Homélie dominicale par le père René Aucourt

Homélie du 06 novembre 2022

La discussion peut nous faire sourire… Les sadducéens ne croyaient pas en la résurrection, alors ils inventent un cas d’école, tout à fait improbable… une veuve qui épouserait sept frères… c’est un piège, bien sûr. Jésus ne se laisse pas enfermer. D’abord il affirme une grande distinction entre ce monde et le monde à venir. D’un côté, ce monde est marqué par l’importance de la famille, des enfants, de la descendance… ce monde est marqué par la mort, la finitude. Par contre, le monde à venir est marqué par une autre logique qui est celle de la Résurrection, de la vie. Au-delà de la mort, il y a cette vie avec Dieu, cette vie d’enfant de Dieu et d’enfant de la résurrection. Jésus affirme avec force cette assurance d’une vie en plénitude avec Dieu. C’est bien ainsi que Dieu s’est révélé, s’est montré tout au long de la Bible. Il est le Dieu des vivants, il est le Dieu de la vie. Il est ce Dieu qui entre dans la famille humaine et qui la mène à la plénitude de la vie. A la suite d’Abraham, de Moïse, d’Isaac, de Jacob et de beaucoup d’autres, avec eux tous, il est possible de participer à la résurrection, à la vie en Dieu. Notre Dieu est le Dieu des vivants.

Evidemment, nous avons du mal à le comprendre et nous avons tous des questions. Elles sont normales. Ne nous trompons pas et ne posons pas de questions inutiles qui resteront toujours sans réponse. Toutes les questions sur le comment, comment c’est possible, comment cela se passe n’auront jamais de réponse. Ou plutôt, si nous trouvons une réponse dans je ne sais quelle révélation… elle sera fausse. Jésus ne répond pas à ces questions. Il affirme, il donne une assurance : celle d’une vie en plénitude, d’une vie avec Dieu, plus encore d’une vie en Dieu… traduisons, d’une vie dans la plénitude d’un amour.

Et cette foi en la résurrection n’est pas seulement pour le monde à venir, pour après la mort. Elle est déjà commencée. Dans la foi, nous croyons que la frontière a été cassée par la résurrection du Christ… il n’y a plus le monde ici-bas qui serait la mort et le monde d’après qui serait la vie… non, la résurrection, la vie avec le Christ ressuscité est commencée. Nous pouvons en faire l’expérience. Parce que Dieu lui-même est le Dieu des Vivants, toute vie authentique, toute expérience de cette vie qui coule en moi, de cette éternité qui déjà circule en moi, me donne déjà un avant-goût de la vie éternelle, en Dieu… tous vivent pour Lui.

Homélie de Toussaint 2022

Avec la fête d’aujourd’hui nous nous souvenons d’une grande multitude, comme disait le livre de l’Apocalypse. C’est vrai, ils sont très nombreux ceux et celles qui nous ont précédés et qui ont essayé de vivre de leur foi en ce Dieu qui est amour et qui veut faire de nous des vivants. Ils sont nombreux ceux qui ont vécu dans ce dynamisme de l’amour. Nombreux ceux qui ont mis Dieu dans leur choix de vie, ceux qui ont aimé les autres, ceux qui ont donné leur vie pour les autres, ceux qui ont restés ouverts aux autres, ceux qui ont voulu vivre à la suite du Christ. Ils ont inventé, dans leur époque et dans la situation qui était la leur, ce que veut dire vivre de la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Certains sont connus… on les appelle les saints et les saintes. Ils sont reconnus, nous portons leurs noms. D’autres ne sont pas reconnus officiellement… ils n’en sont pas moins saints. Ils sont des saints ordinaires. Et si nous regardons dans nos vies, nous pouvons en nommer. En nous souvenant de tel ou tel, nous pouvons retenir tel geste, telle parole, tel signe de ce désir profond qui les habitait, de cette sainteté qui les faisait vivre. Des saints ordinaires de nos familles, de nos amis. Ils sont précieux pour nous. Ils nous aident, ils nous prennent par la main. Ils sont ceux qui marchent devant et nous entraînent avec eux.

Ne nous trompons pas. Les saints ne sont pas des gens parfaits, irréprochables. Un peu en dehors de la vie, comme s’ils étaient enfermés dans une statue, une niche. Des gens hors de l’ordinaire, en dehors du temps… Nous confondons si facilement la sainteté avec la perfection. Non les deux ne sont pas semblables… heureusement sinon les saints n’existeraient pas. Nous sommes tous et toutes pécheurs, incapables, maladroits… nous avons du mal à bien aimer, nous vivons des échecs, nous nous remplions sur nous-mêmes… les Béatitudes que Jésus nous donne aujourd’hui sont parfois étrangères à nos vies… Et pourtant, et pourtant… la sainteté ne consiste pas à être de gros bras mais à accueillir la miséricorde de Dieu. Il ne s’agit pas d’un concours à gagner. Il s’agit d’un accueil, d’uns disponibilité. Croire c’est croire que nous sommes aimés, pardonnés, accompagnés et c’est recevoir en vérité ce don de Dieu. Nous sommes pécheurs, mais pardonnés, sauvés, relevés et c’est ainsi que nous participons à la grandeur de l’amour de Dieu, c’est ainsi que nous pouvons recevoir et devenir saints. Dans ce qui fait notre vie aujourd’hui, avec toutes ses difficultés et ses épreuves, nous pouvons inventer la sainteté pour aujourd’hui… l’accueil d’un amour qui nous fait vivre en plénitude.

Homélie du 30 octobre 2022

On aime bien cet évangile… Zachée nous est familier. Voici un personnage de l’évangile qui nous est longuement présenté. On connait son nom, son métier : collecteur d’impôts et en plus il est chef :il ne doit pas être bien vu, il est plutôt considéré comme un voleur, un collaborateur avec les ennemis, les romains ; et il est précisé : il est riche. C’était donc un pécheur, pas du tout quelqu’un de bien. Mais il voudrait voir Jésus qui est de passage. Il prend tous les moyens pour cela. Littéralement, il prend de la hauteur. Il monte sur un arbre parce qu’il était de petite taille. Il a au fond de lui un désir profond d’une rencontre, ne serait-ce que par la vue, avec Jésus. Il prend alors tous les moyens nécessaires. Il court, il grimpe.

Et voici Jésus qui répond à son désir. Jésus lui-même lève les yeux et invite Zachée ou plutôt il s’invite chez lui. Il veut demeurer chez lui, il veut entrer dans son intimité, dans le cœur de sa vie. Et c’est urgent : descends vite, lui dit Jésus. Il faut donc faire vite. La rencontre n’attend pas. C’est ce qu’il fait : il descend vite et il reçoit Jésus avec joie, nous précise l’Evangile. Cette rencontre va le remplir de joie, le combler de joie, lui qui était mal vu et rejeté, voici qu’il est regardé, appelé. Quelque chose a changé dans sa vie. Cette rencontre avec Jésus va le pousser à agir concrètement. Il est debout et il faut une déclaration solennelle : il va faire des dons, rendre quatre fois plus. Il va faire le contraire de ce qu’il faisait avant. Sa vie est retournée, transformée.

Très souvent, on arrête le texte ici. Dommage. Une fois de plus, on transforme l’évangile en une belle leçon de morale… voici un voleur et voici qu’il a changé : il n’est plus voleur. Cela ne suffit pas. Un autre mot est prononcé par Jésus. Salut... la salut est arrivé pour cette maison... celui qui était perdu a été cherché et il a été sauvé. Le mot salut n'est ’as facile et bien compris. D’abord le salut consiste en une rencontre entre un désir de l’homme et une initiative de Jésus lui-même. La situation est difficile, critique. L’homme cherche à s’en sortir, à prendre de la hauteur et voici que Jésus lève les yeux. C’est lui qui prend l’initiative et l’invite. Il le cherche. Et il le prend par la main pour le sortir de la difficulté. Il va le sortir de là et il va lui donner des raisons de vivre. Celui qui était perdu va changer de vie et il va se mettre debout.

Nous croyons en Jésus le Sauveur… de quoi avons-nous besoin d’être sauvé ? Il faut regarder nos vies, prendre un peu de hauteur. Jésus aujourd’hui nous appelle et nous remet sur le chemin… il est venu chercher et sauver ce qui était perdu… Accueillons-le.

Homélie du 23 octobre 2022

Jésus continue aujourd’hui de nous parler de la prière à travers une parabole. Il y a d’abord quelqu’un de bien, vraiment bien. C’est lui-même qui le dit. Un pharisien. Il n’est pas pécheur : il n’est pas voleur, il n’est pas  injuste, il n’est pas adultère. C’est pas mal. Il jeûne deux fois par semaine et il verse 10 pour cent de tout ce qu’il gagne. C’est vraiment bien. Il va au-delà de la loi. Il est parfait ou plutôt plus que parfait. Il a tout juste. Il peut donc, c’est normal, monter vers le Temple, il peut se tenir debout devant son Dieu. Il peut être en face à face, sans honte, avec son Dieu.

Et puis il y a un autre homme, un publicain c’est-à-dire un collecteur d’impôts… donc il ne doit pas être très honnête avec l’argent, avec la justice. Pas très clair comme homme. Il est pêcheur. Lui aussi il va monter vers le Temple, il va aller prier. Mais il a une toute autre attitude. Le premier se tient debout, lui se tient à distance, il n’ose pas lever les yeux vers le ciel ; il n’ose pas se présenter devant son Dieu. Il se frappe la poitrine. Et si on regarde de plus près le premier ne s’adresse pas à Dieu ; il ne se tourne pas vers lui. Il parle bien au Seigneur, mais il ne parle que de lui… il entre même dans l’action de grâce mais uniquement pour se féliciter lui-même, dire du bien de lui… et un bien tout à fait réel et vrai. L’autre s’adresse à Dieu et lui présente une demande : montre-toi favorable… autrement dit il reconnait la miséricorde du Seigneur. Il dit à Dieu qui il est, alors il peut être en vérité et se reconnaître pécheur. Il dit à Dieu : tu es le Dieu des miséricordes alors sois ce que tu es envers moi. Et c’est cette prière que Dieu aime. Il va redescendre chez lui dans sa maison, mais il va être exaucé, reconnu comme un juste alors que l’autre va aussi redescendre chez lui mais rien ne sera changé… il ne sera pas reconnu comme juste, il ne sera pas exaucé. Il sera et il restera en lui-même, enfermé en lui-même.

