Homélie dominicale par le père René Aucourt

Homélie de l'Ascension 18 mai 2023

La fête de l’Ascension marque une étape et elle rassemble l’essentiel de notre vie de foi. C’est à la fois la fête de l’absence et de la présence. Jésus part, il disparait de nos yeux. D’une certaine façon, il s’absente. Les disciples ont eu la chance de pouvoir parler avec lui, marcher… le toucher, ils ont mangé et bu avec lui. Et voici que l’évènement de la Résurrection va bouleverser la manière d’entrer en relation avec lui. Jésus le Ressuscité va entrer même lorsque les portes sont fermées, il va se rendre présent ici ou là. Avec l’Ascension, une étape supplémentaire arrive. Il disparait de leurs yeux. Les disciples ne comprennent pas vraiment ce qui arrive… le texte précise qu’ils ont des doutes. C’est bien là que le temps de la foi commence. C’est-à-dire le temps de la confiance, bien sûr traversé quelquefois par les doutes, mais le temps de l’assurance d’une présence. C’est Jésus qui l’a dit : je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » Il est bien là, bien présent, mais autrement… nous ne pouvons pas le voir de nos yeux mais il se donne à nous, il est au plus intime de nos cœurs. C’est dans la foi que nous entrons en relation avec lui. Mais commence aussi aujourd’hui le temps où nous sommes chargés de le rendre présent. Avec l’Ascension, il y a immédiatement l’envoi en mission. Les anges disent : ne restez pas là à regarder le ciel. » Il faut sans tarder aller en mission. C’est le temps de l’Eglise. Nous utilisons souvent l’image du corps pour parler de l’Eglise… corps du Christ. C’est-à-dire le lieu de la présence du Christ dans notre monde. Nous sommes le corps du Christ, nous sommes présence du Christ. Et cette présence est pour le bonheur de chacun. C’est une Bonne Nouvelle. Comme nous l’avons prié au début de cette célébration : « Nous sommes appelés à vivre en espérance dans la gloire où il nous a précédés. » C’est dans cette espérance, forts de cette présence du Ressuscité que nous vivons notre vie… et c’est tout notre quotidien qui en est transformé. « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Homélie du 14 mai 2023

Nous continuons de lire l’évangile de saint Jean tout au long de ces dimanches après Pâques… et le texte nous semble toujours un peu difficile, il semble se répéter. J’ai me bien me le représenter comme un caillou et des ronds dans l’eau. Il y a le centre duquel tout part. L’impact central, le noyau. Il s’agit de Jésus qui dit sa relation avec Dieu qu’il appelle Père. Le point central, l’origine c’est Dieu… mais le point central, l’origine c’est une relation, c’est un amour. Il ne s’agit pas d’une idée, d’une construction intellectuelle. Il s’agit d’un e relation amoureuse.  Mais cela ne suffit pas, sinon cela ne nous intéresserait pas. Ce serait un amour quasi inutile. Voici que ce cercle, cette relation s’ouvre, comme des ronds dans l’eau. Jésus nous promet qu’il nous prend avec lui, dans son cercle d’amour. Il nous entraîne avec lui. Il nous dit : moi aussi je l’aimerai et celui qui m’aime sera aimé de mon Père. Désormais nous faisons partie du cercle, nous sommes entraînés dans cette relation d’amour. Là encore il faut élargir. Cette relation n’est pas réservée à quelques privilégiés. Elle est pour tous. C’est toute l’humanité qui est appelée à entrer dans cette relation. Alors la vie la plus concrète en est bouleversée. Se savoir aimé, attendu, c’est avoir une dignité, une reconnaissance, c’est avoir une force tout simplement pour vivre. Bien sûr nous savons bien que le cercle de vie est traversé d’épreuves. Il y a d’abord des personnes qui refusent cet amour, qui ne veulent pas entrer dans cette vie. Elles font, elles fabriquent le mal. Elles distillent la haine, le rejet. Et notre actualité et notre monde en est malheureusement rempli… Il y a aussi en nous et autour de nous les épreuves. Les épreuves trop nombreuses… Et nous pensons particulièrement aujourd’hui à l’épreuve de la maladie et de l’âge. Nous avons besoin de nous remettre dans ce grand cercle d’amour et de vie. Nous avons besoin de cette force qu’est l’Esprit de Dieu, le Défenseur qui nous est promis. Il est Celui qui fait le lien, qui transmet. C’est bien dans ce sens là que l’apôtre Jacques écrivait : chapitre 4 : « 13 L’un de vous se porte mal ? Qu’il prie. Un autre va bien ? Qu’il chante le Seigneur. 14 L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur.15 Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. » Ainsi il s’agit de se remettre dans le cercle d’amour du Père, du Fils et de l’Esprit… et cette relation vient sauver, relever, pardonner. Il s’agit ainsi de participer d’une façon nouvelle à la résurrection du Christ… il relève… de recevoir la force de vivre ce que nous avons à vivre. La relation, la puissance d’amour vient à nous d’une façon toute particulière. « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. »

Prière litanique Sacrement des malades

Viens Seigneur  visiter ceux et celles qui souffrent dans leur cœur ou dans leur corps, viens soulager leurs souffrances

Viens Seigneur délivrer de toute tentation de désespoir ceux et celles qui vivent l’épreuve

Viens Seigneur accompagner ceux et celles qui soignent les malades ou accompagnent les personnes âgées

Viens Seigneur visiter les proches des malades, qui portent bien leur nom : les aidants

Viens Seigneur donner ta force d’amour à toute l’humanité

Viens Seigneur accompagner notre communauté rassemblée aujourd’hui

Viens Seigneur visiter et fortifier ceux et celles qui vont recevoir  ce sacrement

Homélie du 07 mai 2023

Aujourd’hui l’évangile nous invite à un voyage et c’est Jésus qui nous emmène. Il nous le promet. Il va d’abord vers son Père puis il revient et il nous emmène avec lui jusque chez lui. Et là il nous promet une demeure, c’est-à-dire une place stable dans le cœur de Dieu. Et ce périple semble ne jamais s’arrêter et nous faisons partie du voyage. Mais c’est bien normal, nous avons des questions et nous aimerions tant avoir des réponses claires. Nous aimons bien et nous nous retrouvons bien dans les questions de Thomas et de Philippe. Des questions sur le comment… comment cela est possible ? et sur la façon de voir Dieu… pouvons-nous le voir pour enfin tout comprendre ?

