes ont vécu ce que les lépreux devaient vivre : être à l’écart, sans relations, ne voir personne. On a en particulier mis en avant les personnes âgées en EHPAD qui ne peuvent plus avoir de relations humaines.  L’Evangile prend pour aujourd’hui toute sa dimension.

Jésus  accueille un de ces nombreux lépreux. Il est saisi de compassion. Il est pris au ventre. Il accomplit alors un geste : il étend la main, il le touche et il donne une parole de guérison : je le veux, sois purifié. Jésus vient le guérir. Mais immédiatement après il le remet en relation. Il ‘envoie se montrer au prêtre. Ainsi il reprend sa place dans la société. Il n’est plus dans une maison en dehors du camp. Ainsi c’est l’homme tout entier que le Seigneur Jésus vient rencontrer. Il le remet debout, il le remet en relation, il lui redonne une dignité, il lui redonne une raison de vivre.

C’est ce que fait notre Dieu pour chacun. Il le fait par les sacrements : une parole et un geste qui viennent nous guéri, nous donner la force et nous mettre en relation. Il le fait au quotidien. Jésus le Christ en permanence est pris de compassion envers tous les hommes. A chacun il s’&approche, il touche, il dit sa volonté de guérir et de purifier. C’est la source de notre espérance et de notre confiance.

C’est aussi la source de notre mission. Parce que si Jésus le Christ agit ainsi, nous aussi nous sommes invités à faire de même. Nous participons à la mission de compassion et de guérison du Christ. Nous pouvons nous aussi nous approcher, même en respectant les gestes barrières… il y a tant de façon de nous faire proches. Nous pouvons nous aussi redonner, remettre en relation, aider à ce que chacun puisse trouver sa place dans la société. Le Pape François l’a rappelé dans son message pour la journée des malades :

« Unis au Christ par l’action de l’Esprit Saint, nous sommes appelés à être miséricordieux comme le Père et à aimer en particulier nos frères malades, faibles et souffrants. Et nous vivons cette proximité, non seulement personnellement, mais aussi sous forme communautaire : en effet, l’amour fraternel dans le Christ engendre une communauté capable de guérison qui n’abandonne personne, qui inclut et accueille, surtout les plus fragiles. »

Soyons donc, ensemble, avec le Christ Jésus, une communauté capable de guérison.

Homélie du 31 janvier 2021 (Mc 1, 21-28)

Aujourd’hui dans ce passage d’Evangile, Jésus enseigne. Le mot enseignement, enseigner revient comme un refrain tout au long du texte. Jésus se présente comme celui qui parle dans une synagogue, à Capharnaüm. Mais tout de suite, il est précisé que son enseignement est bien particulier. Il fait autorité, ou plutôt sa personne fait autorité. Et en plus son enseignement est nouveau. Il apporte de la nouveauté.

Mais Jésus ne fait pas que parler. Il agit. Son enseignement ne consiste pas en des paroles accumulées mais il met en œuvre, il agit. Il s’attaque directement au mal. Il y a un combat entre l’esprit impur symbole du mal, et celui qui est reconnu justement par cet esprit impur comme le Saint de Dieu. Et c’est le Saint de Dieu qui va gagner, qui va faire taire le mal qui ne pourra alors ne faire qu’une seule chose : sortir. Il est plus fort que le mal, il peut lui donner des ordres et le mal doit obéir. C’est ainsi que se révèle la nouveauté de l’enseignement de Jésus. Il fait effectivement taire le mal qui occupe le cœur de l’homme. Jésus vient le libérer.

Accueillons aujourd’hui encore cette nouveauté et cette autorité. Laissons-nous étonner. Laissons le Seigneur venir nous libérer. Reconnaissons-le comme celui qui vient faire taire le mal dans nos vies, dans le cœur de tout homme. Par notre baptême, nous participons à cette action du Christ. C’est lui qui nous l’a dit et qui nous envoie pour en vivre. Cela nous avons du mal à le croire…. Nous sommes chargés avec le Christ et grâce à lui de libérer l’homme enchaîné. Le croyons-nous vraiment ? Ne nous évadons pas dans des images spectaculaires. Mais simplement, dans nos quotidiens, dans ce qui fait notre vie, prenons conscience de notre mission de libération, à la suite et avec le Christ. Nous savons qu’une parole peut vraiment libérer. Regardons notre vie et nous trouverons des exemples simples mais bien réels… une parole, un geste, une attention, un engagement, une aide concrète, une prière… et quand le mal semble occuper toute la place, que nous ne pouvons rien faire, n’hésitons pas à tout remettre entre les mains de celui qui est venu nous sauver de tout mal. Vivons, avec lui et à sa suite, de l’autorité et de la nouveauté qu’a apportée le Christ Jésus.

Homélie du 24 janvier 2021 (Jn 1, 14-20)

Ce passage d’Evangile peut nous paraître un peu trop simple, voire simpliste : Jésus passe, il appelle ; Simon et André, Jacques et Jean  quittent tout, ils le suivent. Ces étapes sont des résumés et nous disent bien la radicalité de l’appel et de leur réponse. Il y a une démarche fondamentale qui engage toute la vie.

Les futurs disciples sont présentés sommairement. Ils sont frères, ils ont un métier précis et ils sont en train de l’exercer. C’est donc au cœur de leur vie quotidienne, de leurs relations, de leur travail, de ce qui fait leur vie qu’ils sont appelés. L’appel du Seigneur vient nous rejoindre nous aussi dans notre quotidien. Il n’est pas en dehors, dans un monde imaginaire. L’appel de Dieu résonne toujours au cœur de notre vie, très concrète.

Cet appel est traduit par ces mots : « je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Il y a donc à la fois un changement, il s’agit bien de devenir, de changer et une continuité : c’est toujours dans la pêche qu’ils vont s’investir. Celui qui reçoit l’appel va donc bien rester ce qu’il est… il ne va pas perdre sa personnalité. Et pourtant il va changer, il va évoluer, il va devenir. Il est appelé à inventer une nouvelle vie. Répondre à l’appel de Jésus nous permet de mieux découvrir et être ce que nous sommes vraiment. Il nous met en route, il nous fait devenir.

Et cet appel est un appel à suivre Jésus le Christ. C’est lui le seul Maître, c’est lui qui passe le premier et le disciple va marcher derrière lui. Cette suite implique des choix.  Il y a le petit mot « aussitôt » répété plusieurs fois. Suivre le Christ ne permet pas de regarder en arrière. C’est un avenir qui est toujours proposé.

Le Christ Jésus continue d’appeler aujourd’hui. Bien sûr nous pensons aux vocations de prêtres ou de religieux, religieuses… mais c’est à chacun d’entre nous que l’appel est lancé aujourd’hui. Au cœur de ce qui fait notre vie, avec tout ce que nous sommes, Jésus nous invite à inventer avec lui un avenir. Cet appel, nous pouvons le découvrir en lisant ensemble la Parole. En ce dimanche de la Parole, nous sommes invités à l’accueillir à nouveau comme une Parole de vie et non pas comme des mots difficiles à comprendre, ou bien d’un autre âge. C’est aujourd’hui qu’elle résonne dans nos vies. Parole de vie, Parole de devenir…

Homélie du 17 janvier 2021 (Jn 1, 35-42)

Au début et à la fin de ce passage d’Evangile, il est question de « poser son regard »… d’abord Jean Baptiste pose son regard sur Jésus, puis à la fin c’est Jésus qui pose son regard sur Simon. Poser son regard, c’est-à-dire porter de l’attention, entrer en relation et se mettre en recherche, vouloir construire quelque chose de solide, une relation forte. Jean le Baptiste est comme nous. Il cherche à comprendre. Il voit Jésus qui va et vient. Il veut comprendre le pourquoi de la vie de Jésus et il va même jusqu’à le montrer et l’appeler : « Agneau de Dieu » c’est-à-dire celui qui est attendu depuis longtemps et qui va donner sa vie comme un agneau offert en sacrifice. Ce Jésus est vraiment celui qui vient se donner, s’offrir pour toute l’humanité. C’est bien normal alors de poser son regard sur lui.

Plus loin, c’est Jésus lui-même qui porte son regard sur Simon. Il crée une relation avec lui et il va aussi lui donner un nom : « tu es Simon, tu t’appelleras Pierre. » Jésus reconnait ainsi cet homme et l’appelle pour le suivre. Il pose un regard d’amour qui est une invitation pour devenir disciple, un véritable ami pour partager avec lui sa mission, son annonce de la Bonne Nouvelle. Jésus pose un regard qui est un envoi.

Nous pouvons bien nous retrouver chacun dans cette attitude à un moment ou à un autre de notre vie. Nous aussi, nous cherchons. Nous avons besoin de trouver du sens à ce que l’on vit, ce que l’on fait. Nous ne pouvons pas simplement aller et venir. Il nous faut donner un sens, répondre au pourquoi. Alors nous posons nos regards en attente de mieux comprendre notre vie, notre histoire, notre époque… et les questions ne manquent pas dans ces jours que nous vivons. Nous avons besoin de reconnaître que quelqu’un est venu et vient aujourd’hui porter avec lui ce qui fait notre vie et lui donner un sens et un allant. Nous avons besoin de reconnaître que Jésus est cet Agneau de Dieu qui a donné sa vie pour nous et qui continue de le faire. Nous avons besoin de tourner, de poser notre regard sur lui.

Mais il ne faut jamais oublier non plus que Jésus lui-même en fait autant avec nous. Il pose son regard sur chacun d’entre nous et il nous choisit, il nous envoie, il nous pousse. Il nous donne mission pour tous les hommes. Son regard ne condamne pas, n’enferme pas dans le passé ou les erreurs. Son regard est positif, il nous met en avant. Son regard est toujours posé sur nous, non pas pour nous surveiller ou nous punir… au cas où… non il est là pour nous accompagner… C’est un regard qui voit dans l’avenir. Il nous dit qui nous sommes et il nous appelle…

Homélie du 10 janvier 2021

Derrière les expressions et les images employées dans cet Evangile, se dessine, se devine toute le mystère de Jésus, le Fils bien-aimé.

D’abord il est plongé dans l’eau du Jourdain. Il va au fond de l’eau… eau signe de mort. On peut s’y noyer. Jésus va aller jusqu’au plus profond de la mort, il est descendu aux enfers dit le Credo. Mais il ne reste pas au fond. Il va remonter de l’eau, dit l’Evangile. Il va passer la mort pour ressusciter. L’eau est aussi signe de vie. Il va remonter, se lever. Le Christ Jésus est mort et ressuscité.