Cette parabole n'est pas donnée pour que nous soyons des gens timides, écrasés, cachés derrière les piliers de l’église. Non, Jésus nous la raconte pour nous inviter à entrer dans la véritable prière. Entrer dans une relation qui donne une place au Seigneur, la première place et qui nous place en vérité. Il ne s’agit pas d’abord d’être moralement impeccable, sans péché, il s’agit de reconnaître et d’accueillir la miséricorde du Seigneur. C’est ainsi que nous pourrons toujours revenir, redescendre à la maison, dans notre quotidien mais nous seront alors justifiés, rendus justes, exaucés. C’est cela la véritable humilité : être bien à sa place, bien les pieds sur terre parce que en vérité avec notre Dieu, le Père des miséricordes.

Homélie du 16 octobre 2022,

L’Evangile nous prévient dès le début : voici « une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager. » Le ton est donné. C’est vrai que la prière va souvent avec  le découragement. Nous prions, nous insistons et souvent nous n’avons pas de réponse… notre prière semble s’être perdue dans le vide. Nous ne sommes pas exaucés et le découragement s’installe. A quoi bon…

Suivons bien l’histoire. Voici un juge qui est mauvais. Il accumule les défauts… pas de respect pour Dieu ni pour les hommes. Un juge qui fait très mal son travail. Un juge qui n’en est pas un. Et voici une veuve, une pauvre qui est insistante pour pouvoir bénéficier simplement de la justice, pour  être respectée. Elle s’acharne parce qu’elle attend tout du juge. Et voici que ce juge mauvais accepte et fait son métier : il lui rend justice. Lui, qui fait mal son métier, change et il donne une chance… Alors si on transpose : Dieu lui-même est tout autre. Lui n’est pas mauvais, bien au contraire. Lui il respecte l’homme… bien plus il offre sa présence, il défend, il fait justice. Il sauve, il guérit, il remet debout. Il ne peut pas tricher. Au contraire, il tend la main et fait participer l’homme à sa vie en plénitude, à sa résurrection. Il ne fait pas attendre, il donne ou plutôt il se donne. Alors pourquoi pensons-nous si souvent que Dieu n’écoute pas et n’exauce pas ?

Surement parce qu’il nous faut entrer dans une autre logique… nous avons l’habitude de penser en terme de donner-recevoir. Je demande, je fais ce qu’il faut et donc le résultat devrait être au rendez-vous… Nous restons si facilement dans la logique enfantine du bon-point… j’ai été bien sage et je vais recevoir une récompense. J’ai bien fait ma prière et Dieu va être bon pour moi…

La prière relève d’une toute autre logique. La prière est une relation et c’est cette relation qui est une source de bienfait. On a tous l’expérience : lorsque la comptabilité entre dans nos relations, elles se détruisent… tu m’as cela, tu m’as fait cela alors je te dis cela, je te fais cela. On compte les points, on n’est plus dans une relation vraie, une relation d’amour. C’est la même chose pour la prière. Jésus d’ailleurs pose la question : le Fils de l’homme, quand il viendra trouvera-t-il la foi sur la terre ? La prière prend toute sa dimension dans cette relation de confiance qu’est la foi. Prier c’est donc dire à Dieu qui il est, c’est entrer dans sa vie, son secret, sa grandeur, sa profondeur et c’est être soi-même avec tout ce qui fait notre vie. Quelqu’un disait : prier c’est la rencontre de deux désirs profonds, celui de Dieu pour l’homme et celui de l’homme pour Dieu. Alors nous pouvons tout dire, et même tout demander. Dieu est là, tout proche, il se donne, il écoute. Il ne fait pas attendre. Il ne peut pas faire autrement.

Entrons dans la foi, entrons dans la relation avec ce Dieu Père tel que Jésus nous l’a montré… c’est notre vie toute entière qui en sera transformée. La prière nous donnera toujours du souffle, même au cœur des épreuves.

Homélie du 02 octobre 2022

Les apôtres disent au Seigneur : « Augmente en nous la foi. » C’est aussi notre prière, notre demande aujourd’hui. Où en est-on ? où en suis-je ? C’est bien sûr à chacun de répondre… et chacun va répondre à sa façon. Mais il ne s’agit pas de se comparer, de faire un concours pour savoir qui pourrait devenir le masterchef de la foi. Non. La foi est d’un tout autre ordre. Il s’agit d’une rencontre, il s’agit de l’aventure d’une relation avec une personne qu’est le Christ lui-même. Une relation pas une suite de choses à croire plus ou moins bizarres. Mais une relation, donc une confiance qui est toujours en train d’évoluer. Une confiance qui nous donne la force et qui nous invite à aller plus loin. Une confiance qui nous met en relation les uns avec les autres et avec la création toute entière.

Une confiance qui nous pousse toujours à l’action, à l’engagement, une confiance qui nous rend solidaires les uns des autres, qui nous fait entrer profondément dans la famille humaine. Et ce n’est pas étonnant qu’immédiatement après cette demande d’augmenter la foi, il y a l’invitation au service, l’invitation à être de simples serviteurs, c’est-à-dire à se mettre au service de tout homme, et en premier des plus petits, des plus pauvres. Autrement dit, aimer. La foi ne vas pas sans le service, la foi ne va pas sans la charité.
Aujourd’hui, nous prions au cœur de ce mois de la Création tel que le Pape François nous y a invité. C’est dans cette dynamique de la foi et du service que nous le vivons. C’est notre foi : Dieu se révèle dans toutes ses œuvres. Nous savons que la création a besoin d’être sauvegardée puisqu’elle est en danger. La terre gémit. Et cela a des conséquences nombreuses. Tout est lié, et les situations de pauvreté de par le monde en sont aussi le signe. Alors, dans la foi, avec toute l’humanité nous pouvons nous mettre au service, agir pour apporter un nouvel espoir au monde. C’est une façon d’aimer son prochain, d’agir pour la justice, d’être serviteur. Et il y a tant et tant de façon d’inventer le service. Chacun a sa place.

Augmente en nous la foi, fais de nous des serviteurs.

Homélie du 4 septembre 2022

Jésus pose les conditions pour marcher à sa suite, pour être son disciple. Et ces conditions nous semblent bien difficiles, en tout cas surprenantes et dérangeantes. Et il insiste parce que par trois fois il affirme : celui-là ne peut pas être mon disciple. C’est donc essentiel. Mais alors que faut-il faire ? On pourrait résumer en disant : faire des choix, discerner et porter sa croix. Des mots difficiles mais qui rejoignent notre expérience et qui sont des attitudes à mettre en œuvre pour se mettre à la suite du Christ.

Faire des choix… choisir c’est forcément renoncer… on ne peut pas tout avoir, tout vivre. Notre vie est traversée par tant de sollicitations. La première lecture disait que « notre enveloppe d’argile alourdit notre esprit aux mille pensées. » Des milliers de pensées nous habitent… et souvent nous ne savons plus où donner de la tête. Nous sommes aussi ballotés par les médias, les points de vue multiples. Ce n’est pas facile de faire des choix dans ce contexte là et pourtant c’est nécessaire. Faire des choix ou plutôt faire un choix, radical, celui du Christ. Jésus emploie une expression qui nous choque… c’est celle de préférer… Il invite à le préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants… Evidemment, Jésus ne demande pas de ne pas aimer ses proches. Mais il invite à le mettre en premier, alors toutes nos relations en seront transformées. Il nous faut donc réfléchir, discerner, prendre le temps de nous arrêter, prendre de la distance pour être libre. C’est le sens de ces paraboles où celui qui construit une tour doit creuser des fondations, ou celui qui fait la guerre doit calculer les forces. Cette parole de Jésus  retentit en nous aujourd’hui, et peut-être encore plus dans notre monde, notre rythme. Il nous faut nous arrêter, relever la tête, réfléchir, prendre des moyens avec d’autres pour choisir à nouveau le Christ. Il nous faut des pauses sinon nous seront encore plus ballotés. Et nous ne serons plus libres. Si Jésus nous invite à cela, ce n’est pas pour nous embêter c’est au contraire pour nous rendre libres, nous faire avancer. Alors il va plus loin encore : «  Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.. ; » Porter sa croix, c’est un terme que nous n’aimons pas, tant il nous parait négatif. Porter sa croix c’est se mettre à la suite de Jésus… si nous le contemplons, nous verrons que lui, Jésus, a vécu sa vie d’homme, librement… une vie donnée, donnée jusqu’à l’extrême, jusqu’à la mort, jusqu’à la croix. Porter sa croix ce n’est pas chercher à se faire mal… c’est vivre sa vie humaine, avec toutes ses difficultés et ses épreuves… et il y en a… vivre ce qui fait notre vie et la donner, la rayonner autour de nous. Ainsi porter sa croix c’est, au cœur même de notre condition humaine, faire des choix pour avancer avec le Christ vers la liberté de l’amour.

Etre, devenir disciple de Jésus c’est le choisir, c’est discerner et c’est vivre sa condition humaine pleinement. Jésus est passé le premier, il nous montre le chemin, nous pouvons le suivre.

Homélie du 31 juillet 2022

Nous venons de l’entendre, Jésus invite à s’enrichir, être riche en vue de Dieu et non pas amasser pour soi-même. Pour nous le faire comprendre, il nous a raconté cette histoire, cette parabole d’un homme qui a de l’imagination, du savoir- faire pour s’enrichir, pour amasser les richesses mais la mort va arriver et il ne pourra pas profiter de cette richesse… nous connaissons bien cette réflexion : on n’a jamais vu un coffre-fort accompagner un corbillard… Jésus, comme toujours, invite à aller ailleurs, dans une autre direction. D’abord, évidemment, il faut bien comprendre que Jésus n’est pas contre l’argent, le commerce, le travail ou la construction d’un hangar pour y mettre sa récolte. Ce n’est pas là-dessus que porte sa critique mais c’est sur le fait que l’homme est complètement pris par ses projets… la seule chose qui compte pour lui c’est amasser, accumuler… sa seule raison d’être c’est la recherche de la richesse pour lui-même. Jésus dit qu’il faut chercher une autre richesse.