Jésus ne répond pas. Il ne dit pas : je vais vous expliquer, voilà ce qui va se passer. Non, sa réponse porte uniquement sur sa personne. Il dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » Il dit : ‘Qui me voit, voit le Père. » Ainsi Jésus répond par sa personne, sa présence. Il n’entre pas dans des explications compliquées. Il dit : moi je suis… ce qui signifie qu’il dit qu’il est Dieu. Il est à la fois le chemin, la vérité et la vie. Les trois, ensemble, comme un trépied qui permet de bien tenir debout. Il est le chemin, il est celui qui marche avec nous sur un chemin, qui nous rejoint, qui prend soin et qui nous emmène vers la vie. Il est solide, il nous donne des repères, il est le rocher sur lequel on peut s’appuyer, il est la vérité et il ne conduit pas n’importe où … mais c’est vers la vie et la vie en plénitude… Il faut bien tenir les trois expressions ensemble pour entrer dans ce mystère, cette profondeur de Dieu. Alors nous pouvons voir le visage de Dieu. Jésus nous l’a montré. En le regardant, en le contemplant nous pouvons le découvrir. Il se donne à nous et il nous fait entrer dans une relation. Nous ne sommes pas dans une définition philosophique de Dieu nous sommes dans une relation. Par Jésus, le Père se révèle et nous entrons dans sa vie. Nous revenons ainsi au voyage proposé par Jésus. Et cela est bien pour aujourd’hui. Ainsi nous ne sommes pas seuls, mais nous restons en union avec toute l’humanité… tous les hommes sont appelés à cette relation, à cette vie… alors nous travaillons sur le chemin de nos vies avec la force de la vérité pour que tout homme soit associé à la puissance de vie, de cet amour qui ne cesse de rayonner et de se diffuser. Laissons-le s’infuser en nous.

Homélie du 30 avril 2023

Jésus continue de se présenter à nous et nous l’accueillons aujourd’hui. C’est pour nous aujourd’hui qu’il se présente comme le Pasteur, le Berger et aussi comme la porte pour les brebis. L’image est à recevoir et à développer. Un berger, comme le rappelle le Pape François, est celui qui parfois passe devant le troupeau. Il le guide, il le mène, il l’emmène. Parfois il est au milieu du troupeau : il marche avec, il partage la vie des brebis, il est tout proche, il marche à leur rythme. Et parfois il est à l’arrière. Il guide, il pousse, il rattrape ceux qui s’égarent, il veille. Ainsi le berger est celui qui est proche de ses brebis… qu’il soit devant, au milieu ou à l’arrière, il est celui qui va au rythme du troupeau et qui a un projet pour lui. Jésus est ce vrai berger. Il précise même que c’est pour cela qu’il est venu. Il est venu prendre soin et conduire son troupeau. Il est venu pour prendre soin de chacun. C’est frappant de voir que l’image du troupeau se décline également avec la place de chacun… il ne s’agit pas d’un groupe informe, d’un grand tout ni d’un troupeau bêlant… ce pasteur appelle chaque brebis par son nom… chacune est unique. Il y a une relation personnelle. Chacun a une place, sa place. Alors la brebis peut entrer et sortir, dit la parabole. Entre et sortir, c’est-à-dire entrer dans la liberté… pas seulement liberté de mouvement, mais la grande liberté qui fait que chacun puisse vivre pleinement sa vocation humaine. Et cette liberté conduit vers la vie et Jésus continue et précise : la vie en abondance. Jésus ne nous conduit pas, ne nous accompagne pas pour que nous disparaissions dans un grand troupeau, mais pour que chacun, chacune puisse vivre pleinement sa vocation.

Avec ce dimanche du Bon Pasteur, nous sommes invités à prier, à méditer sur notre propre vocation. Chacun est appelé, c’est-à-dire nommé, reconnu et c’est le Christ Pasteur qui nous accompagne et nous donne la vraie liberté. Bien sûr les formes de vocations sont différentes et il faut prier que dans notre Eglise aujourd’hui ces différentes formes puissent continuer de se développer, pour que des jeunes et des moins jeunes répondent à l’appel pour vivre le service. Aujourd’hui le mot « vocation » n'est pas toujours compris. L’Evangile du Bon Pasteur nous permet de nous replonger dans ce que le Christ propose pour bien vivre notre appel au bonheur et à la vie en plénitude. L’appel n’est pas fait pour nous embêter, il est fait pour que nous puissions entrer et sortir, construire notre vie et marcher à la suite du Christ vers la vie en plénitude.

Homélie du 16 avril 2023

Nous lisons aujourd’hui un évangile qui s’est passé il y a bien longtemps, après la mort de Jésus. L’évangéliste Jean nous donne des précisions utiles : d’abord, c’est le soir venu, le premier jour de la semaine et un peu plus loin ; c’est huit jours plus tard et enfin il précise qu’il y a beaucoup signes qu’il aurait pu raconter. Ces signes nous sont donnés parmi beaucoup d’autres. Et si nous les lisons aujourd’hui c’est que ces signes continuent de nous être donnés, y compris dans ce qui fait notre vie… que ce soit le premier jour de la semaine, le soir venu ou huit jours plus tard. Dans notre temps, Jésus vient se montrer à nous aussi.

Et les descriptions sont les mêmes. Les portes sont verrouillées et Jésus vient : il est là au milieu d’eux. Il survient, il arrive par surprise… il n’était pas prévu. Et il dit toujours la même chose : « la paix soit avec vous » Il dit bonjour, il salue mais plus encore il vient apporter la paix… pas la tranquillité mais la présence active de Dieu. Cette paix est promise depuis toujours, elle est attendue et voici qu’elle est enfin donnée. Elle vient de Dieu, elle est la vie, la miséricorde de Dieu à l’œuvre, donnée comme un cadeau. Et ce Jésus ressuscité se présente avec ses blessures ou plutôt avec ses cicatrices. Il a la marque des clous dans ses mains, dans son côté. C’est bien le même. C’est bien celui qui est passé par la souffrance et la mort, c’est bien lui qui a donné sa vie jusqu’à mourir sur la croix. C’est le Christ jésus mort et ressuscité qui se montre, qui se donne et qui apporte sa présence et sa force. Il est plus grand que la mort, il est la vie.