Alors nous dit Saint Marc, il voit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre. Les cieux ne sont plus fermés. Le monde  de Dieu n’est plus coupé du monde de l’homme. Avec la venue de Jésus, à Noël, le ciel se déchire… Dieu vient traverser les cieux, il vient se poser sur la terre. Il est désormais chez lui lorsqu’il est chez nous. Alors Dieu pourra dire : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toit, je trouve ma joie. » Ces petits mots disent cette relation unique entre le Père et le Fils. Il est le Bien-aimé et il fait la joie de Dieu, il remplit le cœur du Père.

Contempler ainsi le Christ Jésus nous renvoie forcément à nous-mêmes. Nous vivons le même itinéraire. Notre baptême nous emmène sur ce même chemin. Nous aussi, nous avons été baptisés, c’est-à-dire plongés dans la mort avec le Christ pour vivre avec lui ressuscité, comme le dit Saint Paul. Par notre baptême, nous pouvons remonter de l’eau, nous sommes avec le Christ plus forts que toute mort. Pour nous aussi, le ciel se déchire et nous pouvons entrer en relation intime avec Dieu. Il dit de chacun de nous, à la suite du Christ : « Tu es mon Fils, ma Fille bien-aimée » Dieu ose même dire qu’il trouve sa joie en nous. Le Pape François a dit à Noël que Dieu vraiment nous surestime… Et nous le savons : entrer dans cette relation fait de tous les hommes nos frères et sœurs. Jean nous le redisait dans la deuxième lecture : accomplir le commandement de Dieu c’est aimer Dieu et aimer les enfants de Dieu. L’un ne va pas sans l’autre.

Redécouvrons notre baptême… Il nous donne une dignité extraordinaire que nous n’aurons jamais fini de mesurer. Nous nous sommes peut-être un peu habitués… nous sommes parfois des « vieux baptisés «  et cela n’a rien à voir avec l’âge. Renouvelons la jeunesse de notre baptême. Recevons à nouveau cette déclaration d’amour de Dieu : « Tu es mon Fils bien-aimé : en toi, je trouve ma joie. »

Homélie du 03 janvier 2021

Les mages sont très populaires à tel point qu’au long des siècles beaucoup de traditions leur ont été rajoutés. Ils sont devenus rois, ils sont au nombre de 3 etc… Mais au-delà du folklore, ils peuvent être nos guides. Ils peuvent vraiment nous aider dans notre marche, notre démarche de foi. D’abord ils cherchent, ils sont curieux. Ils sont curieux de Dieu, de spiritualité. Ils veulent trouver un sens à leur vie, alors ils se mettent en route. Ils suivent une étoile. Ils ont trouvé un signe dans leur vie et ils veulent connaître et comprendre. Ils rejoignent beaucoup de nos contemporains … et nous-mêmes. Des signes nous sont donnés et nous aident à nous mettre en route. Mais cela ne suffit pas. Ensuite ils se mettent en relation avec d’autres. Ils échangent, ils expliquent, ils discutent, ils cherchent avec d’autres. Les autres sont plus ou moins bienveillants, mais ils entre en discussion. Plus tard, ils vont ouvrir la Parole de Dieu. D’autres vont chercher et trouver un éclairage dans cette Parole, dans cette Révélation. Puis forts de ces échanges et de cette Parole de Dieu, ils vont reprendre la route. Ils vont être prêts pour entrer dans la reconnaissance : reconnaissance de ce Dieu qu’ils cherchent. Ils entrent dans une grande joie, ils se prosternent, ils peuvent offrir leurs cadeaux. Après cet acte de foi, ils vont rentrer chez eux, mais par un autre chemin. Leur route a été changée, leur vie en a été transformée.

N’est-ce pas l’itinéraire de notre foi ? Un chemin parfois un chaotique avec des avancées et des reculs, mais un chemin qui nous emmène jusqu’à la reconnaissance du Christ Sauveur. Notre foi repose sur cet ensemble d’étapes. Des signes donnés et reconnus, mais aussi discutés, échangés… nous ne sommes jamais seuls dans l’histoire de notre foi. Et toujours à la lumière de la Parole de Dieu échangée, mangée ensemble. Avec des temps de plénitude et de reconnaissance où nous voyons, nous devinons la présence du Seigneur. Et avec un temps de retour à notre vie quotidienne transformée. La foi est une lumière. Avancer sur ce chemin c’est recevoir une lumière, l’accueillir, la comprendre et c’est devenir alors lumière pour les autres. La bénédiction finale le redira : Que Dieu fasse de nous des lumières pour guider nos frères sur leurs chemins.

Tout un programme pour une nouvelle année. Que les mages nous accompagnent tout au long de cette année.

Homélie de Noël 2020

Un enfant a posé récemment la question : « Mais pourquoi on raconte ce qui s’est passé il y a très longtemps aujourd’hui, pourquoi on lit un texte aussi vieux aujourd’hui ? » C’est justement ici que se révèle la foi des chrétiens. Nous nous souvenons d’un évènement arrivé il y a très longtemps. Dieu est entré dans notre histoire, la grande histoire. Il s’est fait homme. Jésus est l’envoyé de Dieu. Il est venu partager ce qui fait la vie des hommes avec les joies et les drames. Il l’a vécu complètement, parfaitement, jusqu’au grand passage de la mort. Il n’a pas fait semblant, il n’a pas posé le bout des pieds sur notre terre, il a même été mis en terre. Mais il a aussi transformé ce qui fait la vie humaine. Plus fort que toute mort, il est ressuscité et vivant. Il est présent.

Dieu est entré dans la grande histoire. Mais à Noël, nous ne faisons pas que nous souvenir d’un évènement du passé. Nous croyons aussi que Dieu entre dans notre propre histoire. C’est aujourd’hui qu’il vient. C’est aujourd’hui qu’il se fait l’un d’entre nous. Si nous sommes réunis, si nous fêtons Noël, c’est que nous croyons que Jésus vient partager notre vie, telle qu’elle est. Notre vie marquée par des inquiétudes, des épreuves, des bouleversements… et ils ne manquent pas tous ces temps-ci. Il vient les partager et il vient apporter un sens nouveau, une vie nouvelle. Il vient apporter un peu de paix, de tendresse. Il vient apporter un peu de lumière dans la nuit. Il vient et il invite à partager cette paix, cette lumière, cette tendresse dont nous avons tous tant besoin. Il vient aujourd’hui nous inviter à partager la vie.

Oui, aujourd’hui Dieu ne reste pas confiné. Il rejoint chacun. Jésus, le Christ vient aujourd’hui dans l’intimité de notre vie.

Homélie du 20 décembre 2020

Marie dit : « Que tout m’advienne selon ta parole. » Elle dit oui, mais sa façon de dire oui est tout à fait particulière. Elle a reçu une parole de la part de Dieu. Une parole qui n’est constituée de mots alignés les uns sur les autres, mais une parole qui est une promesse qui la touche au plus intime et qui aura des conséquences pour tout un peuple et toute l’humanité, toutes les générations. Elle reçoit cette promesse mais elle prend le temps. Elle va poser des questions, elle va demander des précisions. Elle ne dit pas un oui sans réfléchir. Elle accueille vraiment au plus profond d’elle-même cette parole. D’abord elle est bouleversée, elle se  demande, elle se pose des questions sur ce que peut signifier cette salutation, puis elle demande « comment cela va-t-il se faire ? »  Ainsi on voit bien une évolution, une histoire. Il lui faut du temps pour aller jusqu’à sa réponse. Il lui faut des étapes… rien n’est acquis. Ensuite seulement, elle va pouvoir dire son acceptation de l’évènement. Elle reçoit la parole au plus profond d’elle-même ; Elle la promesse, la parole qui va prendre chair en elle-même. Le Verbe se fait chair. Il va entrer dans l’histoire humaine, par Marie.

A quelques jours de Noël, Marie nous montre le chemin. Sa réponse est aussi pour nous tout un programme, tout un modèle. Dieu est entré dans l’histoire humaine. Je trouve que cette année, avec les circonstances particulières que nous vivons et connaissons, nous sommes invités à approfondir cette dimension. Dieu ne vient pas dans un monde imaginaire. Noël n’est pas une belle histoire pour faire rêver les enfants. Nous croyons qu’il est venu en Jésus dans notre histoire et que c’est aussi aujourd’hui qu’il vient. Il vient dans notre monde marqué par les inquiétudes, les peurs, les contradictions, les solitudes mais aussi les gestes de solidarité ou de proximité.  Il vient là et pas ailleurs. Il vient aussi dans notre vie, la plus intime, marquée elle aussi par toutes ces épreuves, mais aussi ces joies et ses espérances. Il ne vient pas ailleurs, c’est au cœur de notre vie qu’il vient.

Et Marie nous montre aujourd’hui le chemin pour l’accueillir. Un chemin marqué bien sûr par les questions et les hésitations : « comment cela va-t-il se faire ? » mais aussi marqué par cette confiance en une promesse, confiance en une parole… la parole qui se fait chair, qui prend corps aujourd’hui dans notre monde, dans notre vie.

Homélie du 06 décembre 2020

Dans cette étape dans le temps de l’Avent, un nouveau personnage, un nouveau témoin nous est proposé : Jean le Baptiste. Comme son nom l’indique, il baptise. Mais il le fait pour se préparer, pour se purifier. Il baptise dit-il avec de l’eau. C’est une étape, mais il y en aura une autre, plus importante, plus complète. Jean Baptiste se présente toujours comme celui qui annonce la venue d’un autre. Il le montre, et il s’efface derrière lui. Cet autre qui va venir est plus grand, plus fort que lui. Lui, il ne fait que l’annoncer, que préparer son chemin. Lui, il le montre et il s’efface derrière lui.

Jean- Baptiste est un modèle pour nous, dans ce temps de l’Avent. Nous sommes à notre place chargés d’annoncer ce même Seigneur, de le montrer. Nous ne sommes pas à notre compte, nous ne sommes pas propriétaire du Christ Jésus. Il est l’Autre que nous attendons. Il nous dépasse, il nous surprend, il est plus grand que nous. Jean Baptiste est le dernier des grands prophètes, c’est à dire de ceux qui parlent au nom de Dieu. Nous sommes de par notre baptême également prophètes. Nous sommes chargés de parler au nom de Dieu, de dire, de montrer ce Dieu qui vient faire toutes choses nouvelles. Et il y a tant à faire, tant à annoncer. Les chemins sont bien souvent tordus. Il y a des ravins, des escarpements. Notre monde a tant besoin de cette Bonne Nouvelle. Nous sommes dans ce temps si particulier où l’approche des fêtes de Noël nous réjouit, mais où la peur et la violence se sont bien installées dans notre monde. Alors, comme le prophète Isaïe, comme Jean- Baptiste, qu’allons-nous annoncer pour notre monde tel qu’il est ? Ne faut-il pas redire ce qu’est le sens profond de Noël pour nous ? Une fête évidemment, mais pourquoi faire la fête, pourquoi se réjouir ensemble ? Il nous faut rendre compte de notre foi, dans le respect de chacun bien sûr… mais n’est-ce pas urgent de dire explicitement ce qui fait notre foi ?