Etre riche en vue de Dieu,, une autre traduction dit : au regard de Dieu ou bien auprès de Dieu. Il s’agit là encore de richesse à accumuler. Donc, comme dans la parabole il faut donc avoir de l’imagination, réfléchir, inventer et mettre en œuvre. Il ne s’agit pas de se tourner les pouces et d’attendre que tout vienne, comme par enchantement. Il faut s’enrichir. Mais il faut le faire en regardant Dieu, en le contemplant. Il faut donc se tourner vers Jésus lui-même. Il nous montre l’exemple et s’il nous invite à le faire c’est que lui-même le vit. Etre riche, devenir riche comme lui Jésus est riche. Oui, sa vie est riche, remplie de richesse. Richesse d’amour partagé, richesse de vie donnée, richesse d’accueil, richesse de respect de l’autre, richesse de sa relation avec son Père… sa richesse c’est ce qu’il donne. C’est donc dans ce sens-là que nous sommes invités à nous enrichir. C’est en donnant, en partageant et en inventant cette vie donnée que nous pouvons avancer sur ce chemin. Lui, le Seigneur ne cesse de nous donner sa richesse, la plénitude de sa vie… à nous de la recevoir et de la partager. Alors cela nous entraîne forcément à faire des choix. Bien sûr, il ne s’agit pas de rêver une vie sans argent, ou sans soucis matériels… mais il s’agit de faire des choix dans l’utilisation, la gestion de cet argent. Il s’agit de ne pas se laisser occuper, comme Marthe, par ces richesses matérielles et de ne plus, laisser de place pour la richesse sous le regard de Dieu. Alors, nous pourrons recevoir ce Royaume promis, nous pourrons participer à la plénitude, à la richesse du Royaume, de la vie en Dieu.

«  Il restera de toi Ce que tu as donné Au lieu de le garder Dans des coffres rouillés Il restera de toi De ton jardin secret Une fleur oubliée Qui ne s'est pas fanée Ce que tu as donné En d'autres fleurira Celui qui perd sa vie Un jour la trouvera. » ( Mannick et Jo Akepsimas)


Homélie du 24 juillet 2022

Aujourd’hui, la Parle de Dieu nous invite à prier. Nous avons tous une expérience de la prière, plus ou moins vivante, plus ou moins développée. Peut-être sommes-nous aussi déçus : je prie mais je ne suis jamais exaucé… ou bien nous faisons des efforts et nous avons toujours autant de distractions dans nos prières…Chacun pourrait continuer de raconter son expérience de la prière, personnelle ou communautaire. Accueillons aujourd’hui cette Parole qui vient raviver, renouveler notre expérience.

Il arriva que Jésus, en un certain lieu était en prière… La phrase parait vraiment banale, un peu comme si c’était un non-évènement. Jésus prie, c’est tout simple. Et c’est en un certain lieu… pas de définition, pas de précision… il ne s’agit pas du Temple, pas d’une synagogue, pas d’un lieu fait pour la prière … rien n’est précisé : un certain lieu, banal. J’aime penser que Jésus n’a pas de lieu réservé pour prier… il peut prier partout, en tout lieu, à tout moment. Jésus prie. Sa prière est relation, relation avec son Père et toujours en lien avec tous les hommes. Il est aussi considéré comme un maître pour apprendre à prier. C’est en tout cas ce que les disciples lui demandent : apprends-nous à prier. Et Jésus leur donne ces mots que nous connaissons bien, la prière du Notre Père. Ces mots qui mettent en relation avec Dieu… une relation si intime que l’on peut l’appeler par son nom : Père… et en relation avec toute l’humanité. Et cette relation est marquée par l’ouverture, l’insistance, on peut dire la durée, la fidélité. Plus loin, il dira : demandez, cherchez, frappez…

C’est lui, Jésus, qui nous montre le chemin, le modèle de la prière. Il est Celui qui prie et il est Celui qui nous entraîne dans sa prière, dans son élan. Il prie avec nous et en nous. Dans n’importe quel lieu, n’importe quelle circonstance, nous pouvons nous aussi prier… nous pouvons, nous aussi, entrer dans une relation privilégiée avec Dieu et nous pouvons l’appeler par son nom, comme Jésus. Et nous pouvons nous ouvrir à toute l’humanité… prier change, transforme toutes nos relations. Nous pouvons présenter, remettre entre les bras du Seigneur tout ce qui fait notre vie, tout ce qui fait la vie des hommes. Et nous pouvons demander, chercher, frapper à la porte. La prière est dynamisme, elle nous pousse en avant. Bien sûr, elle peut prendre des formes différentes… elle pourra être une demande, un pardon, un  merci. Mais l’essentiel à ne jamais oublier, elle sera, comme nous le montre Jésus, une relation qui fait vivre. Et, comme toute relation, elle connaîtra des moments plus ou moins forts, marquants, mais essentiels. Nous croyons, en toute confiance, que Dieu ne cessera de nous donner de bonnes choses, de nous donner la force de son Esprit.

Homélie du 17 juillet 2022

Ce passage qui nous présente Marthe et Marie n’a pas toujours été bien compris. On est arrivé trop souvent à la conclusion que c’était bien de prier et pas bien de faire la cuisine… ce n’est sûrement pas Jésus qui a dit cela… il a sûrement été très heureux de manger ce que Marthe lui avait préparé puisque l’on sait qu’il aimait aller chez elles, et chez Lazare… c’étaient des amis… Regardons de plus près. Marie est présentée comme celle qui est assise aux pieds du Seigneur et qui écoute sa parole. Elle est donc véritablement une disciple. Toute son attitude, y compris corporelle le montre. Elle est attentive, elle est disponible, elle a le cœur ouvert. Elle laisse de la place pour que la parole de Jésus puisse être accueillie. Elle est bien présente, ouverte, prête à la réception de la parole, à l’écoute et –on le sait- écouter dans la Bible, c’est aussi obéir. La parole de Jésus peut s’épanouir en elle.

Marthe, elle, est accaparée. Elle est dispersée, elle ne sait pas où donner de la tête. Elle ne peut pas faire d’unité dans sa vie. Elle est prise par les soucis multiples. Elle est éparpillée. Plus encore, elle marmonne en elle-même, elle se compare et trouve que sa situation n’est pas normale. Elle est jalouse. Elle fait des reproches. Elle ne pense qu’à elle.  Elle ne peut pas être à l’écoute. Elle est occupée comme un téléphone est occupé.

Jésus le remarque et lui fait cette recommandation :: « une seule chose est nécessaire.  Marie a choisi la meilleure part… ».Il lui dit que ce qui essentiel et premier c’est l’écoute et la réception de la parole, de la Parole de Dieu, de Jésus lui-même qui est venu comme la Parole qui fait vivre. Remarquez qu’il ne fait pas de remarque sur les activités de Marthe… il ne lui dit pas d’arrêter de préparer le repas. Non, il lui dit de se rassembler, de s’unifier pour donner la place à l’écoute, à la rencontre de l’autre, à l’accueil de la Parole, du Christ lui-même. Alors cela peut venir éclairer et même purifier toutes nos activités. Evidemment, il ne s’agit pas de les arrêter. Mais il s’agit de les remettre à leur vraie place. Plus encore, il s’agit de faire en sorte que l’un nourrisse l’autre. Il ne faut pas opposer les activités et la contemplation… on a tellement opposé, déformé ces deux dimensions et on en est arrivé à quelques aberrations comme la vie contemplative de religieuse est belle et bonne contrairement à la vie d’une mère de famille… non, la sainteté est pour tous et pour toutes… il y a des religieuses qui sont accaparées par des activités et qui oublient d’être disciples et des mères de famille, très occupées qui sont des contemplatives…

L’un ne s’oppose pas à l’autre. L’essentiel, une seule chose compte, une seule chose est nécessaire : accueillir le Christ Jésus dans nos vies … si cela devient une réalité, alors toutes nos activités en seront transformés. La rencontre de l’autre, la rencontre du Christ sera au rendez-vous. Le temps des vacances, quelles que soient nos occupations, peut être une belle occasion pour nous ouvrir à cette Parole de Vie.…