Bien sûr, aujourd’hui nous ne le voyons pas, mais comme le dit Pierre dans la première lecture : nous l’aimons sans l’avoir vu. Aujourd’hui Jésus le Vivant continue de se révéler, de se donner. Bien sûr, cela n’est pas raconté dans ce livre, mais tout est bien présent dans nos cœurs, dans le livre de notre cœur, au plus intime de notre vie. Impossible de le raconter mais notre cœur n’est-il pas tout brûlant de sa présence ? Il nous parle aujourd’hui dans la Parole donnée, il nous parle dans cette eucharistie célébrée ; il nous parle dans nos rencontres ; il nous parle dans les événements de nos vies. Il nous parle, il se rend présent même si nous nous enfermons, même si la peur se fait parfois plus forte, même si nous avons tout verrouillé, même si, comme Thomas, nous mettons des conditions et nous doutons. Il parle et il est présent. Sa présence est plus forte, elle est miséricorde. Il nous redit : « La paix soit avec vous. »

Homélie de Pâques 2023- 08 et 09 avril

Cette année, nous suivons deux femmes, Marie Madeleine et l’autre Marie. Elles vont au tombeau de bon matin, au moment même où la lumière d’un jour nouveau commence à poindre. Elles sont évidemment dans la peine. Mais tout va être bouleversé. Les images se multiplient. Il y a un tremblement de terre, des éclairs, une pierre qui est roulée. Et voici qu’une nouvelle inouïe leur est donnée. Jésus le Crucifié n’est plus là, il est ressuscité. Tout est vraiment bouleversée et on comprend bien pourquoi elles sont à la fois dans la crainte et la joie. Elles se mettent en route et voici que Jésus lui-même vient à leur rencontre. Il suffit qu’elles se mettent en route pour que Jésus viennent et les rencontrent.

Si nous nous sommes réunis aujourd’hui c’est que nous continuons de vivre cet évènement, cette expérience. La Résurrection, nous avons bien du mal à en parler et nous avons évidemment beaucoup de questions et pourtant elle est au centre de notre foi. Ce ne sont pas vraiment les signes concrets qui vont nous aider à croire. Essentiellement, c’est l’absence : il n’est plus ici ;  la pierre est roulée… c’est le vide. Mais c’est une expérience, très intime, presque secrète : voici que nous nous mettons en route et le Ressuscité vient à notre rencontre. L’expérience d’une rencontre, d’une présence, d’une personne qui marche avec nous ; qui simplement est là. Nous aussi, nous sommes si souvent pris dans les liens de la mort ; marqués, saisis par la tristesse ou la peur. Et voici qu’une présence d’amour vient nous apporter un peu de réconfort, un peu de vie, un peu de lumière. Jésus, le Ressuscité est au cœur de notre vie. Il est aussi au cœur de notre monde. Notre monde est marqué par la haine, les conflits, les peurs ; le manque de respect de la personne… et voici que certains agissent, des gestes simples disent l’espérance, la dignité de l’homme, se battent pour la paix… Le Ressuscité est à l’œuvre dans notre monde.

Alors, aujourd’hui chacun reçoit ce même message : « soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. » Il faut aller annoncer. Une telle nouvelle, une telle présence ne peut pas se garder cachée. Elle doit rayonner, être largement diffusée. Allez dire et témoignez : la vie est plus forte que toute mort. Le Ressuscité est présent.

Homélie du 26 mars 2023, 5ème dimanche de carême

Lazare est pris dans la mort. Et il reçoit une parole de la part de son ami Jésus : Lazare, viens dehors, sors dehors. Cette parole d’abord est très personnelle. Elle n’est pas générale, comme si elle allait se perdre dans le vide ou le général. Non, elle est personnalisée. Elle s’adresse à Lazare et pas un autre. Elle rejoint une personne précise qui vit une situation de mort. Lazare est pris dans les filets de la mort, il est entièrement pris dans les bandelettes. Il ne peut donc plus bouger, il ne peut plus se mettre debout. Il est pris, lié, enfermé. Il n’a plus de visage non plus, voici qu’un suaire le cache. Il n’a plus visage d’homme.  Et pourtant Jésus lui donne une parole impossible. Sors dehors, viens. Impossible. Il ne peut évidemment pas bouger, pas mettre un pied devant l’autre. Il est pris, lié, enfermé. Mais c’est cette parole qui va le faire se lever et s’avancer.

Cette parole est aussi pour chacun d’entre nous, aujourd’hui. Aujourd’hui, chacun peut recevoir ces mots de la part de celui qui est lui-même passé par la mort. Nous sommes si souvent pris dans les liens de la mort. Impossible pour nous d’avancer, de nous lever. Impossible de sortir de l’ombre du tombeau, de la porte fermée devant laquelle nous nous trouvons. La peine est parfois trop forte, la solitude, la souffrance, la peur sont autant de signes de cette mort qui nous lie et nous enferme, qui cache notre visage. Aujourd’hui, Jésus nous appelle par notre nom et nous dit : sors dehors, ne reste pas enfermé, pris dans les liens de la mort. Avance. Une voix vient de l’extérieur et nous invite à sortir de la mort. Nous participons ainsi à la puissance de la résurrection du Christ.

Ensuite, Jésus dit : déliez-le et laissez-le aller. Lui Jésus donne la force de sa résurrection et il invite à participer à cette libération. Il demande que les bandelettes et le suaire soient enlevés. Il faut que d’autres aussi s’y mettent. D’autres aident et participent au projet de remise en vie, à la libération. Les proches sont invités à être actifs, eux aussi. Pour nous aussi, nous pouvons bénéficier de l’aide des autres qui nous libèrent, et nous pouvons à notre tour libérer, défaire les liens qui empêchent la relation… nous pouvons être actifs pour l’autre, les autres, ceux qui sont pris dans la mort puissant aller, marcher, avancer dans la liberté.

Dans notre marche vers Pâques, contemplons le Christ venu par sa mort et sa résurrection nous libérer de la mort. Recevons sa parole et son invitation… Sors dehors et déliez-le et laissez-le aller.