Oui, nous croyons que Dieu est entré dans notre histoire. Il est venu prendre nos chemins et il est venu ouvrir un possible, inaugurer un monde nouveau. Ce monde nouveau est commencé et il est toujours à accueillir. A la suite de Jean- Baptiste et comme lui, élevons la voix avec force pour porter la Bonne Nouvelle au monde. Dieu prend soin de chacun…

Homélie du 29 novembre 2020

Avec ce premier dimanche de l’Avent, la Parole de Dieu nous invite à entrer dans une première attitude : Veillez. Jésus le dit même à tous : Veillez. Il faut donc entrer dans cette attitude fond pour bien accueillir Celui qui vient parmi à Noël. Mais dans quel sens ? Il faut regarder ce que Jésus dit avant. Il raconte une parabole, il fait une comparaison. C’est comme un homme parti en voyage. Il y a donc au départ une absence. L’homme n’est plus là, il a quitté sa maison, il est parti et il confie tous ses pouvoirs à ses serviteurs. Chacun sait ce qu’il a à faire. Comment ne pas faire le lien avec le Christ lui-même. Il est absent, il n’est plus visible au milieu de nous… Nous ne pouvons manger et boire avec lui, comme dit l’Evangile. Il est parti en voyage et il a confié ses biens et ses pouvoirs. Il a envoyé ses disciples. Il a confié une mission, un travail précis à ceux qui veulent le suivre. Disciples de Jésus le Christ, nous avons chacun reçu une mission. La mission de témoigner, de rayonner de cette vie en plénitude qu’il est venu nous donner, nous confier. Il n’a pas gardé pour lui ce trésor. Il a pris des distances, non pas pour s’en désintéresser mais pour faire confiance, pour le confier aux hommes. C’est pour cela que nous sommes invités à veiller. La veille et la confiance vont ensemble. Une veille non pas crispée comme pour garder un trésor, le préserver des voleurs qui peuvent venir à tout moment. Mais une veille pour s’assurer que la Bonne Nouvelle est annoncée, partagée. Il ne s’agit pas de veiller pour garder au chaud. Il s’agit de veiller pour que le Christ lui-même puisse être donné, partagé, connu, aimé. Veiller pour qu’un évènement puisse vraiment avoir lieu, se produire réellement dans notre monde.

Nous savons et nous l’expérimentons : notre monde a tant besoin de cette Bonne Nouvelle, tant besoin de la venue du Christ, Fils de Dieu. Notre monde traverse des inquiétudes et des épreuves. Chacun en a l’expérience. C’est au cœur de ce monde-là que quelqu’un est promis. Voici que nous attendons que Dieu lui-même vienne aujourd’hui. Que son message d’amour et de paix, de plénitude de vie pour chacun puisse devenir concret et réel…

La veille et la confiance vont ensemble. La veille et l’action vont ensemble. La veille et le témoignage vont aussi ensemble. Viens Seigneur Jésus. Qu’il rende ferme notre foi, joyeuse notre espérance et constante notre charité.

Homélie du 15 novembre 2020

La parabole des talents… on connait cette interprétation évidente : chacun reçoit des talents, c’est à chacun de les faire fructifier… si quelqu’un est doué en mécanique ou en musique, qu’il développe la mécanique ou la musique. C’est bien  mais Jésus veut aller plus loin. Il nous parle de quelqu’un qui s’absente pour longtemps : il part en voyage et il confie ses biens à ses serviteurs. Se profile donc Jésus lui-même qui va s’absenter, longuement. Et Jésus le Christ qui fait confiance à ses serviteurs, qu’il appelle amis. Autrement dit, il s’agit de la mission que chacun reçoit. Mission de dire, de témoigner, de faire fructifier ce Royaume que Jésus lui-même est venu inaugurer. La mission est confiée à chacun, mais chacun selon ses possibilités, ses capacités. Mais ce n’est pas rien : il faut savoir qu’un talent à l’époque c’est l’équivalent de quinze ans de salaire d’un ouvrier. Ce maître confie donc une grande somme… que ce soit un, trois ou cinq talents. La mission est grande et elle nous est confiée. Dieu nous fait confiance.

Mais il faudra rendre des comptes. Pour les deux premiers, ils se sont mis au travail immédiatement. Ils se sont engagés ; ils disent « je », voici ce que j’ai fait. Le troisième lui, dit « je » mais surtout se désengage, il rend simplement ce qui appartient au maître. Il ne s’est pas investi : « tu as ce qui t’appartient » rien ne s’est donc pas passé, pas d’évolution. Le statu quo. La récompense va arriver. Complètement disproportionnée… pourtant la somme confiée était grande mais le maître dit que ce n’était qu’une petite chose, il va les faire entrer dans la salle de banquet, dans la joie du maître. Ils vont entrer dans la plénitude de la vie du maître. Le dernier devra rester avec lui-même, avec son repli. Il restera serviteur mauvais, paresseux, bon à rien.

La mission nous est confiée. Qu’allons-nous en faire ? La promesse nous est donnée : s’engager au service de la mission c’est avancer vers la plénitude de la vie avec Dieu. C’est entrer dans la relation, la relation avec lui. Mais il faut pour cela accueillir le cadeau qui nous est fait et le faire fructifier.

Aujourd’hui nous sommes invités à ouvrir notre cœur aux pauvres, en cette journée mondiale des pauvres. Nous savons qu’ils sont nombreux, que les formes sont très variées. La mission qui nous est redite aujourd’hui repose aussi dans l’ouverture aux pauvres, l’attention, le regard, la possibilité de tendre la main. Dans le temps de confinement que nous vivons, il y a tant d’occasions pour inventer cette attention… le coup de téléphone, le petit service rendu, la prière etc… sont autant de façons de développer nos talents, autant de façon de vivre la mission. Heureusement le Christ Jésus n’arrête jamais de nous faire confiance. C’est même lui qui agit avec nous. Il nous donne déjà d’« entrer dans la joie du Maître. »

Homélie du 08 novembre 2020

«  Ni le jour, ni l’heure… » Tout au long des lectures de ce dimanche, il est question du temps, du jour et de l’heure. La parabole évoque la nuit, la veille, le milieu de la nuit. Le psaume parle de l’aube, et de la nuit. Et la première lecture évoque l’aurore et le temps de la veille. Nous le savons, nous le vivons : nous sommes bien inscrits dans le temps, dans toutes ses dimensions et toutes ses formes : du lever au coucher du soleil et de la nuit jusqu’à l’aurore. Cette parole de Dieu n’est donc pas uniquement pour un moment, un instant, une fois mais elle vient éclairer l’ensemble de notre temps que nous avons à vivre. Autrement dit, il ne faut seulement comprendre la parole : vous ne savez ni le jour ni l’heure, uniquement comme l’heure de notre mort, toujours inconnue. Mais c’est une parole pour l’ensemble de ce qui fait notre temps, pour l’ensemble de notre vie. Il s’agit donc d’une parole pour notre temps, tel qu’il se présente avec les peurs, les angoisses, les incertitudes, les menaces de terrorisme et la crise sanitaire. Notre temps de confinement.

Dans ce temps-là précisément, Jésus nous donne cette parabole, cette invitation à « sortir à la rencontre de l’époux. » C’est-à-dire à sortir de nous-mêmes, à aller vers, à désirer rencontrer le Seigneur, à le chercher, à avoir faim et soif de lui. Tous ces mots disent bien ce désir profond qui est en nous. La foi c’est cette attente, cette tension qui est semée en nous de rencontrer Dieu lui-même. Il est bien difficile d’en parler. Le Livre de la Sagesse le dit avec ces images : elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Le Seigneur se laisse trouver. C’est le mystère même de l’amour.

Mais ce désir peut parfois s’éteindre ou plutôt s’affadir, perdre de son intensité. Il nous faut donc le garder, l’entretenir et parfois le réveiller. Il nous faut des réserves, il nous faut de l’huile. Posons-nous alors la question : quels moyens prenons-nous pour réveiller notre soif du Seigneur, notre désir de l’accueillir dans nos vies ? Notre huile pourra être la prière, le silence, l’écoute de la Parole l’ouverture aux autres, la méditation… ce temps si particulier que nous vivons peut aussi être une belle occasion pour réveiller en nous ce désir, pour faire des réserves d’huile…

Nous prenons les moyens, mais n’oublions pas que c’est lui le Seigneur qui vient à notre rencontre. C’est lui qui frappe à notre porte, c’est lui qui devance nos désirs. C’est lui qui est assis à notre porte. Au milieu de la nuit, il y eut un cri : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » Voici que le Seigneur prend l’initiative de venir, de s’approcher. Il n’est pas le résultat de nos efforts. II se tient là à notre porte et il frappe… allons-nous le laisser entrer ?

Homélie du 1er novembre 2020

Entendre et recevoir un message de bonheur dans le contexte que nous vivons dans notre pays est un défi. Ce ne sont pas des paroles faciles à entendre, alors que l’on est forcément traversé par des inquiétudes devant l’avenir, des peurs, la violence de l’actualité … Et pourtant voici que Jésus dit solennellement : Heureux… vous êtes heureux, vous qui… mais il faut bien affirmer que la suite nous dérange beaucoup : comment peut-on dire : heureux ceux qui pleurent, ou bien heureux ceux qui sont persécutés. Alors peut-être que ces mots résonnent encore plus fortement en nous en ces jours que nous vivons.

Pour bien comprendre, évidemment, il faut se tourner vers Jésus le Christ. Lui, contrairement à chacun d’entre nous, ne disait pas des paroles en l’air. Ce qu’il dit, c’est ce qu’il vit. Il n’y a pas de décalage en lui. Alors on peut vraiment dire : Heureux es-tu toi Jésus qui… toi qui es miséricordieux, toi qui es doux, toi qui pleures ou toi qui fais la paix. Jésus a vécu complètement, parfaitement ces Béatitudes. Derrière ces mots, nous avons son portrait. Sa vie nous montre le chemin. On pourrait résumer en disant : Heureux es-tu toi qui es ouvert, jamais replié sur toi-même, toujours attentif à l’autre, toujours en attente, toujours en manque, toujours dans la faim et la soif… La suite immédiate de ce texte, nous dira justement le contraire : malheureux êtes-vous, vous qui êtes pleins, remplis, vous qui avez tout… vous les riches. Vivre de ces Béatitudes à la suite du Christ,  c’est rester ouvert, comme lui. Nous en avons fait l’expérience : vivre la véritable douceur, la miséricorde vient remplir notre cœur ; se battre pour la justice, rester attentif aux autres nous fait tout simplement rester vivants…C’est le chemin de bonheur que Jésus est venu ouvrir.