Homélie du 10 juillet 2022

Habituellement, dans nos expressions courantes, le prochain c’est l’autre. C’est celui ou celle qui est dans mon entourage, avec qui je vis. Notre regard, notre pensée va vers lui. C’est lui qui est le point principal. Comme bien souvent dans l’Evangile, Jésus vient changer les perspectives. Il nous invite à nous regarder nous-mêmes, notre attitude, notre façon d’être… notre comportement par rapport à l’autre. Comme il aime le faire, Jésus nous raconte une histoire, une parabole. Voici un autre qui est attaqué, blessé, laissé au bord du chemin, abandonné à moitié-mort. Cet homme est en détresse absolue. Viennent alors trois hommes avec trois attitudes différentes. Tous les trois voient cet homme. Mais il y en deux, pour des raisons de loi, de rituel de pureté… il ne faut pas s’approcher de la mort… deux qui passent de l’autre côté, qui en font rien. Ce sont pourtant de bons juifs, de bons croyants, bien sous tout rapport. Et puis il  y a un étranger, un Samaritain donc quelqu’un de considéré comme impur par les juifs, qui a une toute autre attitude. Les verbes sont magnifiques : il est pris de compassion, il est touché au ventre, il s’approche, il panse les blessures, il le charge sur sa monture donc il le touche, il l’emmène jusqu’à une auberge, il prévoit même la suite : il laisse deux pièces et il le confie à un autre. Celui-ci invente une attitude, des gestes concrets et efficaces. Il fait tout ce qu’il peut dans l’urgence et en pensant à l’avenir. Il ne colle pas, il ne s’approprie pas  le malheureux. Le pauvre ne devient pas sa propriété ; il le confie et il va continuer son chemin tout en promettant de prendre en charge les frais quand il repassera. C’est vraiment lui le prochain, c’est lui qui s’est fait proche, qui s’est approché. Ses attitudes sont pour nous aujourd’hui un modèle de charité active. Une charité, une attention, un amour des plus pauvres inventif, efficace… une attention à l’autre qui laisse libre. Jésus conclut en disant : va et toi aussi fais de même. Nous sommes donc invités à vivre nous aussi cette proximité, à devenir le prochain de l’autre, et tout spécialement le plus pauvre ou le plus blessé. Mais faire de même, c’est aussi faire comme Jésus lui-même. Derrière cet homme Samaritain, peut se deviner le visage de Jésus lui-même. Oui, Dieu en Jésus a vu et voit la détresse, la misère de l’homme. Et il ne passe pas à côté, de l’autre côté du chemin… Non, lui en Jésus s’approche, est pris de compassion, pris au ventre, il panse nos blessures, il nous charge sur sa monture, il nous touche, il nous emmène jusqu’à une auberge, il disparaît de nos yeux mais il prépare l’avenir… comment ne pas relire tout l’évangile avec ce regard. Jésus s’est toujours fait proche de l’homme blessé, il a guéri et à l’auberge il a partagé le pain et il a disparu de nos yeux. Jésus est Celui qui se fait proche de l’homme. Alors nous sommes invités à faire de même… il le fait pour nous. Il est proche, nous pouvons à notre tour nous faire proches… c’est cela aimer, comme Dieu lui-même nous aime.

Homélie du 03 juillet 2022

Jésus appelle et envoie ; il en choisit 72 parmi les disciples et il leur donne une mission. Cet Evangile est bien sûr pour nous aujourd’hui. Nous aussi nous sommes ces envoyés pour notre monde aujourd’hui. Le Pape François emploie souvent la formule de « disciple-missionnaire »… nous sommes disciples missionnaires, à la suite et envoyés par le Christ lui-même. Ils sont envoyés deux par deux. Les disciples ne sont pas solitaires… l’Eglise se vit toujours à plusieurs. On n’est jamais seul lorsque l’on est disciple, et on n’est jamais à notre propre compte non plus.  D’ailleurs il précise qu’il s’agit de parler de la moisson… il y a donc quelqu’un qui a semé avant… c’est le Seigneur qui sème, qui travaille, qui prépare, et le disciple-missionnaire récolte et reconnait. Il n’est pas à son compte, il est envoyé. C’est le Seigneur qui agit.

Et pour vivre cette mission, d’abord il faut s’alléger. Il ne faut pas être encombré… il faut avoir le minimum pour pouvoir marcher et avancer. Il faut être disponible pour aller à la rencontrer, il ne faut pas se laisser distraire, détourner. Il faut entrer dans la maison, c’est-à-dire rejoindre ce qui fait la vie des hommes, leurs préoccupations, leurs joies. Et il faut dire : « paix à cette maison »… La formule n’est pas d’abord une politesse. Paix, c’est-à-dire le projet le plus important de la part de Dieu. Le Seigneur souhaite que chacun puisse accueillir, recevoir cette paix profonde. La paix pas seulement au sens de l’absence de guerre mais au sens très profond de l’épanouissement personnel et du bonheur de vivre et d’être ensemble, d’être dans la plénitude de l’amour de Dieu. L’envoyé, que nous sommes, est chargé de dire, raconter, de montrer, d’annoncer cette paix à notre monde. Et chacun ensuite pourra accueillir ou pas cette paix. Chacun reste libre… si cette paix n’est pas reçue, il faut aller ailleurs, il faut continuer. Cette paix se traduit aussi dans l’évangile par le mot Royaume ou règne. Il ne suffit pas de dire : le royaume s’est approché, il faut bien préciser : le royaume s’est approché de vous. Cette bonne nouvelle n’est pas une idée générale, mais elle est pour chacun ; elle est proche de chacun ; elle s’est faite proche, elle s’est approchée. En même temps, Jésus prévient également que les envoyés sont comme des brebis au milieu des loups… ce n’est pas facile d’être disciple-missionnaire, hier comme aujourd’hui. Il faut se heurter à des épreuves… mais le Seigneur ici promet qu’il ne laisse jamais seul… il va se rendre dans tous ces lieux. Il est présent.

Aujourd’hui, soyons disciples-missionnaires… reconnaissons et annonçons cette paix que le Seigneur propose pour la maison de chacun…

Homélie du 26 juin 2022

L’évangile d’aujourd’hui nous semble bien exigent, un peu dur à recevoir, voire impossible à vivre. Mais il nous est donné aujourd’hui… qu’en faisons-nous ? Bien sûr, la facilité c’est de dire que cet Evangile est réservé à quelques-uns… quelques-uns qui choisissent de tout quitter pour suivre le Christ… nous pensons aux prêtres… particulièrement en ces jours des ordinations, ou aux religieuses, aux personnes consacrées… Oui, mais cet Evangile n’est-il pas pour chacun d’entre nous, n’est-il pas pour nous redire ce qu’est vraiment le choix de croire au Christ Jésus. Jésus nous rappelle que la foi c’est se mettre à la suite de Jésus, à sa suite, à la suite d’une personne. Il ne s’agit pas ici d’adhérer à des idées, ni même à des valeurs. Il ne s’agit pas ici d’une vie morale. Il s’agit de se mettre à la suite de quelqu’un, d’engager sa vie toute entière dans cette suite. L’image du chemin s’impose. Croire c’est se mettre en route, c’est prendre un chemin… le verbe aller, partir traverse tout l’Evangile. Et Jésus est très clair : ce chemin est difficile. Lui Jésus n’a pas d’endroit où reposer sa tête. Et en plus son chemin va l’emmener jusque vers Jérusalem, c’est-à-dire jusque vers sa passion et sa mort. Le chemin de la foi, le chemin de la suite de Jésus est souvent difficile… hier comme aujourd’hui. Il n’est pas toujours compris, il peut être méprisé, rejeté… Mais se mettre à la suite de Jésus demande de faire un choix, de le choisir lui, prioritairement, en premier. Nous avons tous une capacité extraordinaire pour trouver des arguments pour le choisir … à moitié. Un petit mot revient dans l’évangile ; laisse-moi d’abord…, permets-moi d’abord… Jésus demande un oui libre et entier pour le suivre. C’est vraiment difficile d’autant plus que les arguments avancés, nous les comprenons bien : un argument lié aux relations familiales, et amicales : laisse-moi d’abord enterrer mon père, laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. Evidemment, Jésus ne demande pas de négliger ces relations-là… mais il replace, il redonne la première place à l’engagement de la foi. Il s’agit, dit-il de ne pas regarder en arrière. Suivre Jésus c’est résolument s’engager sur un chemin d’avenir, c’est choisir un futur. Le Règne de Dieu, le Royaume de Dieu est devant nous. Avec Jésus, il est commencé et il se donne à nous sur le chemin. Avançons sur le chemin de la foi… et c’est notre vie toute entière qui en sera transformée… y compris évidemment toutes nos relations familiales, amicales… « Toi, pars, et annonce le Règne de Dieu. »

Homélie du 12 juin 2022

L’Eglise nous invite aujourd’hui à entrer un peu plus dans le mystère de la Trinité. Mystère d’abord ne signifie pas quelque chose d’incompréhensible et en tout cas de bizarre… non il s’agit de profondeur, de grandeur. Notre Dieu est grand et il est possible d’entrer un peu dans sa compréhension, nous pouvons l’approcher, nous pouvons nous plonger dans sa grandeur comme on plonge dans la profondeur d’un océan. Nos mots sont bien maladroits, nous ne pouvons que balbutier Dieu. Il sera toujours bien au-delà de ce que nous pouvons en dire.

L’évangile que l’on vient d’entendre nous dit d’abord que notre Dieu est relation. Le Père, le Fils et l’Esprit sont essentiellement relation… par exemple tout ce que possède le Père est à moi, nous dit Jésus. Notre Dieu Trinité est essentiellement relation entre trois personnes. Une relation où chacun est bien lui-même, a bien son rôle, son être propre et en même temps est en relation parfaite, totale avec les autres. Une relation qui est communion, dans le respect de chacun. Dieu le Père nous dit l’origine, la source, Dieu le Fils nous a montré son visage, il est venu partager notre condition humaine, et Dieu Esprit Saint est le lien entre les deux, il est donné comme un souffle de vie. Mais cette relation n’est pas fermée… sinon elle serait vaine et elle ne nous intéresserait pas du tout. Dieu ne tourne pas en rond sur lui-même. C’est une relation ouverte, éclatée. L’homme n’est pas étranger. Au contraire il peut entrer dans ce mouvement, dans ce souffle. Il est entraîné dans ce mouvement d’amour. Il fait partie de cette relation. L’esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître, dit Jésus. Nous pouvons entrer dans cette connaissance.

La foi en Dieu Trinité est une impulsion de vie et un art de vivre. Croire, c’est vivre. Vivre, à l’image de Dieu… vivre nos relations dans ce même élan d u respect de la différence et de la communion… mais c’est aussi croire que ce que nous vivons nous fait entrer dans la profondeur du mystère de Dieu. Notre vie peut alors prendre toute sa dimension… Nous en sommes pas extérieurs à Dieu, nous vivons de Dieu, nous vivons en Dieu…
 
Dieu inconnu,
ô toi qui es
Présence aux nuits de notre histoire,
Tu fais poindre en nos ténèbres
L'espérance ;
Brise les forces de la mort :
De nos yeux nous te verrons,
Dieu inconnu !

Jésus Seigneur,
toi qui étais
Auprès du Père avant les siècles,
Ton passage nous découvre
Le mystère ;
Trace un chemin dans notre vie :
Sur tes pas nous marcherons,
Jésus Seigneur !