Homélie du 12 mars 2023, 3ème dimanche de carême

Dans le magnifique dialogue entre Jésus et la Samaritaine, c’est Jésus qui prononce la première phrase et il dit : « donne-moi à boire » C’est lui Jésus qui le premier demande, il dit sa soif, son attente. Dieu lui-même attend beaucoup de nous. C’est Dieu qui est en attente, c’est lui qui a besoin de nous. La perspective habituelle est renversée. Il n’y a pas d’un côté nous, pauvres créatures incapables et d’un autre, Dieu qui fait tout. Non. Nous sommes dans un échange, un dialogue avec Dieu lui-même. Plus loin, Jésus va donner l’eau vive, il va combler cette femme qui cherche, qui elle aussi a soif, attend beaucoup. Et c’est dans ce dialogue, cet échange qu’elle va découvrir progressivement qui est celui qui lui demande à boire. C’est frappant de voir l’évolution des expressions utilisées tout au long du texte… Jésus est d’abord appelé Jésus, puis plus grand que notre père Jacob, puis un prophète, puis le Messie et enfin le Sauveur du monde. Toute une évolution, une progression. Ce Jésus, cet homme est le Sauveur du monde. Et c’est dans le dialogue et l’échange que se révèle ainsi ce visage de celui qui vient donner l’eau vive, qui vient combler le cœur de l’homme.

Nous sommes au milieu de notre temps de Carême… une belle occasion pour faire le point… où en sommes-nous de notre foi, de notre dialogue avec le Christ, celui qui vient nous sauver ? Et en conséquence où en sommes-nous de notre regard vrai sur notre vie. La femme dit : il m’a dit tout ce que j’avais fait… La lumière de la vérité est venue en elle… Accueillons-nous cette lumière… non pas pour nous accuser et nous culpabiliser mais pour nous faire avancer dans la lumière de la vérité. Alors, comme la Samaritaine, nous pouvons aller à la rencontre des autres pour en témoigner… nous pouvons devenir à notre tour des témoins, des acteurs de la mission…

Oui aujourd’hui Jésus vient à notre rencontre… il nous demande « donne-moi à boire », il nous donne de cette eau vive, il nous fait avancer sur le chemin de la foi et de la vérité et il nous envoie pour être témoin. Oui, aujourd’hui Jésus le Christ vient s’asseoir sur la margelle de notre puits.

Homélie du 05 mars 2023, 2ème dimanche de carême

Dans les textes d’aujourd’hui, il est question de marche, de chemin. Il y a Abraham qui est invité à se mettre en route par Dieu lui-même. Il ne sait pas où il va mais il se met en route, il prend son bâton… Il y a aussi Jésus qui emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean et ils vont gravir une haute montagne. Ils vont eux aussi prendre leur bâton de pèlerin. Mais ils vont aussi redescendre de cette montagne pour retrouver leur vie quotidienne. Jésus lui aussi va suivre son chemin. Il va passer par la souffrance, la mort et aller jusqu’à la résurrection. Et nous aussi nous avons pris le chemin du Carême qui va nous emmener à la suite de Jésus jusqu’à la fête de Pâques.

Et voici qu’aujourd’hui sur notre chemin, nous avons un temps fort, un moment très particulier, une lumière, une révélation. Voici que Jésus révèle son vrai visage. Il s’inscrit dans toute une histoire. Il se présente avec Moïse et Élie, c’est à dire avec toute l’histoire de ce peuple, de cette Alliance entre Dieu et son peuple. Il est montré comme le Fils bien aimé du Père. Lui Jésus est donc bien le Fils de l’homme, le Fils de Dieu. Il est celui qui vient révéler le vrai visage de Dieu. Il vient rejoindre les apôtres, il vient nous rejoindre. Il vient éclairer notre chemin. Et devant cette lumière, devant le visage de Dieu lui-même, voici que les apôtres sont radicalement renversés ; ils se retrouvent le visage contre terre et ils sont saisis d’une grande crainte. Mais voici que Jésus vient, les touche et les invite à se relever. Ils ne restent pas par terre, ils peuvent même aller jusqu’au face à face, ils peuvent lever leurs yeux vers ce Jésus Fils de Dieu, ils peuvent le contempler.

Nous aussi, voici que Jésus lui-même vient nous rejoindre et il vient nous montrer son visage. Nous pouvons sûrement nous souvenir de tel ou tel moment qui nous a marqués, comme une lumière dans notre vie. Un mot, un geste, un visage, un paysage peut-être resteront toujours gravés en nous. Cela n’a pas duré et nous avons tant de mal à en parler… n’empêche que cette expérience nous a marqués et nous ne pouvons pas l’oublier. Notre chemin de foi a sûrement été marqué par ces instants. Comme si Jésus, lumière ineffable, venait nous goûter un peu de sa vie. Sur notre chemin, il vient aussi nous toucher, nous relever et il nous permet d’aller plus loin. Parce qu’il y a une suite… les apôtres vont continuer leur chemin, en redescendant de la montagne… il vont retrouver leur quotidien. Nous aussi continuons notre chemin… Jésus marche avec nous, il nous emmène avec lui, comme le dit l’Évangile. Il marche devant. C’est ce que nous vivons dans cette célébration...

Homélie du 26 février 2023, 1er dimanche de carême

Au désert, Jésus est approché par le Tentateur. Il faut toujours préciser que la tentation ce n’est pas le péché, mais c’est ce qui traverse l’homme et qui invite l’homme à agir dans un sens ou un autre, à exercer sa liberté… et souvent il peut  céder à la tentation, il peut entrer dans le péché. Jésus a été traversé par les tentations. En Saint Matthieu, il y a trois formes de tentations. La première est au ras du sol, il s’agit des pierres du désert. La deuxième est au-dessus du Temple et la troisième est sur une très haute montagne… de plus en plus haut. Le Tentateur est présent, il se déploie du plus bas au plus haut.

D’abord, il y a une situation précise, une réalité : Jésus a faim et il y a des pierres. Et voici que le Tentateur lui propose de passer au-delà de cette réalité, de transformer les pierres en pains. C’est la Tentation de ne pas respecter le réel, la réalité, la situation concrète et d’imaginer trouver une solution magique. Jésus dit non : il accepte de vivre la réalité humaine qui est la sienne et c’est là qu’il vit et reçoit la Parole qui fait vivre vraiment. Nous vivons si souvent cette tentation : ce serait bien si… c’était autrement, si j’étais ailleurs… et il est si tentant de trouver des solutions, ou plutôt des illusions, qui viendrait tout changer. Notre vie nous est donné, notre réalité humaine est bien là et c’est là que nous pouvons recevoir et vivre de la Parole de Dieu qui faut vivre.