Un chemin exigent et difficile, c’est vrai. Mais nous ne sommes pas seuls. Il y en a beaucoup d’autres, une grande multitude disait la première lecture,  qui ont reçu et vécu ces Béatitudes et aujourd’hui ils viennent nous prendre par la main. Ils ont connu eux aussi des épreuves, des inquiétudes ou des faiblesses mais ils ont traversé l’épreuve et ils sont dans la paix, dans la vie avec Jésus le Christ.

C’est donc avec tous ceux et celles qui nous ont précédés et dont nous nous souvenons ces jours-ci, avec tous ceux et celles que nous reconnaissons comme saints, que nous pouvons avancer, traverser. Nous pouvons hâter le pas. Le Seigneur lui-même marche avec nous. Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu.

Homélie du 25 octobre 2020

A la lecture de cet évangile, on a envie de dire : on connait par cœur. Le texte est si connu. Mais ne faut-il pas le découvrir à nouveau dans toute sa fraîcheur et sa nouveauté. C’est vrai d’abord que les deux phrases données par Jésus ne sont pas nouvelles. Elles se trouvent dans l’ancien Testament. Il y a d’un côté celle qui concerne l’amour de Dieu et plus loin celle qui concerne l’amour du prochain. Mais Jésus apporte une nouveauté radicale. Il rapproche les deux phrases : et le second lui est semblable… plus que rapprocher, il les met à égalité. Il en fait un seul commandement. Il n’y a plus désormais d’un côté le commandement de l’amour de Dieu et d’un autre celui du prochain. C’est bien le même et unique commandement. L’amour de Dieu et l’amour de l’autre vont ensemble et ne peuvent pas se séparer ni même s’opposer. Derrière la dimension de commandement se profile le visage de Dieu… Il ne s’agit pas d’aimer parce que c’est un ordre. Il s’agit d’entrer et de découvrir le visage de Dieu lui-même.  : un Dieu qui est compatissant disait la première lecture et un Dieu qui est libérateur, rocher, bouclier, sauveur disait le psaume. Ce Dieu là est proche et attentif, tout spécialement aux pauvres et aux petits. Il donne son amour à chacun, sans aucune limite, sans frontière. Ce Dieu nous pouvons l’aimer : je t’aime Seigneur ma force, avons-nous chanté. Ce Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils Jésus. Ce même amour est déposé dans le cœur de tout homme. C’est ce même amour, cet amour qui a sa source en Dieu qui ne peut que rayonner et se donner en aimant les autres. Il ne s’agit pas de répondre à un ordre, il s’agit d’entrer dans un amour qui fait vivre. A l’image et à la suite du Christ Jésus, nous pouvons alors aimer et unifier notre vie dans cet amour.

Bien sûr, nous savons que ce n’est pas facile, pas simple. Il y a des personnes que nous n’arrivons pas à aimer, il y a aussi des situations de tensions, de conflits, de violence. Cet amour est toujours à inventer, à construire dans le cœur même de ce qui fait notre vie comme dans notre société. Notre société traverse des épreuves, des remises en cause et des inquiétudes sur l’avenir et nous les partageons, c’est bien normal. Le Pape François vient de publier une encyclique Fratelli Tutti et le sous-titre est tout un programme « sur la fraternité et l’amitié sociale »… Amitié sociale… une magnifique formule qui dit bien le défi de la fraternité aujourd’hui. C’est vrai qu’il fait un constat plutôt sévère de tous les manquements à l’amour mais il affirme aussi fortement : « 55. J’invite à l’espérance qui « nous parle d’une réalité qui est enracinée au plus profond de l’être humain, indépendamment des circonstances concrètes et des conditionnements historiques dans lesquels il vit. Elle nous parle d’une soif, d’une aspiration, d’un désir de plénitude, de vie réussie, d’une volonté de toucher ce qui est grand, ce qui remplit le cœur et élève l’esprit vers les grandes choses, comme la vérité, la bonté et la beauté, la justice et l’amour. […] L’espérance est audace, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne ».Marchons dans l’espérance ! »

Homélie du 18 octobre 2020

Le texte est connu : chacun aurait pu compléter la fin de cet évangile. Cette phrase a été largement commentée et utilisée. Elle a servi aussi bien pour dire la séparation de l’Eglise et de l’état que pour mettre à sa place la politique. Tout cela est juste, évidemment… mais ne faut-il pas regarder d’un peu plus près…

Les pharisiens et leurs disciples n’ont qu’un souhait : coincer Jésus. Ils veulent lui tendre un piège, montrer ses contradictions. La question est un piège qui se referme sur Jésus. A la question, faut-il payer l’impôt oui ou non… Jésus ne pourra pas échapper. S’il répond non, il sera considéré comme un rebelle contre les romains, un leader politique qui va venir libérer le pays de l’occupation romaine et s’il répond oui il sera vu comme un collaborateur des romains et un vendu au pouvoir en place. Jésus n’entre pas dans cette alternative… ni oui, ni non. Il renvoie, comme toujours à la personne elle-même. Il demande de voir une pièce et ils lui en montrent une. Autrement dit, ils sont obligés de se compromettre : ils ont bien une pièce sur eux, dans leur poche. Ils ne peuvent pas échapper. Et plus profondément encore, Jésus renvoie à une affirmation fondamentale qui vient éclairer bien sûr notre propre vie. Il renvoie à l’effigie, l’image. Sur cette pièce, quelle image est gravée, avec quelle inscription. Alors Jésus rappelle que l’homme a fondamentalement en lui une autre effigie, une autre image. Il est créé à l’image de Dieu. Il porte en lui au plus profond l’image de Dieu, on pourrait dire il est tatoué de Dieu. C’est son être profond. Il a en lui l’image des valeurs, de l’être même de Dieu. Il a en lui la bonté, le respect, la justice, la patience… Et on peut relire et reprendre toute l’histoire de la Bible pour y découvrir l’image de Dieu. L’homme est effigie de Dieu. Et pour nous chrétiens, nous croyons que nous en avons reçu le signe, la marque à notre baptême. Nous avons entendu à notre baptême : « tu es maintenant baptisé : le Dieu tout-puissant, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, t’a libéré du péché et t’as fait renaître de l’eau et de l’Esprit Saint. Désormais, tu fais partie de son peuple, tu es membre du Corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. » Voici donc l’effigie, l’image gravée en nous. Jésus nous redit aujourd’hui : qu’as-tu fait de ton effigie ? L’as-tu oubliée ? est-ce que tu lui donnes encore de la place ? laquelle ? Et il nous dit aussi aujourd’hui que cette image est toujours à offrir, à présenter, à partager. En ce dimanche de la mission, nous sommes invités à nous remettre en mission pour que l’effigie de Dieu soit proposée à chacun, à tout homme. Chaque génération est un nouveau continent à évangéliser. Le Seigneur aujourd’hui nous envoie.

Homélie du 11 octobre 2020

Le roi, dans cette parabole nous laisse deviner le visage de Dieu lui-même. C’est un roi qui invite. Et il prend les moyens. Il envoie des serviteurs, puis il envoie d’autres serviteurs, puis il envoie ses troupes, puis il envoie à nouveau des serviteurs aux croisées des chemins. Le Roi prend vraiment tous les moyens pour inviter. Il est patient, il ne baisse pas les bras, il ne désespère jamais, il essaye encore et encore. Comment ne pas deviner Dieu lui-même qui essaye encore et encore, qui nous invite chacun à participer à sa fête, à la fête du Royaume c’est-à-dire au mariage de son Fils avec l’humanité. Tout le projet de Dieu est là. Faire participer l’homme à sa joie, le faire entrer dans la joie des noces. Il s’agit pour toute l’humanité d’entrer dans une relation qui apportera le vrai bonheur, celui d’aimer et d’être aimé. Notre monde en a tant besoin. Nous sommes tellement environnés par des propos ou des projets remplis d’inquiétude, de peur ou de destruction de l’homme.

Mais voici qu’en face la réaction de l’homme est bien souvent négative. Il y a ceux qui ne veulent pas venir tout simplement, les indifférents. Il y a ceux qui ont de beaux arguments, qui sont occupés… ils ont un champ ou un commerce qui prennent toute la place. Mais heureusement il y a aussi ceux qui sont aux carrefours, qui sont en chemin. Ils mauvais ou bons, peu importe. Eux, ils répondent et entrent dans la salle de banquet. Nous pouvons toujours nous interroger sur notre propre réponse. Sommes-nous du côté des indifférents, des très occupés ou de ceux qui sont au carrefour, bon ou mauvais… Il ne s’agit pas de s’enfermer dans l’un ou l’autre modèle. Nous savons bien qu’au fur et à mesure des jours, des étapes de notre vis, nous répondons plus ou moins à l’invitation à aimer et être aimés.

Mais il est aussi toujours étonnant dans cette parabole que l’invitation est pour une fête, un cadeau tout fait. Souvent nous recevons une invitation à faire, à dire, à se mettre en route, à construire. Aujourd’hui, Jésus nous dit avec insistance : c’est prêt… pas besoin de faire la cuisine, ni même de mettre le couvert. Tout est prêt. Il n’y a qu’à recevoir. Pour cela il faut répondre, choisir d’y aller et mettre la robe de fête. C’est important de mettre dans cette attitude. Cette fête, ce Royaume n’est pas le résultat de nos efforts. Non, il est offert, il est donné. C’est par pure grâce que Dieu se donne à nous, qu’il nous fait participer à sa joie. Dieu se donne, sans cesse. Simplement c’est à nous de répondre, de l’accueillir. Nous en avons reçu le signe à notre baptême. C’est aujourd’hui que Dieu nous invite.

Homélie du 04 octobre 2020

C’est toute l’histoire du peuple de Dieu qui est devinée, suggérée dans cette parabole de la vigne et des vignerons. C’est aussi toute notre propre histoire.

Il faut s’arrêter d’abord sur ce propriétaire qui fait tout ce qu’il peut pour sa vigne. Il prend tous les moyens pour qu’elle soit belle et qu’elle produise beaucoup de fruite. Elle est plantée, il y a une clôture, il y a un pressoir, il y a une tour de garde. C’est exactement ce que nous décrivait aussi le prophète Isaïe. Vraiment ce propriétaire prend soin de sa vigne, il donne tout ce qu’il faut. Puis il loue et part en voyage. Autrement dit, il confie à d’autres, il fait confiance. Notre Dieu a fait tout ce qu’il pouvait pour son peuple, pour l’humanité et il fait confiance. Il croit en l’homme. Il croit que l’homme peut faire fructifier, peut faire de belles choses. Dieu offre toute sa confiance. Dieu nous fait confiance. Il nous confie la terre, il nous confie les autres, il nous confie toute la création… Qu’en faisons-nous ?