Esprit de feu,
ô toi qui viens
Prendre les hommes dans ton souffle,
Tu déploies dans leur faiblesse
Ta puissance ;
Brûle d'amour les fils de Dieu :
Dans ta joie nous entrerons,
Esprit de feu !

Homélie du 05 juin 2022, Pentecôte

Un jeune, non baptisé, m’a dit récemment : « je pense que je crois au Père, au Fils mais le Saint Esprit je ne sais vraiment pas ce que c’est. » Aujourd’hui nous fêtons le Saint Esprit mais qui est-il ? La réponse n’est pas simple. Tout au long de ces textes, des images  nous sont données. Elles nous permettent de voir plus clair et surtout elles nous aident à mesurer que l’Esprit Saint n’est pas une idée plus ou moins compliquée, mais nous le vivons, nous l’expérimentons. L’Esprit est au cœur de nos vies. Il nous fait vivre. Il est comme ce souffle, ce vent qui a la fois donne du souffle et nous pousse e avant. Il est comme ce feu qui éclaire, réchauffe et rassemble. Il est comme un Défenseur, un avocat qui ne cesse de nous protéger et nous accompagner. Il est présent au plus intime de nos vies, il est présent au cœur du peuple de Dieu, au cœur de l’Eglise.

Ils sont nombreux, ils sont réunis. Chacun est bien là, avec toute son histoire, sa culture, ses habitudes, sa personnalité. Il y a des Parthes, des Mèdes, des Elamites, des Arabes, des Crétois. Bref, c’est le monde entier qui est présent. On a entendu toute la liste des peuples présents.  Et voici que le souffle de l’Esprit va tout bouleverser. Il va les rassembler, chacun va pouvoir comprendre l’autre et chacun va reconnaître la présence de Dieu… les différences vont être respectées, personne ne disparait mais il est possible désormais de se comprendre, d’être rassemblé et de reconnaître les merveilles de Dieu. L’Esprit aujourd’hui continue de souffler, et notre monde en a tant besoin. Nous connaissons tous les divisions, les oppositions entre les peuples et entre nous. Il n’est pas question de gommer, de supprimer les différences. L’Esprit ne vient pas effacer, mais il vient rapprocher, dans le respect de chacun. Vivre selon l’Esprit de Dieu c’est accueillir et se réjouir de ces différences et c’est avancer vers une unité où chacun a sa place, où chacun peut être rempli du souffle de vie.

Oui, aujourd’hui cet Esprit nous est donné. Il vient au cœur de notre vie nous donner du souffle, il vient remplir jusqu’à l’intime le cœur de chacun… et il vient au cœur de notre monde faire notre unité, il envie du haut du ciel un rayon de sa lumière…

Homélie du 29 mai 2022

Nous continuons de lire l’évangile de Jean. Et aujourd’hui nous voyons Jésus en prière. Nous pouvons entrer dans son intimité, comment il formule, il exprime sa prière. Ce qui est magnifique d’abord, c’est qu’il prie, il pense à nous. Il prie pour tous ceux qui croient en lui. Nous essayons de le faire, il prie donc pour nous. Sa prière nous concerne directement. Il a le désir que nous soyons un comme le Père et lui sont un, que nous soyons un en lui. Il souhaite donc que nous puissions entrer dans cette relation qu’il a avec le Père. Nous faisons partie du projet, nous ne sommes pas en dehors, ni même seulement là pour le contempler… Non, nous entrons dans la profondeur de Dieu, dans son mystère. Nous sommes faits pour connaître de l’intérieur cette grandeur, pour participer à la vie de Dieu. C’est quoi cette vie de Dieu et en Dieu sinon une vie remplie d’amour, de l’assurance d’être aimés et en conséquence une vie rayonnante de lumière et d’amour.

Pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Il y a toujours une ouverture. Entrer en relation avec Dieu, ce n’est jamais tourner en rond. Il y a toujours une perspective. La mission va toujours avec l’expérience, la relation avec le Seigneur va toujours avec la relation aux autres. Ce projet, dette vie en Dieu est pour la multitude. Elle n’est pas réservée à quelques privilégiés. Elle est pour tous. Et le message est simple : que le monde sache que tu les as aimés comme tu m’as aimé. C’est le même amour : l’amour de Dieu pour Jésus son Fils Jésus et l’amour de Dieu pour chaque homme est bien le même. Tout homme est aimé de Dieu et tout homme est appelé à la savoir et à le reconnaître.

En préparant je me disais que tout cela ne sont pas de belles pensées, mais il y a de la vie derrière. Par exemple, il y a quelques jours un jeune de 22 ans a fait une démarche pour demander d’avancer vers le baptême parce qu’il pense qu’il croit et qu’il veut aller plus loin. Une jeune mère de famille, non baptisée, a demandé le baptême pour son bébé parce que, dit-elle, l’Eglise et se valeurs sont essentielles comme repère et soutien dans ma vie. Une personne âgée et apparemment dans un autre monde, élève les mains et marmonne le Notre Père avec toute l’assemblée dans son EHPAD. Une femme se mobilise pour l’Ukraine et a entraînée avec elle tout un mouvement de solidarité…
Oui, la prière de Jésus se continue aujourd’hui et elle produit du fruit. L’homme entre dans le mystère de Dieu et participe à sa vie...

Homélie du 26 mai 2022, Ascension

La fête de l’Ascension porte en elle des contradictions. Tous les textes nous parlent de joie : les apôtres sont dans la joie, ils bénissent Dieu. Et en même temps, il s’agit bien d’un départ, d’une séparation. Voici que cette séparation apporte de la joie… comment est-ce possible ? C’est dans la foi que nous pouvons le comprendre. Voici que Jésus a choisi de prendre la condition humaine, donc une vie remplie de limites. Il a vécu dans un temps et un lieu donné, il a rencontré des personnes très précises. Il a vécu dans un corps. Il a pris complètement notre condition humaine jusqu’à souffrir et passer par la mort. Par la résurrection, il a dépassé ces limites. Il n’est plus enfermé dans sa condition humaine. Alors sa vie, sa présence, et en conséquence son message doit s’élargir. Il est pour toute l’humanité. Il est pour toutes les nations, en commençant par Jérusalem, dit l’évangile. Jésus le ressuscité entraîne avec lui tous les hommes, de tout temps et de tout pays. Sa Bonne Nouvelle est pour tous. Alors il va disparaître de nos yeux, il va, comme on dit, monter au ciel mais il promet qu’il sera présent, autrement, c’est vrai, jusqu’à la fin des temps. Il n’y a plus de limites, plus d’impossibilités. Et cela est vraiment une grande source de joie. Son message, sa présence n’a plus aucune frontière.

Aujourd’hui avec cette fête de l’Ascension, commence le temps de la foi. Nous ne le voyons plus de nos yeux de chair mais nous pouvons faire l’expérience de sa présence. C’est le temps de l’Eglise. Son corps, c’est à dire sa présence se fait et se voit dans cette grande famille des chrétiens : l’Eglise est ainsi devenue le corps du Christ,  le lieu de sa présence. C’est le temps de la responsabilité. Chaque croyant est maintenant envoyé pour témoigner, pour dire cette présence, cette joie apportée par le Christ vainqueur de la mort. Les anges viennent dire cet envoi : ne restez pas là à regarder le ciel mais allez jusqu’aux extrémités de la terre pour dire et témoigner de cette présence. C’est le temps de la foi, le temps de l’Eglise, le temps de la responsabilité, c’est notre temps.

Homélie du 22 mai 2022

Avec ce temps de Pâques, nous continuons de recevoir des paroles de Jésus qui nous parlent de relation, de communication. Il promet : nous viendrons vers lui, et, chez lui, nous nous ferons une demeure… Jésus promet qu’avec son Père, il a le désir de s’installer, d’habiter, de demeurer chez nous, au plus intime de nous-mêmes. Il promet donc que sa maison est au plus intime de nous-mêmes. Il est bien chez lui lorsqu’il est chez nous, et nous pouvons être chez lui. Cette habitation de Dieu est étonnante. Il n’est donc pas celui qui est perdu dans son ciel, bien loin de nous. Il est au plus près de nous. Notre Dieu se fait tellement proche qu’il plante sa tente en nous. Voici l’expérience essentielle de la foi.

Et avec cette promesse viennent d’autres affirmations. D’abord celle de la paix puis celle de la joie. Jésus promet qu’au-delà de nos peurs et de nos angoisses, la paix nous sera donnée. Cette paix qui va toujours avec la joie. Nous en avons tellement besoin. Nous sommes si souvent bouleversés et pris par la peur comme dit Jésus. Evidemment, cette présence de Jésus n’est pas une pensée magique qui viendrait effacer toutes nos difficultés et nos peurs. Mais la promesse est bien là comme une assurance. Voici qu’une présence, celle de Dieu nous rend plus fort, nous donne de la force pour avancer. Désormais nous ne sommes plus seuls mais voici que Dieu lui-même marche avec nous, demeure en nous et sa présence nous apporte paix et joie.

Cette démarche est celle de la foi. Jésus précise également qu’il s’agit de recevoir et de garder ses paroles. Accueillir sa Parole c’est la vivre, la mettre en pratique. Il s’agit donc de rayonner de cette présence, de ce cadeau qui nous est donné. Croire en cette présence ce n’est pas s’endormir. C’est la mettre en œuvre autour de nous. Cette paix et cette joie, cette assurance d’être aimé sont faites pour être partagées. A notre tour de donner la paix, la joie, de montrer et de dire à chacun qu’il est aimé. Il y a tant à faire. La foi va toujours avec la mission…

Homélie du 1er mai 2022

Tous les textes d’aujourd’hui nous invitent à rester dans la dynamique de Pâques. Le Christ ressuscité est présent. Lui qui est passé par la mort est aujourd’hui le Vivant et il est présent. Présence du Christ ressuscité… Nous nous posons des questions parfois et nous avons du mal à reconnaître cette présence. Aujourd’hui, avec les apôtres, nous sommes invités à faire l’expérience de sa présence.