La deuxième tentation c’est au sommet du Temple donc du côté de la religion, du côté de Dieu. Le Tentateur présente à Jésus une fausse image de Dieu : se jeter en bas uniquement pour faire un spectacle, pour démontrer une certaine puissance de Dieu. Et Jésus dit non. Il n’est pas ce Dieu de la force et de l’esbroufe. Il est le Dieu de la puissance de l’amour. Nous avons toujours en nous cette tentation d’utiliser la foi, la religion pour la transformer en puissance, en force…

La troisième tentation c’est au sommet d’une très haute montagne. Et là il s’agit du pouvoir, le pouvoir politique, la main mise sur les royaumes du monde et leur gloire. Et là encore Jésus dit non. Il ne veut pas de ce pouvoir-là. Son pouvoir est celui de l’amour. Il va être au service et il va donner sa vie par amour, jusque sur la croix. Son pouvoir c’est celui de la croix… Et nous aussi nous sommes toujours traversés par cette tentation. Nous avons tous à vivre une forme de pouvoir… mais comment le vivons-nous ? comme un service…

Ces trois tentations nous permettent de découvrir le visage de Jésus… lui qui a vécu complètement, parfaitement sa condition humaine, lui qui a révélé le visage de Dieu d’amour, lui qui a donné sa vie pour toute l’humanité. Et Jésus est le vainqueur du mal. Alors il peut nous aider sur notre chemin de vie. Les tentations nous traversent… mais Jésus le Christ nous entraine avec lui.

Homélie du Mercredi des Cendres 22 février 2023

Nous commençons donc ensemble le temps du Carême… un temps qui nous est donné pour nous préparer à une grande fête qui est celle de Pâques. Ce n’est pas un temps triste mais plutôt un temps sérieux ; où chacun est invité à approfondir, à aller plus loin, à donner du sens, à ouvrir notre cœur. Et Jésus dans l’évangile aujourd’hui nous donne des orientations ou plutôt des attitudes de fond. Il nous renvoie à ce qui fait notre vie… nos relations, relation avec les autres, relation avec nous-mêmes, avec notre corps, relation avec Dieu lui-même. Il nous invite à la fois à l’intériorité et à l’ouverture, mais pas n’importe comment. Il nous dit d’abord qu’il ne faut pas entrer dans cette attitude si facilement ancrée en nous qui est celle de se faire bien voir, voire même de se faire remarquer…non, dit Jésus, cela ne sert à rien parce qu’en fait la récompense est donnée par nous-mêmes. C’est en fait un repli sur nous-mêmes, sur notre bien-être, notre belle image. Il nous invite au contraire à nous ouvrir toujours… nous ouvrir aux autres, nous ouvrir à lui le Seigneur, nous ouvrir à nous-mêmes parce que si souvent nous nous cachons, nous ne savons pas vraiment qui nous sommes. Et il va plus loin encore en nous invitant à entrer dans une relation discrète, intime qui est celle de l’accueil du Seigneur lui-même. Ton Père voit dans le secret… non pas il te surveille pour te punir, non. Dieu sait voir, il pose sur nous son regard, il nous offre son amour, sa miséricorde. Il est présent au plus secret, au plus intime de nous-mêmes. Ainsi nous pouvons accueillir en vérité Celui a donné sa vie pour nous, Celui qui est mort et ressuscité et qui ne cesse d’être présent, au plus secret. Alors tout ce qui fait notre vie en est transformé, illuminé.

Recevoir le signe des Cendres c’est marquer notre désir profond d’avancer sur ce chemin de confiance. Les Cendres, sont à la fois le signe de quelque chose que l’on a brûlé, détruit, mais les Cendres peuvent être aussi fertiles, on peut faire pousser sur les cendres d’un volcan… et on peut aussi nettoyer, purifier, voire blanchir… ce signe de mort peut être aussi un signe de vie, de résurrection.

Avec ces Cendres, entrons sur le chemin du Carême… ne cherchons pas un chemin pour se montrer ou être bien vu, mais entrons dans la profondeur, le sens et suivons le Christ qui a donné sa vie… nous entrerons alors dans l’intimité, la relation avec le Père. Alors toute notre vie, nos relations, avec nous-mêmes, avec les autres, avec Dieu en seront transformées.

Homélie du 12 février 2023

Jésus continue de nous donner son enseignement… après avoir entendu les Béatitudes, cette affirmation que nous sommes lumière et sel, voici qu’il continue en nous donnant des exemples concrets de la vie que nous sommes appelés à mettre en œuvre. Il prend toujours le même plan : vous avez appris… et bien moi, je vous dis. Il s’appuie donc sur la loi que l’on peut dire ancienne. Il ne la supprime pas, il ne dit pas qu’elle ne vaut plus rien, il ne la rejette pas mais il invite à entrer dans une autre logique. La loi ancienne reposait sur les fameux 10 commandements ou plutôt les 10 paroles. Dieu a donné 10 paroles et la loi a sa source dans ce don de Dieu. Jésus va aller plus loin. Il va lui aussi donner sa parole mais elle va beaucoup plus en profondeur, en essentiel. Son commandement, ses paroles sont au nombre de deux mais les deux ne font qu’une seule parole : aimer Dieu et aimer son prochain. C’est le commandement, la loi de l’amour. Désormais il n’y a en a pas d’autre.  Alors il n’y a plus de limite. Qui peut dire : oui j’ai vraiment aimé jusqu’au bout, parfaitement… Jésus le Christ seul peut oser l’affirmer. Lui seul a donné toute sa vie par amour, a vécu parfaitement, complètement cet amour. Alors ne nous étonnons pas si ce que demande Jésus nous parait impossible : moi je vous dis : tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement ; ou bien moi je vous dis : tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur ; ou bien moi je vous dis de ne pas jurer du tout… La loi nouvelle apportée par le Christ Jésus est celle de l’amour, sans limite. Elle est donc à vivre, à construire, à inventer, à mettre en œuvre, chacun et ensemble.