Mais ce propriétaire ne laisse pas tomber… il vient chercher les fruits. Et c’est là où le peuple ne veut plus de lui…. Il a des envoyés, des prophètes, mais ils ne sont pas reçus, ils sont même exclus et mis à mort. Il va même envoyer son fils mais ce sera la même histoire, la même réaction. Le Fils va être exclu de la vigne, il sera rejeté et tué. Le Christ lui-même est l’envoyé de Dieu mais il n’est pas reçu. Alors Dieu décide de confier à nouveau sa vigne, il n’arrête pas sa confiance, il continue, heureusement il est patient mais il va aller dans un autre sens : il va confier sa vigne à d’autres vignerons.

Dieu ne cesse jamais de faire confiance, même si bien souvent, trop souvent, nous le rejetons, nous ne voulons pas l’accueillir. C’est donc à nous aujourd’hui que Dieu continue de faire confiance. Il compte sur nous. Il nous confie la terre, il nous confie les autres, il nous confie toute la création… Qu’en faisons-nous ? Le Pape François nous l’a rappelé si souvent et il vient encore de la faire avec cette encyclique autour de la fraternité : Tutti Fratelli. Le frère, l’autre nous est confié. Aux yeux de Dieu, nous sommes, malgré tout, dignes de confiance. A nous de répondre…

Homélie du 20 septembre 2020

Cette histoire que nous raconte Jésus provoque toujours des réactions… c’est pas juste, quelqu’un qui a travaillé une bonne partie de la journée ne ^peut pas recevoir autant que celui qui n’aura travaillé qu’une heure… il ne faut pas se tromper. Jésus ne nous raconte pas cette histoire pour nous faire un cours d’économie et de justice sociale. Il y a autre chose à découvrir.

D’abord, ce maître n’arrête pas d’inviter, d’embaucher. Il commence tôt le matin, il continue à 9h, puis à midi, puis à 3 heures, puis à 5 heures. Il ne fait pas de pause. Il est en permanence en train d’aller à la rencontre. Il y a ce petit mot : il sort : il sort de nouveau, il sort encore.
Ce Maître est le visage de Dieu. Dieu n’arrête pas d’embaucher pour travailler à sa vigne, à son Royaume. Il est toujours de sortie. Il va sans cesse à la rencontre de l’homme. Et il lui propose en permanence de travailler avec lui.

Tout au long de notre vie, le Seigneur nous appelle. Allez à ma vigne vous aussi… Cela s’appelle la mission. Elle est permanente et universelle. Il n’y a pas ceux qui seraient appelés et puis les autres. Chacun est invité à vivre la mission. Notre Eglise ne peut être que missionnaire. Si elle oublie cette dimension, elle n’est plus vraiment l’Eglise. Elle ne répond plus à l’appel, à l’invitation de son Maître.

Et chacun va recevoir une récompense, un salaire. Il est le même pour tous. Ce salaire est apparemment faible mais il est surtout unique. Une pièce d’argent. Ceux qui travaillent à la vigne du Seigneur sont appelés à recevoir chacun le même salaire, la même récompense. Il n’y a pas de passe droit, pas de treizième mois. Il y a la même promesse, celle de l’amour du Maître, ou avec d’autres mots celle du Royaume, c'est-à-dire de la vie avec Dieu. Cette promesse est déjà mise en œuvre. Vivre la mission c’est recevoir cette joie de vivre avec le Seigneur, d’entrer dans son regard, dans son amour, dans sa vie. La mission ce n’est pas un devoir c’est une vie avec le Christ. N’entrons pas dans des calculs. Il l’affirme à la fin de l’histoire : Ton regard est-il mauvais parce que moi je suis bon ? Dieu essentiellement est bon.. D’ailleurs il appelle ses collaborateurs « mes amis ». Il ne les traite pas comme des esclaves ou des serviteurs, mais comme des amis.

Ainsi le travail de la mission n’est pas une corvée, un devoir difficile. C’est une vie, une amitié avec le Christ lui-même. Et Jésus ne cesse aujourd’hui ne nous appeler à sa mission : Allez à ma vigne vous aussi.

Homélie du 13 septembre 2020

Pardonner ce n’est vraiment pas facile… c’est peut-être ce qu’il y a de plus dur à vivre. Si quelqu’un nous a fait du mal, nous sommes blessés et nous ne pouvons pas oublier, nous ne pouvons pas vivre comme si de rien n’était. Et souvent ces blessures nous rongent, nous rendent tristes et nous empêchent de vivre vraiment. Tous les blessés de la vie sont marqués profondément et souvent pour longtemps. Jésus nous dit aujourd’hui qu’il faut pardonner. On a envie de lui dire : pas possible. C’est au-delà de nos forces.

Jésus nous raconte alors une histoire, une parabole pour bien nous faire comprendre ce qu’il veut dire, son invitation. A travers cette image du maître, nous découvrons, nous devinons le visage de Dieu lui-même. D’abord il reconnait ce que le serviteur lui doit… il ne fait pas comme si c’était rien. Puis il est sensible à la demande : prends patience envers moi. Il est alors saisi de compassion. Dieu est pris au ventre, pris aux tripes. Il n’enferme pas l’autre dans ce qu’il a fait ou ce qu’il doit. Il lui offre un avenir… Le serviteur sinon n’aurait pas eu assez de sa vie pour rendre tout l’argent qu’il devait. Ce maître laisse partir, il rend la liberté. Il offre une autre solution.

C’est exactement cela le pardon. C’est reconnaître la faute bien sûr… et ce n’est pas si simple. Il y a parfois des attitudes qui font tout pour éviter cette reconnaissance du mal, de la blessure. Reconnaître puis offrir à l’autre une autre solution, ne pas l’enfermer pour toujours dans sa faute, offrir un avenir. C’est cela le chemin du pardon. C’est un chemin… il faut du temps et de la patience. Et ce chemin est si difficile, mais il est essentiel pour se libérer soi-même et pour permettre à l’autre d’avancer dans sa vie. Encore une fois, il ne s’agit surement pas d’oublier la blessure… pardonner ce n’est pas oublier. Et il s’agit toujours d’avancer lentement… on peut toujours dire : pour le moment je ne peux pas… mais la porte peut rester entr’ouverte.
Et Jésus nous ouvre encore une autre perspective. Il continue son histoire et il nous montre que c serviteur pardonné a vite oublié qu’il l’était… on lui devait presque rien… quelques pièces d’argent… et lui reste inflexible et dur. Il a reçu le pardon, il ne l’a pas donné, partagé autour de lui. Jésus nous montre que, fondamentalement, chacun de nous nous sommes pardonnés et c’est ce qui nous permet toujours d’avancer, d’aller plus loin. Lui, le Seigneur nous offre son pardon, en permanence. C’est toujours à nous de le recevoir. Dieu nous voit toujours dans l’avenir. Il ne nous enfermera jamais dans notre passé. L’avenir restera toujours ouvert. Alors si le pardon est trop dur, impossible, nous pouvons toujours commencer par dire : moi, pour le moment, je ne peux pas, mais toi Seigneur fais-le… et moi je vais continuer d’avancer.

Le pardon est ce qui nous fait avancer. Nous sommes aimés pour ce que nous sommes. Nous pouvons toujours le partager…

Homélie du 06 septembre 2020

L’Evangile d’aujourd’hui nous parle de la vie ensemble, de la vie commune, de la vie des premières communautés. Nous aussi, nous nous retrouvons aujourd’hui ensemble… nous formons ensemble une communauté… c’est cela l’Eglise. Avec toutes les formes… aujourd’hui on pense et on voit les enfants, les jeunes, les catéchistes, mais aussi les moins jeunes… beaucoup de groupes sont entrain de reprendre leur rythme habituel. Nous sommes aujourd’hui ici et bien au-delà des communautés, c’est cela l’Eglise.

Et cet Evangile nous montre que ce n’est pas forcément simple de vivre ensemble, pas facile de faire communauté. Jésus parle de : si ton frère a commis un péché contre toi… cela signifie bien qu’il y a des problèmes, des divisions, que l’un ou l’autre a fait du mal, que des personnes sont parfois blessées… C’était hier, mais c’est aussi pour aujourd’hui. Oui, dans nos groupes, nos communautés, parfois il y a des divisions, des oppositions, parfois certaines personnes sont blessées… bref, ce n’est pas facile de vivre ensemble.

Jésus donne alors des conseils précis. D’abord il faut parler, se parler. Puis il y a des étapes… il faut du temps et prendre des moyens différents…. Ici, il parle de d’abord se rencontrer et parler seul à seul, puis avec une ou deux personnes, puis avec toute l’assemblée. Il ne faut surtout pas cacher ou minimiser, dire simplement « c’est pas grave » ou « ça s’arrangera » n’est pas une solution. Il faut prendre des moyens et faire progressivement la vérité. C’est la responsabilité de chacun de construire progressivement la paix.

Cette règle marquée par la patience est pour chacun d’entre nous. Dans tous nos groupes, nos communautés il faut fabriquer la paix… Jésus parle des artisans de paix. La paix est un travail de précision.

Mais Jésus continue et insiste sur un point qui vient changer toutes nos relations. «  Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Il nous assure de sa présence. Il ne nous liasse pas tomber. Il est là, c’est-à-dire qu’il offre son amour, sa force, cette possibilité de vivre ensemble et de construire la paix. C’est tout un programme pour chacun d’entre nous, particulièrement en ce début d’année. Ne l’oublions jamais : le <Seigneur est présent. Il accompagne son Eglise, Il est efficacement présent dans nos groupes, nos communautés.

Homélie du 30 août 2020

Vivre et annoncer la Parole de Dieu ce n’est vraiment pas simple, pas facile. On entend souvent autour de nous qu’être chrétien aujourd’hui, dans notre monde est devenu bien difficile. Déjà le prophète Jérémie le disait. Il se plaignait qu’il ne recevait qu’injures et moqueries et qu’en plus ce qu’il avait à dire était bien difficile. Et avec Jésus cela ne s’est pas arrangé : il parle de  tout ce qu’il va connaître, la trahison, le rejet et même la mort. Il annonce qu’il faut perdre sa vie. On peut dire que Jérémie comme Jésus nous trace un programme bien difficile, en tout cas exigent.

On aimerait bien que ce soit autrement. C’est bien ce que Pierre va dire à Jésus… non pas ça pour toi… En fait de la part de Pierre et de nous-mêmes, il s’agit d’un refus de la réalité. Pierre fait même appel à Dieu lui-même. Il ne veut pas de cette situation. Nous ne voulons pas de cette réalité difficile.