D’abord ils sont plusieurs à être rassemblés. L’évangile précise qu’ils sont là, ensemble : Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël et deux autres disciples. Ensemble, il s’agit donc bien de l’Eglise. C’est ensemble, en Eglise, en communauté que nous pouvons vivre l’expérience de l’aventure de la présence du Seigneur ressuscité.

Nous voyons aussi que cette présence ne s’impose pas. Elle n’est pas écrasante, elle est dans la discrétion. Mais elle est bien là, bien réelle. Jésus se tient sur le rivage, sur le rivage de nos vies. C’est lui qui prépare un feu de braise avec du pain et du poisson.

Et cette présence, discrète, au bord de nos vies, est une invitation, une demande, presque comme un mendiant : « auriez-vous quelque chose à manger ? » Le Vivant s’adresse à nous, il a d’une certaine façon besoin de nous, de notre participation, de notre réponse. La question posée devient une invitation à agir, à aller plus loin. Non pas attendre que cela se passe, mais oser jeter le filet. Oser entrer dans la confiance, autrement dit dans la foi.

Et cette présence c’est souvent un autre qui peut nous la montrer, nous la signaler : c’est le Seigneur, dit le disciple que Jésus aimait à tous les autres. C’est lui qui le premier l’a reconnu et il ne peut pas s’empêcher de le dire à tout le monde. N’est-ce pas la logique de la mission ? Impossible de se taire lorsque nous avons fait l’expérience de la présence du Vivant dans nos vies.

Cette présence va toujours avec l’abondance. Elle n’est pas petite, rabougrie mais elle porte du fruit. Les filets sont pleins à craquer, la pêche est fructueuse. 153 poissons dit l’évangile, ce serait le nombre de nations connues à l’époque. La présence du ressuscité est pour toute l’humanité. Il n’y a pas d’exclusion. Elle est abondante, pour tous.

 Et cette présence se révèle dans ce repas partagé où le Seigneur prend le pain et le donne. Le repas de l’eucharistie est signe de cette présence. Voici que le Seigneur continue aujourd’hui de donner les signes de sa présence dans cette messe que nous célébrons ici, aujourd’hui.

Le Vivant se tient là, discret. Il appelle, il invite à la foi. Il donne en abondance. Il envoie. Son Eglise aujourd’hui vit de sa présence. Jésus prépare pour nous un feu de braise…

Homélie du 24 avril 2022

Lorsque Jésus ressuscité se présente, il dit toujours des mots de paix… nous l’avons entendu par trois fois dans cet évangile : la paix soit avec vous. C’est ainsi qu’il salue, c’est ainsi qu’il entre en relation avec quelqu’un. Aujourd’hui encore, nous avons tant besoin de cette paix, notre monde en a tant besoin. Nous pensons à cette guerre qui dure et s’enlise, mais nous n’oublions pas les autres conflits de par le monde… ni notre histoire récente ne ce jour où nous pensons aux déportés… Nous pensons aux divisions qui se sont exprimées pendant cette campagne électorale. Nous pensons aux séparations et aux conflits qui existent dans nos familles, ou dans nos relations, aux amitiés qui se brisent. Nous pensons aussi à tout ce qui nous traverse, nous divise, à tout ce qui nous touche au plus profond de nous-mêmes. Bref, nous avons vraiment, profondément, besoin de paix. Nous avons au plus intime le désir de cette paix.

Et Dieu lui-même a ce désir, ce projet pour l’homme et toute l’humanité. Son Royaume promis est un Royaume de paix. Voici qu’avec la mort et la Résurrection du Christ la paix est offerte, la paix est possible. Lui est le Vivant qui apporte la plénitude de la paix. Sa présence est source de paix.

Mais elle ne vient pas comme avec une baguette magique. Elle est le don de Celui qui a connu l’épreuve de la Passion et de la mort. C’est toujours frappant de voit que Jésus le Ressuscité se présente toujours avec ces cicatrices, ses mains et ses ôté, la marque des clous et même une plaie toujours ouverte puisqu’il invite Thomas à enfoncer sa main. Le Christ Vivant n’est pas tout lisse, hors de la réalité humaine. Non, il est celui qui a connu la souffrance et la mort et il porte encore des marques. La paix est aussi un combat. C’est au cœur de tous nos conflits et nos incapacités qu’Il vient donner et partager sa paix.

Et la paix n’est pas un endormissement, une mort… au contraire. Immédiatement après avoir souhaité et donné la paix, Jésus envoie ses disciples pour en être témoins. Il leur donne son Esprit, sa force et ils sont immédiatement en mission. La paix donnée est toujours à partager. La présence du Ressuscité est un envoi. La foi restera toujours une source de d’étonnement et de questions. Nous sommes toujours comme Thomas à la recherche de signes. Ils nous sont pourtant donnés. Ce sont les signes de paix. Croire au Ressuscité c’est accueillir cette paix pour que nous ayons la vie en son nom…

Homélie Veillée Pascale 16 avril 2022

Il y a les femmes, il y a les apôtres, il y a Pierre… tous reçoivent une nouvelle extraordinaire, certains trouvent qu’elle est délirante, d’autre étonnante : « Celui qui a été déposé dans le tombeau, celui qui a été mis à mort n’est plus là. Le tombeau est vide. » Tout semble tourner autour de ce tombeau : les femmes de très bonne heure vont s’y rendre, elles reviennent du tombeau et racontent ce qu’elles ont vu et reçu, et Pierre lui-même se lève et court vers le tombeau… le tombeau est au centre mais comme un point de départ… on ne peut pas rester dans ce tombeau. Le Vivant n’est pas ici, il est ressuscité, il est ailleurs. Voici l’expérience étonnante que font les disciples, les femmes. Le tombeau n’est pas la fin de tout. La vie est plus forte que tout. Le Ressuscité est le Vivant.
Croire en la Résurrection restera toujours étonnant et si difficile à partager. Il s’agit d’une expérience profonde, vitale mais si elle est souvent déroutante et hésitante. Le croyant ressent au plus profond de lui-même une présence, une vie qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Le Ressuscité est présent, malgré tout. Le tombeau n’a plus le dernier mot. Notre monde aujourd’hui est évidemment marqué par la nuit et toutes les peurs qui vont avec… la violence, les bruits de guerre, la création menacée, la maladie et l’épidémie toujours présentes, les inquiétudes devant l’avenir… autant de raisons comme les femmes au tombeau, d’être dans la crainte et de garder nos visages inclinés vers le sol.
Aujourd’hui, au coeur de nos nuits et de nos tombeaux, vient se faufiler une assurance : le Seigneur est plus fort que nos tombeaux, il n’y est pas enfermé et il vient nous relever. Il nous fait participer à sa lumière et à sa vie. La pierre est roulée sur le côté. Alors l’homme peut se relever. Désormais le Vivant marche avec lui… Alors il peut construire la paix, il peut vivre la solidarité, il peut travailler pour embellir la planète, il peut lutter contre la solitude, il peut s’ouvrir à chacun et en premier au plus pauvre. Le Vivant travaille au cœur de l’homme.
Le baptême donné aujourd’hui ou reçu depuis longtemps en est le signe éclatant.

Homélie Jeudi Saint 14 avril 2022

Jésus est à table avec les disciples, avec ses amis. Il va partager le repas de fête. Il est en train de vivre son dernier repas, son eucharistie. Il va donner sa vie. Il se lève, il se met debout. Déjà s’annonce sa résurrection : il va se relever d’entre les morts. Mais il se lève pour déposer son vêtement, pour se dépouiller. Déjà s’annonce sa mort, sa remise entre les mains des ennemis, sa longue Passion, son dépouillement. Il prend un linge qu’il se noue à la ceinture. Il prend les moyens pour se mettre au service. Il entre dans le concret, dans le matériel du service. Il verse de l’eau dans un bassin et il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à sa ceinture. Il prend soin des pieds. C’est un signe important. Un signe d’accueil et de bienvenue ; la route est poussiéreuse, il faut les laver. Il fait le travail du serviteur, de l’esclave. Voici que Jésus prend soin des pieds des disciples, de ceux qu’il envoie en mission. Ils ont et ils auront vraiment besoin de leurs pieds pour la mission. Jésus le sait et les soigne. Et c’est ainsi, dans le service, qu’il est vraiment Maître et Seigneur. D’ailleurs il affirme qu’on peut l’appeler ainsi, il l’est vraiment. Un Maître qui se met à genoux devant l’homme, un Seigneur qui prend tous les moyens pour prendre soin et servir. Contemplons ce Maitre et Seigneur, ce Serviteur. Il nous dérange, il renverse complètement toutes les images que l’on peut inventer pour Dieu. Il n’est vraiment pas le Dieu de notre imaginaire. Il est le Tout-Autre. Oui, il est bien le Tout-Puissant parce que son amour est Tout-Puissant. Tellement qu’il se met à genoux devant l’homme fatigué, qu’il prend soin de ses pieds. Nous le contemplons et nous retenons aussi son invitation à faire et à vivre le même élan. « Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Comment ne pas penser à tous ceux et celles dont c’est le quotidien… le personnel de santé, les proches aidants. Ils savent ce que cela signifie. Mais plus largement, chacun d’entre nous peut le mettre en œuvre. Le service nous oblige toujours à être inventifs et concrets. Les paroles ou les belles intentions ne suffisent pas. Il faut, comme Jésus, prendre les moyens. Donner sa vie pour les autres passe par un ensemble de détails. Nos pieds sont poussiéreux, nous sommes en marche, nos vies sont abîmées, cabossées… mais voici que notre Maitre et Seigneur prend soin de nous, mais voici que nous tous, ensemble, nous sommes ce peuple qui avançons à la suite de son Maître, nous sommes un peuple de nomades. C’est cela vivre l’Eucharistie… partager le pain de vie de Celui qui a donné sa vie pour nous et vivre le service pour tout homme.