Aujourd’hui nous sommes invités à nous ouvrir à une réalité humaine essentielle qu’est celle de la santé. Au cœur du monde de la santé, la loi nouvelle est à vivre… et personne n’en est exclu, que nous soyons du côté des malades, des soignants, des visiteurs. Chacun est invité à voir l’autre comme une personne unique, aimée de Dieu. La dignité de l’homme est toujours une urgence. Notre regard doit en être imprégné et il n’y a aucune limite. Nous avons tous des exemples, des expériences où cette loi nouvelle est vécue. Par exemple, un visiteur à domicile ou en hôpital qui simplement prend le temps d’écouter, ou bien un soignant qui respecte et prend soin avec douceur, ou bien une personne âgée qui demande de prier pour sa voisine qui l’a empêché de dormir mais qui sûrement elle, doit beaucoup souffrir…

Aujourd’hui, dans le monde de la santé, ou ailleurs, à chacun d’entre nous, le Seigneur répète : Moi, je vous dis… je vous dis, je vous invite à vivre la loi nouvelle, celle de l’amour.

Homélie du 05 février 2023

On connait bien ces affirmations de Jésus : vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde… et nous nous sommes habitués aux formules. Elles sont devenues très souvent des lignes morales que l’on pourrait traduire par : débrouillez-vous, faites des efforts pour être sel ou lumière. Jésus ne dit pas cela d’abord. Il dit : vous êtes, c’est donc au présent, on peut dire : c’est vrai, c’est fait, c’est une réalité d’aujourd’hui. La phrase nous touche donc au plus intime, au plus personnel. Lumière et sel font partie de notre être profond. Et Jésus dit : vous êtes. Il s’agit donc à la fois d’une dimension personnelle et aussi communautaire… Tu es et nous sommes ensemble. Donc, de façon toute personnelle et aussi ensemble, en communauté, nous sommes au plus profond de nous-mêmes sel et lumière. C’est une assurance, c’est notre dignité. Nous sommes sel c’est-à-dire que nous sommes dans l’essentiel : le sel est essentiel à la vie, il donne du goût, il conserve les aliments et même il est le signe de relations, voire même d’alliance, de rencontre. Nous sommes lumière, c’est-à-dire que nous éclairons, nous réchauffons, nous donnons signe, nous donnons à voir, nous guidons. Mais ce que nous sommes ne vient pas de nous. Ce n’est pas le résultat de nos efforts, de nos capacités. C’est le don, le cadeau de Dieu. C’est lui le Christ qui est la vraie lumière et qui la sèmes en nous. Dieu est la lumière de Jérusalem, la ville sur la montagne. Et Dieu est la lumière du chandelier à 7 branches, dans le Temple. Dieu est la lumière et nous recevons et participons à ce rayonnement de lumière. Dieu agit en nous et par nous.

Alors, alors seulement après cette reconnaissance, nous pouvons vivre de ce sel et de cette lumière. Nous pouvons en rayonner, nous pouvons donner goût à la vie. Nous pouvons partager et rayonner de cette lumière qui a été semée en nous. Nous et les autres aussi sont chargés de cette même mission. Nous pouvons alors nous arrêter un peu, prendre un peu de distance et nommer ceux et celles qui ont été ou qui sont pour nous lumière et sel. Et, aussi quand sommes-nous nous-mêmes sel et lumière pour les autres. Alors nous pourrons remonter à l’auteur, au Seigneur lui-même et nous pourrons lui rendre gloire en voyant toutes ces bonnes choses, ces bonnes œuvres comme Jésus lui-même nous y invite. Il ne faut pas s’arrêter en chemin, et nous considérer comme la source… mais il ne faut pas non plus passer par-dessus nos personnes. C’est bien par nous, à travers nous, nos paroles, nos actes que nous diffusons le sel et la lumière. Mais c’est le Seigneur lui-même qui en est la source.

Notre monde, nos proches ont tant besoin de lumière et de sel… Vous êtes, nous sommes sel et lumière pour le monde, pour notre terre.

Homélie du 15 janvier 2023

Nous sommes toujours en train de chercher à connaître et à comprendre qui est Jésus. Qui est-il celui-là ? Qui est ce Jésus et en conséquence pourquoi croire en lui pourquoi se réunir et écouter sa Parole, pourquoi le prier ? Ces questions sont les nôtres et elles sont bon signes. Elles montrent que croire c’est toujours une recherche, une avancée, un chemin de foi. Aujourd’hui encore, nous sommes invités à aller un peu plus loin, à recueillir des signes, des lumières. C’est  le prophète Isaïe d’abord qui nous a parlé de quelqu’un qui a de la valeur aux yeux de Dieu, et qui est comme une lumière pour toutes les nations. Et voici Jean le Baptiste qui parle de lui comme quelqu’un de bien plus grand que lui, et qui va recevoir la force de l’Esprit Saint, la force de Dieu. Jean le Baptiste l’appelle l’Agneau de Dieu et aussi le Fils de Dieu. C’est lui le Fils de Dieu. Autant de petites touches, d’expressions qui nous aident aujourd’hui. Jésus est le Fils bien aimé de Dieu, le Père. Il est tout rempli de Dieu, de sa force ; il est envoyé du Père. Il vient faire sa volonté, il vient réaliser son projet. Il vient pour chacun d'entre nous. Et ainsi il vient nous faire participer à sa vie. Nous pouvons nous aussi marcher à sa suite, et nous pouvons entendre grâce à lui ces mêmes paroles. Nous sommes chacun, à la suite de Jésus les enfants bien-aimés de Dieu, nous sommes des lumières les uns pour les autres, nous sommes tout remplis de la force de Dieu, de l’Esprit Saint. Nous sommes les fils et filles de Dieu. Voici ce à quoi nous entraîne ce Jésus que nous cherchons. Le baptême que nous avons reçu en est le signe.

Ô Père, je suis ton enfant
J'ai mille preuves que tu m'aimes
Je veux te louer par mon chant
Le chant de joie de mon baptême..

Ô Père, voici tes enfants
Formant une seule famille
Un même esprit les animant
La même foi, la même vie.