Et pourtant elle est bien là dans notre vie. Dans notre vie personnelle, recevoir en vérité la Parole de Dieu, la vie du Christ est toujours dur et exigent et nous savons bien que ne nous ne sommes pas toujours à la hauteur. Les épreuves se retrouvent aussi dans nos relations, au sein même de nos familles et aussi, en de dimanche de rentrée, dans notre paroisse. Les conflits sont si souvent au rendez-vous. Et nous avons facilement des jugements : on met en avant le vieillissement, la difficulté de renouveler, amis aussi le nombre des pratiquants en baisse, la jeune génération absente sans oublier les difficultés financières… Un tableau bien pessimiste ? Peut-être, et oui surement si nous nous en arrêtons là.

Mais Jésus nous le dit avec force dans l’Evangile. C’est notre réalité. C’est ce qui fait notre vie, c’est la situation réelle et c’est là, au cœur de cette situation que la Parole de Dieu fait son chemin. C’est là que nous avons à la vivre, à l’annoncer. C’est là que nous sommes invités à donner notre vie. C’est là que la Parole fait des merveilles.

C’est la promesse et l’expérience de Jésus lui-même. C’est dans cette réalité-là que la résurrection peut apporter sa lumière. C’est l’expérience de Jésus qui vit cette relation vitale avec son Père, c’est aussi le prophète Jérémie qui dit qu’il a été séduit par Dieu et que sa Parole vient réchauffer son cœur. Il aurait bien voulu, l’oublier mais il ne peut pas : il est saisi. C’est aussi l’expérience de Saint Augustin qui se laisse prendre par la beauté qu’il  tant cherché.

Cet élan ne gomme pas l’épreuve et la difficulté mais il vient ouvrir et encourager. Notre amour du Christ devient dynamisme pour la mission. La mission à laquelle chacun participe… une mission qui est toujours à inventer ensemble. Tout un programme pour une nouvelle année.

Homélie du 16 août 2020

Hier nous avons suivi une femme sur le chemin de la foi : Marie, la première en chemin. Aujourd’hui encore, l’Evangile nous invite à suivre une autre femme. Elle n’a pas de nom. On sait simplement qu’elle vient de Canaan, elle ne fait donc pas partie du peuple d’Israël et en plus la rencontre se passe dans un territoire païen : la région de Tyr et de Sidon. Cette femme a une demande précise à faire à Jésus et elle insiste. Elle poursuit de ses cris, dit l’Evangile. Elle souhaite que Jésus vienne guérir sa fille parce qu’elle est tourmentée par un démon. Derrière cette demande se dessine une demande plus large : que ce Royaume inauguré par Jésus arrive aussi jusqu’à cette région païenne… Eux aussi ont-ils droit à ce monde nouveau ? Jésus est-il venu seulement pour les juifs ou bien pour tous, y compris pour les païens ?
La réponse de Jésus va se faire par étapes et elle est étonnante. D’abord Jésus ne répond pas, pas un mot… puis il se présente comme envoyé seulement pour les juifs, les brebis perdues d’Israël… puis à la fin, Jésus affirme : Femme, ta foi est grande, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et Jésus guérit sa fille. Ainsi nous voyons Jésus évoluer dans sa pensée, il change d’avis. Mais qu’est-ce qui lui a fait changer ainsi ? C’est une femme qui lui fait changer d’avis. C’est une femme qui fait changer Jésus, l’homme-Dieu.
Ses arguments expriment sa foi. Ils disent qu’elle reconnait en Jésus celui qui vient inaugurer ce monde nouveau. Il vient délivrer du mal, du démon et il vient libérer, il vient donner la vie, le pain de la vie. Et cela n’est pas réservé à quelques-uns mais c’est toute l’humanité qui est appelée à recevoir ce pain qui fait vivre. Le prophète Isaïe annonçait de la part de Dieu que sa maison s’appellerait : « Maison de prière pour tous les peuples. » Jésus est cette maison-là. Il est venu pour tous les peuples.
Cette femme, cette cananéenne n’a pas de nom. Chacun, chacune peut donc s’identifier à elle. Chacun, chacune peut se présenter devant le Seigneur avec son cri, sa demande, son désir. Chacun, chacune peut donc insister auprès de lui. Chacun, chacune peut donc dire foi, avec ses propres mots. Jésus est venu pour chacun, chacune. Il vient libérer. Il donne largement le pain de la vie.

Homélie du 15 août 2020

Dans le texte de l’Apocalypse que nous avons entendu, il y a beaucoup de bouleversements. Les images utilisées disent que le monde, notre monde est tout renversé. Il y a une femme qui crie au moment de l’enfantement, un grand Dragon, des étoiles du ciel précipitées sur la terre. Tout semble remis en cause, chamboulé. C’est aussi notre actualité. Tout le monde s’accorde à dire que cet été est bien particulier. Le virus continue de s’étendre et il faut inventer une nouvelle façon d’être en relation les uns avec les autres. La canicule démontre le changement climatique. Une explosion au Liban a ébranlé tout un pays. Et la liste pourrait malheureusement se prolonger. C’est notre monde et dans ce monde-là que nous nous rassemblons et que nous voulons vivre cette fête du 15 août. Nous voulons suivre et regarder Marie.
Elle aussi est bouleversée. Elle se met en route et elle se rend, avec empressement, vers la région montagneuse. Elle bouge et elle va à la rencontre, elle va visiter. Alors elle va pouvoir dire son poème, sa chanson. Elle va dire sa joie de la présence de Dieu jusqu’au plus intime. Dieu vient bouleverser. Il disperse les superbes, il renverse les puissants, il renvoie les riches les mains vides. Oui, Dieu fait des merveilles. Il ne vient pas casser le monde, il vient le transformer. Il est venu par Marie, il s’est fait l’un d’entre nous en Jésus. Avec lui un monde nouveau a commencé.
Cette fête du 15 août nous rappelle ce monde nouveau, cette promesse qui nous est donnée. L’Assomption de Marie, c’est-à-dire son élévation dans la gloire du ciel. Voici qu’au milieu des bouleversements, Dieu agit et emmène toute l’humanité jusqu’à « partager la gloire de Dieu », comme nous l’avons prié au début de cette célébration. Partager la gloire de Dieu, c’est-à-dire entrer dans la vie, l’être même de Dieu avec tout ce qui fait notre vie. Saint Paul nous le disait : Jésus le Christ est mort et ressuscité… il est le Premier-Né d’entre les morts et nous sommes appelés à le suivre. C’est ce que Marie a vécu et c’est ce à quoi nous sommes promis. Nous sommes donc à leur suite appelés à entrer dans la vie de Dieu avec tout ce qui fait notre vie, y compris notre corps. Mais il ne s’agit pas d’une promesse en l’air, une belle idée intellectuelle pour nous calmer ou nous faire rêver. Cette promesse est commencée. Elle est en route. Dans notre monde bouleversé, voici que nous pouvons avancer dans l’espérance, voici qu’un monde nouveau est possible. Alors toutes nos propres visites, à l’image de Marie, peuvent devenir des temps de joie. Oui le Seigneur fait pour nous des merveilles.

Homélie du 09 août 2020

Le Seigneur passe… Tout au long de la Parole de Dieu qui nous est donnée aujourd’hui le Seigneur ne fait que passer. L’homme essaye de le trouver, de le voir passer, de le rencontrer. Alors son imagination fait son chemin et il faut bien reconnaître que l’homme se trompe si souvent. Le Seigneur passe dans nos vies et nous nous mettons à le chercher. Mais où est-il ? Nous pensons, nous imaginons qu’il va être présent dans une manifestation extraordinaire. Il nous semble que la présence de Dieu va avec le tonnerre, les éclairs, le bouleversement de nos habitudes et de nos repères. Dieu viendrait tout faire craquer. Il n’est pas là. Alors nous cherchons, nous partons loin, bien loin… nous perdons notre chemin et nous perdons la trace de la présence de Dieu. Il n’est pas où on avait imaginé sa présence. Il est ailleurs, il est vraiment le Tout Autre. Notre recherche de Dieu suit cet itinéraire bien déroutant.
Mais pourtant Dieu passe. Dieu passe dans nos vies. Le prophète Elie va enfin le voir passer, le deviner présent au cœur d’une brise légère, plus encore le murmure d’une brise légère. Dieu est présent dans le silence. Dieu passe dans le silence.
Avec Jésus également, les disciples ne le reconnaissant pas. Ile le prennent pour un fantôme et ils ne font qu’entrer dans la peur. Même ils se mettent à crier. Ils ne voient pas et ne comprennent pas que c’est Dieu lui-même en Jésus qui passe dans leur vie. Et cette présence mystérieuse est toujours une invitation à la confiance et à la foi. Cette foi-confiance empêche de couler et permet même de marcher sur les eaux de la peur. Le vent peut alors tomber et la vie en est transformée. Voici que le Seigneur marche avec, il étend la main. Le Seigneur passe dans nos vies et il étend la main et nous saisit dans la puissance de sa présence.
Nous sommes tous embarqués dans cette aventure humaine. Nous avons au plus profond de nous- mêmes cette recherche de sens, d’une présence qui nous rend plus sûrs. Nous sommes tous ballottés par les vents et les tempêtes. Et nous cherchons, nous imaginons et nous nous trompons de chemin. Notre Dieu pourtant ne cesse de passer. Il n’est pas là où on l’attend. Il est dans le silence, le murmure. Il est dans cette main qui se tend et vient nous saisir. Le Seigneur passe. Entrons dans la foi-confiance en ce Dieu qui passe dans nos vies.

Homélie du 02 août 2020

Aujourd’hui la Parole de Dieu nous entraîne dans l’abondance. D’ailleurs le petit mot de tout, de tous revient comme un refrain insistant. Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. Il y en a pour tout le monde et bien largement… il y a aussi des restes pour tout le monde : 12 paniers comme le nombre de tribus. Lorsque Dieu agit, il ne fait pas les choses à moitié. Il est très généreux. C’était déjà la promesse que le prophète Isaïe transmettait de la part de Dieu : vous tous qui avez soif, venez… C’est toute l’humanité qui est invitée à recevoir l’abondance, la générosité débordante de Dieu. Cette abondance est une nourriture, un pain qui fait vivre. Derrière les expressions employées, nous devinons que c’est le Christ lui-même qui se donne, tout particulièrement dans l’eucharistie. Il prend les pains, il lève les yeux, il dit la bénédiction, il rompt le pain, il le donne… autant de mots pour dire le don de l’eucharistie. Le Seigneur donne et partage sa vie.

Mais Dieu ne fait rien sans la participation de l’homme. Jésus dit aux disciples : donnez-leur vous-mêmes à manger… L’homme se présente avec sa petitesse… il ne peut offrir que cinq pains et deux poissons : ce n’est vraiment pas grand-chose. Mais c’est essentiel pour la suite. C’est de cette pauvreté, dans cette pauvreté, que le Seigneur donne en abondance. L’homme est participant nécessaire, même si sa participation est marquée par la pauvreté et la fragilité.