Homélie du 03 avril 2022

La femme est enfermée, coincée… des hommes l’entourent, tous prêts à appliquer la loi… les cailloux sont prêts à être lancée. Une telle femme doit être mise à mort, il n’y a pas d’avenir possible pour elle. Le jugement définitif doit tomber… et voici que Jésus ouvre une porte, un avenir est désormais possible. Le cercle est cassé, les pierres n’ont plus qu’à être posées par terre, elles ne servent plus à rien. Une rencontre est possible. Jésus entre en conversation avec elle. Et il lui dit trois phrases essentielles : je ne te condamne pas c’est-à-dire je ne t’enferme pas dans un passé, un jugement bouclé, fermé ; puis il lui dit « va » c’est-à-dire continue, invente ta vie, mets-toi en route pour un avenir et enfin, enfin seulement, ne pêche plus c’est-à-dire « ne recommence pas », fais un effort, ne retombe pas dans ce qui t’a enfermé au départ. Des paroles dynamiques qui sont autant de promesses, de germes. Déjà le prophète Isaïe disait : « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? »  et Paul disait : « Oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » Autant de paroles à recevoir aujourd’hui… C’est vrai que notre monde, notre maison commune, est menacé… c’est vrai que des situations d’injustice sont bien là, et comment ne pas évoquer la guerre, la violence, la création menacée… mais il y a aussi des germes, des promesses d’un avenir… des associations nombreuses, des ONG s’engagent pour la justice et le respect de chacun… le CCFD- Terre solidaire annonce 580 projets dans 67 pays… ce n’est pas rien. C’est vrai que la solidarité se manifeste pour l’Ukraine ou pour l’Afghanistan…Autant de germes pour notre vie dans cette « maison commune ». Bien sûr, il y a tant à faire… mais les germes sont bien là, ne les voyez-vous pas ? Et nous sommes invités aussi à les vivre dans nos relations… nous  enfermons si facilement l’un ou l’autre dans son passé, ses erreurs ou ses échecs… et si nous gardions toujours, comme un réflexe, à la manière de Jésus, cette pensée du « va »… c’est-à-dire, continue… il y a des germes en chacun d’un monde nouveau, de relations nouvelles… « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? »

Homélie du 13 mars 2022

Dans notre marche vers Pâques, dans cette deuxième étape dans le temps du Carême, Jésus se montre, se révèle à nous… il nous livre tout le mystère de sa personne. Il est en relation, il n’est pas solitaire. Il monte vers la montagne avec Pierre, Jean et Jacques et même au cœur de l’apparition il est avec Moïse et Elie. Et ces deux personnages sont importants : ils symbolisent, ils résument toute l’histoire de la Bible, du peuple de Dieu. Jésus s’inscrit complètement dans toute cette histoire humaine, cette histoire de l’Alliance avec Dieu. Il ne tombe pas du ciel. Il marche avec son peuple, il entre dans l’histoire. Et cet homme est aussi celui qui est traversé de lumière. Il est transfiguré, il est le Fils choisi, il est Dieu. Autour de lui et en lui il y a tous les signes qui disent Dieu : la lumière, la blancheur, la gloire, la nuée et le sommeil des apôtres et aussi la voix qui se fait entendre. Jésus, cet homme entré dans l’histoire humaine est bien aussi le Fils de Dieu. Cet homme qui va passer par le chemin de la Passion et de la mort est bien le Fils de Dieu qui va ressusciter. A travers tout cela, à travers ces mots et ces images se révèle à nous le visage de Jésus, le Fils de l’homme, le Fils de Dieu.

Le chemin de la foi, l’aventure de la foi est une recherche, un compagnonnage. Nous cherchons le visage de Celui qui va venir illuminer et donner sens à toute notre vie. Et nous sommes si souvent dans la nuit, les hésitations, les doutes. Les questions sont nombreuses, les doutes sont au rendez-vous. Nous sommes confrontés à des questions qui nous dérangent et nous remettent en cause. Les évènements de la guerre à nos portes nous inquiètent et nous plongent dans de grandes remises en cause… on ne pensait pas que la ténèbre de la guerre pouvait si facilement réapparaître et en quelques jours elle est là. Et aussi plus près de nous, les épreuves, les conflits continuent. Pourquoi le mal est-il encore si souvent dans le cœur de l’homme ? Quand pourrons-nous entrer et rester dans la plénitude de la lumière de la paix ? C’est bien aussi le désir de Pierre qui voudrait dresser trois tentes et s’installer dans la paix…Notre chemin de foi et de vie est une recherche marquée par les questions et la ténèbre mais heureusement nous pouvons reconnaître aussi que nous avons tous vécu d’une façon ou d’une autre quelques moments de lumière. Souvent très furtifs, des instants mais qui nous qui nous ont marqués pour toujours. Chacun peut se souvenir d’une parole, d’un moment fort, d’une rencontre, d’un texte ou d’une image qui ont été et qui sont toujours pour nous une aide, une lumière… un peu comme si la lumière du ciel était entrée dans notre vie. Il est bon de relire notre vie. Nous allons découvrir ces étapes qui sont autant de signes donnés. Oui, sur notre chemin de vie, Jésus se manifeste à nous comme une blancheur éblouissante. Il est vraiment le Fils de Dieu venu illuminer et donner sens à notre vie. Il est en conversation avec nous, il marche avec nous et il partage nos questions et nos inquiétudes… il apporte sa lumière bienfaisante. Au plus secret de nos cœurs il nous parle et vient réchauffer nos cœurs, le cœur de chacun, de toute l’humanité.

Homélie du13 février 2022

Jésus le répète : heureux, vous êtes heureux… mais comment peut-on dire ces mots aujourd’hui, comment peut-on dire ce genre de parole à des malades, à des personnes pour lesquelles « tout s’en va » ? Comment peut-on parler également de confiance et d’être sans inquiétude alors que l’épreuve est au rendez-vous ? En ce dimanche de la santé, ces paroles nous semblent bien difficiles à recevoir.

Peut-être faut-il alors partir des autres paroles de Jésus, celles sur le malheur. Jésus dit par quatre fois : quel malheur pour vous. Pourquoi ce malheur ? parce que plus rien ne manque, rien de peut arriver. Il y a un enfermement, un repli sur soi. Celui qui a tout, qui est riche, repu, qui n’attend plus rien, qui n’a que des compliments…  Il tourne en rond, il s’enferme sur lui-même. Il se détruit lui-même. Nous en connaissons tous et nous en avons tous l’expérience : à un moment ou un autre de notre vie, nous avons cette tentation de repli source de tristesse.

Le bonheur que promet Jésus relève d’une toute autre attitude. Pour bien le comprendre, il faut le regarder lui-même, le contempler. Lui Jésus est ouvert sur les autres, il vit la miséricorde, l’attention, la douceur, il a faim de justice, il est doux, il est tourné vers l’autre. Il sait voir ceux qui souffrent, il sait apporter une parole de guérison, il remet debout, il relève. Alors on peut dire : Jésus, tu es heureux toi qui est ouvert… Voici le bonheur que Jésus a vécu et qu’il nous propose. Un bonheur assez paradoxal, surprenant. Un bonheur qui n’est pas à confondre avec un plaisir superficiel, mais un bonheur qui est un art de vivre ouvert, dans la bienveillance, la bien-voyance, l’attention et le service. Et là également nous connaissons des personnes qui vivent cette ouverture, ce bonheur. Je pense à cette personne très très âgée, handicapée, clouée sur son fauteuil, qui ne peut plus marcher mais qui disait au cours d’une messe à l’hôpital : « je voudrais prier pour ma voisine, elle a crié toute la nuit, elle m’a empêchée de dormir. Mais je crois qu’elle est très malheureuse. Il faut prier pour elle. » Voici une personne, malgré toute sa souffrance qui reste ouverte, qui pense aux autres… Heureuse est-elle…

Oui ce chemin de bonheur est proposé à chacun. Il n’évite ni les épreuves, ni les souffrances mais il fait vivre en profondeur. Il produit du fruit… Et Jésus nous en montre le chemin et marche avec nous…

Homélie du 06 février 2022

Imaginer Dieu, parler de Dieu restera toujours bien difficile. Nos mots sont toujours maladroits. Souvent, il faut employer des images pour  s’approcher un peu de ce que Dieu est, de sa profondeur, de son mystère. Dans la première lecture, le prophète Isaïe raconte une vision. Le Seigneur est sur un trône comme un roi. Les portes tremblent, il y a de la fumée. Dieu est alors reconnu, présenté comme le Maître, le Seigneur de tout l’univers, et toute la terre est remplie de sa présence. On ne peut que le reconnaître et dire, proclamer sa sainteté grandiose… Saint, saint le Seigneur… c’est ce que nous chanterons tout à l’heure.

Ici, dans ce passage d’Evangile, Dieu aussi se manifeste en Jésus. Simon- Pierre tombe à genoux devant Jésus et un grand effroi l’a saisi. Le signe c’est une pêche miraculeuse. Alors qu’ils n’avaient rein pris, voici qu’avec Jésus les filets sont pleins jusqu’à craquer et les barques remplies jusqu’à s’enfoncer. Les disciples reconnaissent cette présence du Seigneur mais lui leur dit simplement « sois sans crainte ». La présence de Dieu peut évidemment impressionner, mais elle n’est pas une source de peur. Elle est au contraire une présence d’un amour qui prend soin et qui se donne en abondance, bien au-delà des manques et des déserts de la vie.

Cette présence du Seigneur est en chacun de nous. Elle est également dans son Eglise. L’image de la barque nous renvoie à l’Eglise du Christ. Et cette présence se traduit par le don de sa Parole, de son enseignement. Jésus est présent dans sa Parole. Une Parole qui vient purifier nos lèvres, comme pour le prophète Isaïe et une Parle qui nous envoie. A la suite de cette rencontre, les disciples laissent tout et le suivent. Jésus appelle et envoie en mission. La Parole et la mission sont toujours liées. C’est ainsi que Dieu se révèle et se donne. Un Dieu qui donne en abondance, un Dieu qui enseigne et donne sa Parole, un Dieu qui envoie pour dire au monde entier la grandeur de sa présence. Celui qui est vraiment Saint nous envoie pour le proclamer et le rayonner par toute notre vie.