Homélie du Dimanche 08 janvier 2023

Nous aimons beaucoup ces mages ; ils sont très populaires… tellement qu’ils ont pris plein d’attributs au long des siècles… ils sont devenus des rois, ils sont trois ; ils ont pris des couleurs ; ils ont pris les trois âges de la vie etc… L’Evangile nous invite à revenir à l’essentiel. Voici donc des mages, donc des personnes qui sont en recherche, des scientifiques qui ont soif de connaître et de comprendre. Ce sont des chercheurs qui se mettent en route. Nous connaissons tous des personnes qui, comme eux, sont en recherche. Ils ou elles veulent connaître, comprendre, avoir des réponses. Il y a au fond d’eux, au fond de chacun cette soif, cette attente… on peut dire cette recherche spirituelle. Elle est aussi semée en chacun de nous, comme une petite graine que nous sommes chacun invités à faire pousser.
        Les mages s’en vont mais pas n’importe où, ni n’importe comment. Il y a une étoile qui les guide, qui leur montre le chemin. Voici qu’une aide extérieure, précieuse, leur est donnée. Pour chacun d’entre nous, nous croyons que le Seigneur nous donne une ou des étoiles sur notre chemin. Ce sont des personnes, des paroles, des gestes, des témoignages… et nous-mêmes nous pouvons être des étoiles pour les autres. Nous sommes des lumières pour nos frères, comme nous l’entendrons dans la bénédiction finale.

Mais leur chemin est détourné… voici qu’un roi vient s’interposer. Sous des aspects très polis et bienveillants, Hérode se renseigne et prépare une action pour qu’il garde bien son pouvoir. Il est jaloux et il ne veut pas accueillir cet enfant attendu. Sur nos routes aussi, il y a si souvent des obstacles. Nous avons toujours besoin de discerner, de voir clair pour ne pas être détourné de notre recherche. Nous avons besoin de vivre la prudence. La recherche de la lumière va toujours avec la prudence.

Et puis enfin l’étoile s’arrête. Les mages peuvent entrer dans la maison, ils voient Celui qu’ils cherchaient et ils entrent, nous dit l’Evangile, dans une très grande joie. Trouver la lumière, le sens de notre vie apporte tellement de joie. Les mages entrent dans la reconnaissance. Le mot reconnaissance est si fort. Il s’agit de reconnaître en cet enfant le Fils de Dieu, Dieu lui-même qui est venu parmi nous et qui s’est fait l’un d’entre nous. Et il s’agit d’en être reconnaissant, d’entrer dans un immense merci, une action de grâce. Ils offrent ces signes, ces symboles qui disent que cet enfant est Roi, est Sauveur et qu’il va donner sa vie. C’est ainsi toute notre vie qui peut devenir reconnaissance. Le Christ Sauveur est présent, notre vie est une vie dans la lumière et la joie. La dernière petite phrase est tout un programme : ils rentrent chez eux par un autre chemin… Les mages vont bien revenir dans leur quotidien mais le chemin est radicalement changé, modifié. La vie n’est plus la même… le chemin se continue, autrement.

Suivons les mages : puissions-nous rejoindre Celui que les mages, conduits par l’étoile, ont cherché et trouvé avec grande joie.

Homélie de Noël 2022

Avec Noël, c’est toujours frappant de voir l’accumulation des messages de paix, de joie, de bonheur… de lumière dans la nuit…on met en avant les attitudes d’ouverture aux autres, de la place des plus pauvres, on est touché par les situations de solitude ou d’abandon. Les fêtes de fin d’année sont de plus en plus marquées par ces valeurs. On ne peut que s’en réjouir, on ne peut que se mettre en harmonie avec tous ces souhaits et ces actes. Mais ici, dans cette célébration, il nous faut aussi aller à la source. Pourquoi être bon, ouvert, attentif aux plus pauvres ? Simplement parce que le ciel est tombé sur la terre et ça change tout. Avec la venue de Dieu au milieu de nous, c’est un monde nouveau qui est commencé. Il n’y a plus d’un côté un Dieu dans son ciel en train de s’ennuyer, bien loin de toutes les préoccupations des hommes et d’un autre côté justement une humanité en prise avec tant de difficultés et d’épreuves. Non, désormais tout est changé. Saint Augustin a cette très belle phrase : « Dieu, son Fils unique, il en a fait un fils d’homme, et en retour, il transforme des fils d’homme en fils de Dieu. » Désormais il n’y a plus de mur infranchissable. Il y a Dieu qui est venu chez nous. En Jésus Dieu vient chez nous… il vient partager tout ce qui fait notre vie, avec nos joies, et nos drames… il vient partager nos inquiétudes, nos peurs, nos épreuves… il est même venu partager la mort, notre mort. Il vient aujourd’hui dans notre monde, tel qu’il est ; dans notre vie, telle qu’elle est… et sa présence vient l’éclairer d’une façon nouvelle. Alors oui nous pouvons, comme lui, vraiment aimer, nous sommes chargés d’apporter la paix, l’espérance, la tendresse… l’attention aux autres, et aux plus pauvres en particulier. C’est ainsi que nous participons à la vie de Dieu.

Aujourd’hui Dieu vient chez nous. Il vient dans notre nuit… Il est l’amour infini qui vient briller dans notre vie. Douce nuit…

Homélie du 11 décembre 2022 (3ème dimanche de l'Avent)

Nous continuons de suivre Jean le Baptiste et il nous emmène plus loin encore. Ici il est présenté comme celui qui veut se renseigner, savoir si Jésus le Christ est bien celui qui est attendu… et à quoi cela va se voir. Alors Jésus parle de Jean Baptiste et il le présente comme un véritable, un grand prophète. Il est même le plus grand. Jésus insiste pour dire combien Jean Baptiste par toute sa vie est vraiment quelqu’un qui parle au nom de Dieu et sa vie est en harmonie avec ce qu’il annonce… pas de tromperie, pas de mensonge en lui. Mais Jésus va plus loin. Il se présente lui-même comme Celui qui vient inaugurer, commencer un monde nouveau. Avec lui, le Royaume des cieux est inauguré. Alors les mots de paix, de joie, de vie, de guérison, de pureté, et même de résurrection ne sont plus des mots, mais deviennent des réalités concrètes et visibles. Avec Lui, la Bonne Nouvelle est donnée, annoncée et elle fait des merveilles. Jean Baptiste reste bien le grand prophète mais il est le plus petit dans ce monde nouveau. Avec la venue de Jésus le Christ, le monde nouveau est commencé et il est grand.