Chacun d’entre nous est marqué par la pauvreté. Nous pouvons si facilement en dresser le portrait. Nos limites, nos moyens nous rappellent notre pauvreté. Notre Eglise aussi est pauvre et fragile. Nous ne sommes plus dans une situation de domination ou même d’une image positive et rayonnante. Nous connaissons et vivons parfois douloureusement notre pauvreté, notre fragilité.
Mais Jésus aujourd’hui nous permet de porter un autre regard sur notre situation. Non pas un regard désespéré face à une déchéance, un échec. Mais un regard qui nous donne la force d’oser présenter nos faiblesses pour que le Seigneur les transforme… cinq pains et deux poissons qui vont nourrir une grande foule. Paul aussi nous le dit dans la deuxième lecture : oui il y a des épreuves, mais rien… et le mot est fort- rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ. C’est ce que nous osons dire, ce que nous célébrons dans l’eucharistie. Le Seigneur accueille notre faiblesse, il nous donne sa vie en abondance… alors c’est toute l’humanité qui peut en recevoir les bienfaits. La messe nous renvoie toujours à l’humanité toute entière. Comme Jésus nous sommes pris de compassion et nous pouvons partager l’abondance de ce pain de vie pour le plus grand bonheur de tous.

Homélie du 26 juillet 2020

Les disciples sont quand même un peu prétentieux. Jésus leur demande s’ils ont tout compris et ils osent répondre : Oui… Non, nous n’aurons jamais fini de comprendre les paraboles. Elles sont si riches. Il y a toujours quelque chose à découvrir. Aujourd’hui elles nous parlent du Royaume des cieux. Elles nous font entrer dans la compréhension de ce que Jésus est venu inaugurer, commencer… un royaume. Mais pas n’importe lequel. Jésus a toujours été très prudent pour en parler, il ne voulait pas se faire enfermer dans telle ou telle image. Les paraboles sont alors les bienvenues. Il emploie les images du trésor caché, d’une perle de grande valeur, d’un filet jeté dans la mer. Ce royaume a donc une grande valeur qui surpasse toutes les autres. Pour ce royaume, il faut se séparer de tout le reste, il faut faire un choix. Il faut mettre en œuvre tous les moyens pour l’obtenir. Il faut avoir de l’imagination pour le conquérir. Le Royaume est une perle, un trésor. Ce Royaume inauguré par Jésus, c’est d’abord Jésus lui-même. Entrer dans la connaissance et la relation avec Jésus, c’est le choisir en priorité. C’est lui donner la première place dans notre vie. Celui qui découvre le Royaume dans les paroles de Jésus connait un tel enthousiasme qu’il va pouvoir sacrifier ses anciennes sécurités. Il va tout vendre pour choisir avec grande joie le Christ lui-même. Nous voyons cette joie en rencontrant des personnes qui se convertissent, qui découvrent la foi. Pour les autres, n’avons-nous pas à renouveler cette joie et en conséquence ces choix de vie, cette priorité pour le Christ lui-même ?

La troisième parabole vient donner une précision importante. Il y a deux temps à ne pas confondre. Il y a celui de la pêche et celui du tri du poisson. Pour la pêche, le filet est jeté largement et  il ramasse tout, il ramène toute sorte de poissons. Il y aura ensuite le tri des bons et des mauvais, mais cela ce sera pour plus tard. Celui qui jette le filet est Dieu lui-même. Il ne commence pas par faire du tri. Comme dans une autre parabole, il sème largement. Il ne regarde pas la rentabilité, il propose, il jette le filet au grand large. Le temps du tri viendra bien un jour. Nous rêvons tous d’un Royaume qui ne serait rempli que par des gens bien, triés sur le volet, qui penseraient comme nous… un Royaume de purs, où bien sûr nous serions dedans. Non, lorsque Dieu sort, lorsqu’il sème, lorsqu’il jette le filet c’est largement, sans calcul. Ce Royaume est proposé à tous, sans exception. Ce trésor est proposé à tous. La foi n’est pas réservée à quelques spécialistes, ou à quelques personnes très vertueuses. La foi est proposée à tous. L’Eglise n’est pas une secte de parfaits… Bien sûr, elle l’a parfois un peu oublié. La parabole nous remet à la bonne place…

C’est vrai qu’en regardant notre vie, ces paraboles nous permettent de voir clair, et de discerner nos oublis, nos manques, nos déformations, notre péché. C’est vrai…mais il ne faut pas oublié l’essentiel : le Royaume, la rencontre avec le Christ est un trésor, une perle d’une grande valeur et il nous est toujours proposé. Le don de Dieu est permanent.

Homélie du 18 juillet 2020 Taizé - Sainte Marie- Madeleine

Ce texte d’Evangile est si riche. Regardons les étapes qui nous sont présentées. Ces étapes rejoignent bien l’histoire de notre vie, de notre foi.
 Tout part du tombeau. Le mot est répété comme un refrain insistant. C’est le temps des ténèbres, de la nuit, des pleurs et du tombeau. Marie- Madeleine est dans le temps de la mort. Elle ne peut que se pencher vers la mort. Elle est du côté du tombeau. C’est si souvent notre expérience ou bien celle de tant et tant de personnes de par le monde qui ne peuvent que se pencher vers le tombeau, vers la mort.

Une interpellation arrive jusqu’à Marie : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Cet appel vient d’ailleurs. Elle est une invitation à prendre un peu de distance pour pouvoir exprimer ce qui est la source de ses pleurs. Elle commence de répondre, de s’exprimer. Nous savons tous l’importance de pouvoir parler, exprimer ce qui nous tient à cœur, ce qui nous empêche de vivre, ce qui nous retient au tombeau.

Alors Marie pour la première fois va se retourner. Un retournement peut intervenir et elle peut recevoir alors une autre voix, un autre appel… mais toujours avec la même question : « Femme pourquoi pelures-tu ? » mais la question va se faire plus profonde : « Qui cherches-tu ? » Il faut qu’elle aille plus en profondeur. Elle doit aller jusqu’à son désir profond, jusqu’à la source, la motivation… quelle est sa recherche, quel est son désir ? C’est Jésus lui-même qui pousse Marie à aller en profondeur. Chacun de nous peut aussi percevoir au plus intime cette question : « Qui cherches-tu ? »

Alors Jésus se fait reconnaître simplement en disant son prénom : « Marie. » et elle répondra « Rabbouni. » La relation est rétablie, différente c’est vrai, elle ne pourra pas le retenir, le garder pour elle, mais la relation plus profonde encore pourra se développer. C’est alors que Marie à nouveau se retourne ; C’est la deuxième fois… Ne cherchons pas comment c’est possible. Simplement elle en est toute retournée. C’est sa vie toute entière qui en est changée. La relation avec le Christ ressuscité vient nous retourner chacun d’entre nous. Une relation, impossible à raconter, nous est donnée et cette présence vient changer notre vie.

Alors elle va immédiatement bouger, elle va aller voir les disciples, elle va annoncer, elle va raconter. Elle devient l’apôtre des apôtres. Elle ne peut pas faire autrement : elle doit par toute sa vie dire cette expérience essentielle.

La foi au Christ Ressuscité nous pousse, nous envoie, nous relève et nous envoie en mission. Nous ne pouvons pasq la garder pour nous. Elle est pour tous.
Quel parcours… le point de départ est le tombeau et la mort, le point d’arrivée est l’annonce joyeuse… entre temps il y a une rencontre qui fait aller d’une expression d’un pourquoi d’un évènement jusqu’à une plongée en profondeur… ainsi, comme le dit la préface, la « joyeuse annonce de la vie nouvelle peut parvenir aux limites du monde… »

Homélie du 12 juillet 2020

Jésus prévient : Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » Cela suppose donc que parfois, ou plutôt bien souvent, nous avons bien des oreilles mais nous n’entendons pas. Jésus nous donne bien sa Parole mais nous ne la recevons pas, ou bien mal. Pourtant il la donne vraiment, il la sème largement sa Parole. C’est ce qu’il nous fait comprendre dans cette parabole qu’il nous donne. L’évangile précise que Jésus est sorti de la maison et immédiatement après il parle d’un semeur qui sort pour semer. C’est bien le même. C’est lui Jésus qui sème la Parole. Et ce semeur est bien particulier. Il sème très largement, on peut dire à tout vent. Il y a de la graine qui tombe au bord du chemin, d’autres dans un sol pierreux, d’autres dans les ronces et d’autres dans la bonne terre. Il ne fait donc vraiment pas attention où se pose la graine. Il ne recherche pas vraiment la rentabilité. Ce qui est important pour lui c’est de semer, largement. Derrière ce semeur se devine le visage du Christ, de Dieu lui-même. Dieu est généreux, il sème au grand vent. Il ne fait pas de calculs ni de stratégie de rendement. Sa Parole de vie est toujours et partout semée…

Encore faut-il la recevoir pour qu’elle puisse vraiment pousser et aller jusqu’à donner du fruit. Ne commençons pas par diviser, mettre des catégories… il y aurait les personnes qui sont les ronces, d’autres le bord du chemin… Non, nous sommes chacun, chacune d’entre nous les 4 terrains à la fois. Parfois, dans notre vie, dans un domaine de notre vie, la Parole est vraiment reçue et elle donne du fruit, elle change notre vie. Parfois, dans un autre domaine de notre vie, la Parole n’a pas de racines et la Parole brûle et sèche. Parfois, elle pousse vite mais elle est étouffée par les ronces…C’est toujours important de regarder sa vie et d’évaluer ces lieux, ces moments où la graine de la Parole a poussé et d’autres non. Il faut faire la vérité sur sa vie. Le temps de l’été et des vacances peut être une belle occasion. Mais ce regard ne doit pas être uniquement un jugement, un constat. Il pourrait vite devenir source de découragement. Impossible de recevoir la Parole. Il faut toujours et peut-être avant tout affirmer avec force que cette Parole est semée dans nos cœurs, sans arrêt. Le Seigneur ne désespère jamais de nous. Il donne. Les chrétiens ont beaucoup trop spontanément cette attitude négative. Il suffit de lire ensemble un évangile ou bien de préparer une préparation pénitentielle pour immédiatement affirmer : on est bien loin de tout cela, nous sommes incapables et nous devenons des enfants qui se dévalorisent et ne sont capables de dire que leur incapacité. Le chrétien devrait plutôt dire en premier et ne jamais l’oublier : je suis comblé de la Parole de Dieu, il est si patient envers moi, envers nous. Il visite notre terre et il nous abreuve, il nous comble de richesses, il sème toujours son amour et sa miséricorde. Il ne cesse de nous donner sa Parole qui fait vivre. Celui qui a des oreilles, qu’il entende !