C’est ce que nous nous préparons à fêter. Et nous en avons tant besoin. Notre monde est marqué par la peur et l’inquiétude… que sera demain ? Les souffrances, les peurs et les blessures sont si nombreuses. Nous n’arrivons pas toujours à voir, à deviner ce monde nouveau, inauguré par Jésus. Est-il bien réel dans notre monde, dans le cœur de nos proches, et en nous-mêmes ? Devons-nous en attendre un autre ? C’est bien souvent aussi notre question ? Nous savons bien qu’il ne faut surtout pas répondre par des formules toutes faites et tellement généreuses qu’elles peuvent vitre devenir naïves et irrecevables. D’ailleurs ce Royaume, Jésus l’a plutôt comparé à une graine qui pousse, un peu de levain qui fait monter la pâte…mais à une manifestation spectaculaire, renversante. Les signes du Royaume sont discrets, à la manière de Dieu. Et le Royaume sera toujours au-delà… il ne pourra jamais se confondre totalement avec un évènement ou un autre. Ce Royaume est à l’œuvre dans le cœur de chacun… lorsque la solidarité se met en route, lorsque la joie se partage, lorsque l’attention, l’ouverture à l’autre se fait très concrète… A chacun de dresser la liste longue de ces signes. Ils sont nombreux. Oui, nous croyons que ce monde nouveau est commencé. Il se continue aujourd’hui. Ce Royaume, ce règne c’est Jésus lui-même qui vient combler le cœur de l’homme, qui vient changer  nos aveuglements, qui vient nous relever et nous faire avancer malgré nos enfermements et qui plus encore nous fait participer à sa vie, de plénitude. Accueillir le Christ à Noël et dès aujourd’hui, c’est accueillir et reconnaître ces signes de sa présence et c’est se lever pour participer à la vie de Dieu en plénitude.

Homélie du 04 décembre 2022 (2ème dimanche de l'Avent)

Nous avançons sur ce chemin qui nous prépare à Noël et la liturgie nous aide dans cette avancée. Nous suivons plusieurs personnages et aujourd’hui c’est Jean- Baptiste qui nous emmène. Il est bien le personnage de l’Avent. Il est celui qui prépare, celui qui montre quelqu’un d’autre, celui qui invite, qui pousse à prendre les choses au sérieux. J’ai me les représentations de Jean Baptiste où on le voit en train de montrer avec sa main. Ce n’est pas lui qui est important, c’est Celui qui va venir, celui qui est plus grand que lui. Il n’est pas digne de faire le travail d’esclave devant lui c’est-à-dire de lui défaire ses sandales. Celui qui vient est grand, très grand. C’est Dieu lui-même qui va se faire proche, qui s’est approché. Il va être tellement proche de l’humanité qu’il va devenir l’un d’entre nous. Il va être si proche qu’il va commencer un monde nouveau. Dieu sera tellement présent qu’il va ouvrir un temps nouveau. Désormais un monde de paix, rempli de la présence de Dieu, où personne n’est exclu est commencé. Chacun est l’enfant bien-aimé de Dieu. Jésus va donner sa vie pour nous. Par sa mort et sa résurrection il fait entrer chacun dans cette nouveauté. C’est ce qui est signifié dans le baptême que nous avons reçu. Ici Jean-Baptiste nous prépare à le recevoir en vérité. Un baptême pas seulement un signe de purification mais un baptême dans l’Esprit Saint et le feu. Un baptême qui vient nous donner une dignité nouvelle, celle des enfants de Dieu, celle de ceux et celles qui  peuvent entrer dans ce monde nouveau. Voici ce qui nous est donné. Mais encore faut-il le recevoir, encore faut-il accepter d’aller dans la nouveauté… Si facilement, nous restons dans le vieux monde, nous nous égarons, nos fruits sont mauvais ou inutiles. C’est pourquoi Jean- Baptiste insiste tellement sur le «  convertissez-vous » c’est-à-dire, changez de direction. Ne restez pas dans vos erreurs. Choisissez de produire de vrais et de bons fruits. Des fruits d’ouverture, d’accueil, de paix … des fruits de service des autres, de joie, de  confiance. Des fruits d’espérance. Dieu s’est fait proche en Jésus, alors accueillons-le en vérité. Notre monde en sera transformé. « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. »

Homélie du 27 novembre 2022 (1er dimanche de l'Avent)

Il y a beaucoup d’images, plutôt terrifiantes, dans toutes les lectures aujourd’hui. Des images qui disent la fin d’un monde, une destruction et surtout dans cet évangile, un quotidien qui est bouleversé. Par exemple, on mange, on boit, on se marie, on travaille au champ ou au moulin… et tout semble remis en cause, bouleversé…

C’est bien ce que nous vivons également… quel est notre quotidien, quelle liste pourrions-nous établir ? Nous pourrions aussi dire que ce quotidien est souvent perturbé, bouleversé… nous sommes inquiets devant l’avenir, devant la destruction de la création, devant les prix des énergies… chacun peut continuer. Notre quotidien est marqué aussi par l’inquiétude et le bouleversement…

Mais ici, que dit Jésus… ici, il parle d’un bouleversement qui est une venue… la venue de quelqu’un, le Fils de l’homme… le verbe venir est répété pas loin de cinq fois. Et cette venue vient bouleverser, changer… mais ce Fils de l’homme ne vient pas pour faire peur ; non. Il vient pour apporter la lumière : on a entendu : la nuit est bientôt finie, le jour est tout proche… ou bien Isaïe disait la paix : les hommes n’apprendront plus la guerre.

Nous croyons que Jésus est cet Envoyé, ce Fils de l’homme. Il est venu au milieu de nous et il revient. Nous nous préparons à l’accueillir. Il vient dans notre quotidien… il vient apporter la lumière et la paix et il vient un peu bouleverser, changer notre vie. Il nous faut l’accueillir, il nous faut nous préparer pour cela. Alors Jésus dit et répète : veillez… il ne s’agit pas d’entrer dans une tension telle que la vie n’est plus que tristesse et angoisse… non, il s’agit d’être disponible, d’ouvrir son cœur et sa vie pour que Jésus, le Fils de l’homme puisse vraiment habiter ce qui fait notre vie, notre quotidien. Il vient. Veillez…