Homélie du 5 juillet 2020

Jésus emploie l’image du joug… c’est sûr qu’elle ne nous parle plus beaucoup aujourd’hui. Il ne nous reste souvent que l’image de la contrainte « matérielle ou morale », de la charge, du poids voire de l’épreuve. Il faut peut-être rappeler que le joug (et c’est une définition officielle) c’est : « une pièce de bois qui permet d’atteler des animaux de trait, qui se place sur la tête ou le garrot de ces animaux et qui est le plus souvent double afin d’atteler ensemble une paire de bœufs pour labourer ou tirer un chariot. » Donc une pièce de bois en double pour plusieurs raisons, d’abord pour exploiter au mieux les forces en particulier en les  divisant, en les répartissant sur les deux animaux et aussi pour guider, canaliser les animaux, autrement dit pour creuser le même sillon.
Comme Jésus nous y invite, nous pouvons appliquer ces images à notre foi, à notre vie chrétienne. Jésus nous parle de son joug. Il nous invite à le prendre sur nos épaules. Ce joug ne nous est pas imposé de force. C’est librement que nous le prenons. Et il le prend donc avec nous. Il le porte avec nous. Ainsi la peine est partagée. Il peut donc dire que son joug est facile et son fardeau léger puisqu’il le porte avec nous. Jésus ne nous charge pas d’un poids impossible à porter. Il s’engage même à le porter avec nous. Et il va marcher à notre pas, il va nous guider, il va nous aider à creuser le même sillon. Il n’est pas possible de se perdre. Il accompagne, il marche avec, sa présence est permanente.
Sa présence est aussi bien particulière. Il en parle juste avant, au début de cet évangile que nous avons écouté aujourd’hui. Sa présence est relation : « Personne ne connait le Fils sinon le Père et personne ne connait le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Il y a la relation entre le Père et le Fils. Mais Jésus ne s’en arrête pas là. Heureusement, sinon, ce serait leur affaire et nous ne serions que des spectateurs, exclus. Il y a une suite : et… L’homme, grâce au Christ, peut entrer dans cette relation qui fait vivre, qui permet de vivre et de porter le poids, le fardeau de la vie. Bien, sûr, le poids du jour comme dit la Bible ne disparait pas mais il est allégé et surtout il est possible d’avancer et de creuser librement, avec le Christ, son propre sillon.

Homélie du 28 juin 2020

Les paroles de Jésus heurtent nos oreilles aujourd’hui, peut-être même nous choquent. En tout cas, il s’adresse aux disciples, à ceux qui veulent le suivre. Il s’adresse donc à nous. Et il est question de choix. Suivre le Christ c’est le choisir et le choisir par amour. Etre chrétien c’est faire des choix qui sont difficiles. Il s’agit de mettre des priorités dans nos vies et le Christ Jésus doit être le premier servi, avoir la première place. Ces choix sont toujours à refaire.

Et Jésus continue : le choisir, c’est s’engager sur le chemin de la charité. Il s’agit de donner sa vie. Et dans ce passage, Jésus insiste sur l’accueil de l’autre. La charité est ici présentée comme l’accueil ou plutôt accueillir. Il s’agit bien d’une action, de faire des choses concrètes. L’accueil de l’autre est lié à la foi, au choix du Christ. La foi et la charité, croire et accueillir vont obligatoirement ensemble. C’est pourquoi l’accueil est si important. Il touche Dieu directement. C’est une grande chose qui passe par de toutes petites choses, de tous petits gestes. Jésus emploie la belle image du verre d’eau… simple verre d’eau fraîche. Donner un simple verre d’eau fraîche est la traduction concrète de l’accueil.

Et Jésus annonce le résultat, la conséquence : c’est la récompense, la vie. Croire et accueillir produisent la vie. C’est déjà l’expérience de cette femme dans la première lecture, au temps du prophète Elisée. Elle a accueilli très concrètement par une petite chambre sur la terrasse et à la fin c’est un fils qui est promis : tu tiendras un fils dans tes bras lui promet le prophète.

Nous avons aussi cette expérience. C’est important parfois de nous arrêter et de relire, de mesurer ce que nous vivons. Nous pouvons le faire dans le domaine de la foi… choisissons à nouveau de suivre le Christ…. Dans le domaine de l’accueil, de la charité…vivons très concrètement l’accueil de l’autre. Et dans le domaine de la vie produite, de la récompense reçue…reconnaissons le don de Dieu. Ce qui n’est pas toujours facile à mesurer…Et surtout faisons le lien entre les trois. Ne les séparons pas. Ne les opposons pas. Elles forment un tout, une unité… Croire, accueillir et recevoir, les trois dimensions de la mission aujourd’hui…

Homélie du 21 juin 2020

Jésus dans cet évangile, comme tout au long de ce chapitre, donne le programme, la feuille de route pour les disciples. Et d’abord il est clair : pour ceux qui acceptent, qui choisissent de se mettre à la suite du Christ, ce ne sera pas simple, pas facile. Le parcours est difficile. Il y a des épreuves, il y a des incompréhensions, il y a des persécutions. Déjà le prophète Jérémie le disait et l’a vécu. Il a été envahi par les calomnies. Aujourd’hui encore, nous savons qui vivre sa foi n’est pas facile. Nous pouvons penser à des situations, des pays où la persécution se continue. Des chrétiens aujourd’hui vivent aussi la calomnie de par le monde. Mais c’est pour chacun d’entre nous aussi notre expérience. La foi ne va pas de soi. Il y a toujours une sorte de combat, de lutte qui va avec. Combat pas forcément avec d’autres personnes, mais combat, lutte contre le doute, les remises en cause, les épreuves. Beaucoup de personnes ont exprimé, par exemple, que la traversée de ce temps de confinement a été aussi une épreuve et une lutte pour leur foi.
Mais Jésus ne s’en arrête pas là. Heureusement, ce serait vraiment désespérant. Avec cette dimension de lutte, il y a immédiatement celle de la confiance, c’est-à-dire de l’assurance que Dieu prend soin de chacun, l’assurance que chacun a de la valeur. La foi n’est donc pas une croyance en une liste de choses à croire. La foi, dans ce sens- là n’est pas une certitude. Elle est plutôt une assurance. C’est-à-dire une confiance qui rend plus sur le chemin, qui permet d’avancer. Jésus insiste à travers des images pour affirmer avec force la grande valeur de chacun aux yeux de Dieu… nous avons bien plus qu’un moineau et chaque cheveu de notre tête est compté. Ce qui semble si petit, si vite oublié ou perdu a une grande valeur. C’est dans la foi- confiance que nous sommes appelés à entrer.
Alors dans ce combat, dans cette confiance, le disciple est invité à témoigner, à raconter, à dire en pleine lumière, à proclamer sur les toits. La mission et le témoignage vont donc obligatoirement avec cette foi. Il n’est pas possible de se taire. C’est notre vie toute entière qui est appelée à devenir une parole. Dieu lui-même s'est dévoilé à travers la personne de Jésus. Un voile est tombé, une lumière a rayonné. Le disciple à son tour participe à ce dévoilement. Sa vie toute entière va révéler, mettre au jour. Le message est le même : tout homme a de la valeur. Il est aimé de Dieu, il est un frère. Il est appelé à rayonner de lumière. Nous tous, et notre monde en a tant besoin… Le monde en train de se réveiller sera-t-il rempli de cette de cette lumière ? Chacun en est aujourd’hui chargé…
Dans le combat de la foi, la foi- confiance rayonne d’une lumière à proclamer sur les tous les toits.

Homélie du 14 juin 2020

L’eucharistie, la messe a été souvent au cœur de nos préoccupations ces derniers mois. Ne pas pouvoir nous retrouver pendant de longues semaines pour célébrer ensemble nous a tous poussés à approfondir ce qu’est l’eucharistie pour nous et peut-être à en redécouvrir toute la richesse. Cela nous a obligé également à inventer personnellement, ou en famille de nouvelles formes de prière et de célébration.
Aujourd’hui cette fête du Saint Sacrement vient raviver notre foi et notre pratique. Les paroles de Jésus dans cet Evangile donnent le ton. L’ordre des mots est important. C’est d’abord lui Jésus qui se présente comme le pain vivant. Il est descendu du ciel. Il vient de Dieu. C’est Dieu qui a l’initiative. Ce n’est pas l’homme qui a inventé la messe. C’est le Christ qui nous la donne. Et il ne nous donne pas d’abord des rites, des choses à faire mais il nous dit justement que c’est lui, par toute sa vie, qui se donne. L’eucharistie c’est d’abord le don du Christ. Avec le mot eucharistie il y a forcément et obligatoirement le mot don, donner.
Et ensuite il est précisé que l’homme peut entrer dans ce mouvement, dans ce don. Jésus donne sa vie pour l’homme, pour la vie du monde. Ce don est pour que le monde vive, soit rempli de vie et même d’une vie éternelle, une vie qui vient de Dieu. Participer à l’eucharistie c’est entrer dans cette puissance de vie qui nous vient d’en haut. Ensuite deux expressions semblent se contredire mais il est impossible de les séparer. Il y a le mot demeurer et aussi envoyer. Demeurer au sens d’habiter, de se poser, de se reposer. Et c’est une réciprocité : demeurer en moi et moi je demeure en lui dit Jésus. Cette relation, cette intimité est le signe et la conséquence de ce don de vie. Mais immédiatement le mot envoyer est donné. Jésus lui-même est envoyé du Père alors l’homme aussi devient envoyé auprès de tous les hommes. L’eucharistie est faite pour être envoyé vers les autres.
Ainsi Jésus se donne, nous pouvons recevoir le don de sa vie, nous pouvons demeurer en lui, nous reposer en lui, et nous sommes envoyés pour donner à notre tour. Nous voyons bien qu’il faut toujours garder ces différents éléments pour bien vivre de l’eucharistie. Nous sommes toujours guettés par des oublis, des déformations. Les réactions diverses et les échanges dans les dernières semaines nous ont confrontés à notre propre foi. Nous pouvons parfois oublier l’un ou l’autre élément, ou bien en exagérer l’un ou l’autre. Par exemple, oui l’eucharistie c’est recevoir le don de Dieu qui vient en nous, oui c’est goûter sa présence en nous dans ce pain consacré mais il ne faut pas oublier la charité, le don aux autres. Ou bien, oui l’ouverture aux autres, l’attention aux plus pauvres est essentielle de la foi chrétienne, mais il ne faut pas oublier la source, le Christ qui donne sa vie pour tous les hommes. Ou bien, oui la messe est bien une démarche personnelle, une relation avec le Christ mais il ne faut pas oublier l’assemblée, c’est pour le monde, la vie du monde que le Christ se donne.
   
Dans la préface que nous lirons, nous avons ces mots : « Quand tes fidèles communient à ce sacrement, tu les sanctifies pour que tous les hommes, habitant le même univers, soient éclairés par la même foi et réunis par la même charité. » Avançons ensemble pour vivre ce « si grand mystère. »