Homélie du 16 janvier 2022

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit… Les signes… oui Jésus réalise, accomplit, fait, donne des signes. Un signe est toujours là pour renvoyer à autre chose de plus grand encore que lui-même. Il ne faut pas s’arrêter au seul signe. Ici, à travers ce signe de la transformation de l’eau en vin, il y a beaucoup plus qui est dit. Plus encore, c’est un commencement… il y en aura donc beaucoup d’autres. Il s’agit d’un début, d’un commencement d’un monde nouveau. Avec Jésus voici qu’une nouveauté radicale s’installe. On peut dire qu’un monde nouveau commence. Et ce mariage en est le premier signe. Un mariage, c’est-à-dire une fête, une joie. Jésus est venu apporter la joie et le bonheur… une joie partagée. Et cette joie est liée à l’amour. Un mariage, une alliance. Plus largement, on peut dire que Jésus vient inaugurer un mariage, une alliance nouvelle entre Dieu et l’humanité. En fait c’est Dieu qui se marie, lui l’éternel amoureux se lie pour toujours avec l’humanité. Nous pouvons aussi faire le lien avec l’Eglise. Ce signe, ce commencement est le mariage entre le Christ et son Eglise. Elle est souvent présentée comme une fiancée parée pour son époux. L’Eglise est de cet ordre-là. Elle est liée au Christ. Alors l’abondance est au rendez-vous. Le vin en est le signe. Et il y en a…600 litres, il y a vraiment de quoi faire, de quoi se réjouir. Lorsque le Christ se marie avec son Eglise, il ne fait pas les choses à moitié. Il donne, il se donne très généreusement. Il vient changer notre eau en vin, il vient transformer notre vie sans goût ni saveur en très bon vin : c’est un bon cru. Nous avons tant de mal à accueillir cette nouveauté, et pourtant nous en avons tant besoin. Notre vision sur notre monde et notre Eglise est marquée par un certain pessimisme… nous sommes un peu blasés, usés. Voici que cet Evangile cette Bonne nouvelle vient nous réveiller. Il ne s’agit évidemment pas de nous cacher la réalité si souvent difficile, surement pas de se boucher les yeux… mais il s’agit d’accepter d’entrer avec Jésus dans un autre regard. Jésus le Christ vient partager ce qui fait notre vie et il vient la transformer. Il donne de participer à la joie d’aimer et d’être aimé. Et le bon vin pourra couler à flot…

« Royal époux, promis aux noces de la croix, Tu es venu réjouir les enfants de Dieu, Et tu changeas notre eau en vin. O viens, Seigneur Jésus ! Tendresse pour la terre ; Que nous chantions pour ton retour : Béni soit au nom du Seigneur Celui qui vient sauver son peuple ! »

Homélie du 09 janvier 2022

Le temps de Noël se termine par le baptême de Jésus. Demain commencera le temps ordinaire. Mais aujourd’hui avec cette fête, tout est dit. Le Christ Jésus se révèle, se montre dans toute sa dimension. Celui qui est né de Marie, celui qui a grandi dans une famille, celui qui a été reconnu et chanté par les anges, celui qui a été vénéré par les mages venus d’Orient, celui-là aujourd’hui nous est donné comme le Fils bien-Aimé du Père. Pour lui, c’est le ciel qui s’ouvre et il y a une parole qui affirme : « Toi, tu es mon Fils bien- aimé : en toi, je trouve ma joie. » Voici donc que dieu est « à tu et à toi » avec cet homme. Il y a une relation unique entre le Père et Jésus. Il est le Fils bien-aimé et plus encore, Dieu trouve sa joie en lui. Cette relation est une source de joie profonde. L’Esprit Saint qui est suggéré ici sous la forme d’une colombe affirme, complète cette relation. Ainsi, Dieu Père, Fils, Esprit sont présentés ici dans cette relation d’amour parfaite. Et à travers ce geste symbolique du baptême, voici que Jésus nous est annoncé comme celui qui prend le chemin des pécheurs, il accepte de recevoir ce geste de purification, lui qui n’en avait pas besoin. Il va être plongé dans l’eau, autrement dit plongé dans la mort mais il va sortir de la mort, se relever, ressusciter. Nous avons rassemblé ici tout le mystère de Jésus le Christ qui s’est fait l’un d’entre nous, qui est passé par la mort et qui est ressuscité. Mais Jésus le Christ devient alors pour nous une promesse, un appel. Il est le premier, il passe le premier. Chacun d’entre nous peut le suivre. Il va prendre le même chemin. C’est tout le sens de notre baptême et de notre vie de baptisé. Jésus a donné sa vie pour nous pour que nous puissions vivre de sa vie, de sa résurrection. A notre baptême, nous avons entendu la même phrase que Jésus : Oui, chacun, chacune est un fils, une fille bien-aimé(e) de Dieu. En chacun, chacune d’entre nous, Dieu trouve sa joie en nous. Il est heureux de notre existence, nous faisons la joie de Dieu. Et le Seigneur vient nous partager sa vie, son amour. Etre baptisé, c’est recevoir ce signe et c’est en vivre, autrement c’est aimer, à la suite et à la manière de Jésus, lui qui nous donne toujours sa présence d’amour.

Aux enfants qui font leur entrée en Eglise en vue du baptême :

Vous aussi, vous prenez le même chemin. Vous vous préparez pour recevoir plus tard le signe du baptême. Vous aussi, comme Jésus et à la suite de Jésus, vous allez recevoir la même parole : Toi, tu es mon enfant bien-aimé : en toi, je trouve ma joie… C’est une bonne nouvelle à recevoir. Mettez-vous en route pour découvrir, mieux connaître Jésus et vous entrerez ainsi dans la grande famille des baptisés, de ceux qui reconnaissent l’amour de Jésus pour eux et qui en vivent.


Homélie du 19 décembre 2021 4ème dimanche de l'Avent

Marie se met en route et elle va, avec empressement, nous dit l’évangile, rencontrer sa cousine Elisabeth. Elle va à sa rencontre, elle va la visiter et ensemble elles vont se réjouir de la visite de Dieu lui-même. Marie porte en elle le Seigneur Dieu et la rencontre avec Jean Baptiste que porte en elle Elisabeth est source de joie. Voici donc que Dieu vient visiter l’humanité. Il vient à sa rencontre, et c’est alors une source de joie profonde, qui fait tressaillir au plus intime.

Nous croyons et nous nous préparons à accueillir ce Seigneur qui vient nous visiter, qui est venu visiter les hommes et apporter sa joie. Marie peut de venir notre modèle. Elle porte en elle le Seigneur et elle apporte la joie. Nous aussi, chacun, nous portons en nous le Seigneur, la Bonne Nouvelle source de joie. Puisque nous croyons que Dieu s’est fait l’un d’entre nous, alors il est en nous, au plus intime. Nous sommes porteurs de Dieu, désormais. Saint Paul parle de Temple de l’Esprit, ou bien de corps du Christ. Oui, mais avouons que nous avons bien du mal à le croire vraiment. Nous mettons plus en avant nos incapacités, nos fautes, nos erreurs et évidemment elles sont bien réelles. Mais n’oublions pas notre dignité, nous sommes porteurs du Seigneur. Il habite chez nous, au plus intime. Alors ce sont toutes nos rencontres qui vont en être transformées, colorées, voire transfigurées. Plusieurs fois, des personnes qui visitent des malades racontent leur expérience en parlant de visites qui deviennent des Visitations. Et c’est vrai dans les deux sens, l’autre également est porteur du Seigneur, et c’est lui le Seigneur qui vient à ma rencontre. Nos regards sont alors changés.

La fête de Noël que nous nous apprêtons à vivre est souvent une occasion pour vivre des rencontres ou bien malheureusement parfois pour mesurer combien ces rencontres nous manquent. Ces rencontres sont parfois difficiles… s’écouter, parler avec d’autres qui n’ont pas le même point de vue que moi, les mêmes options c’est difficile et notre monde aujourd’hui en est particulièrement marqué… les listes de sujets à ne pas aborder en famille peut être longue. Des fractures sont là. Dans la foi, nous sommes invités à avoir un autre regard, une autre attitude. Il ne s’agit pas de ne plus avoir de point de vue, d’idée, de sensibilité, d’option, de choix de vie… sûrement pas. Il s’agit de ne jamais oublier que l’autre, comme moi, autant que moi, est habité par le Seigneur. Il porte, comme moi, le Seigneur. Alors je peux accueillir l’autre, tout en restant soi-même. Cette présence, comme pour Elisabeth et Marie, est source de joie et d’émerveillement.

Accueillons le Seigneur qui vient, entrons et vivons une véritable Visitation.

Homélie du 08 décembre 2021, fête de l’Immaculé-Conception

Marie a dit oui à l’invitation de l’ange, elle a dit oui à son Seigneur. Elle a hésité, elle a posé des questions, elle a voulu connaître un peu avant de s’engager : comment cela va-t-il se faire ?- mais elle dit oui, elle a donné son accord : que tout m’advienne selon ta parole. Elle a accueilli en elle la parole, la promesse qui lui a été faite. Elle l’a accueillie au plus profond, au plus intime d’elle-même. Et cette demande qui venait de l’extérieur n’est plus un corps étranger, mais Marie a tissé en elle cette promesse, elle l’a réalisée. Elle a donné un corps au Seigneur, à Dieu lui-même. Nous n’aurons jamais fini de nous étonner de cela. Jésus, celui que nous reconnaissons comme le Fils de Dieu est né d’une femme, comme le dit saint Paul… Jésus, né d’une femme.

Et c’est en cela que Marie devient pour nous le modèle de la foi, « celle qui a cru ». Son itinéraire est aussi le nôtre. La foi ne peut pas rester extérieure, étrangère à nous-même. Elle est toujours invitation de la part de Dieu pour entrer au plus profond, au plus intime de nous-mêmes et si, comme Marie, nous l’accueillons, alors nous pouvons tisser en nous la présence de Dieu pour le monde, d’une certaine façon nous donnons naissance, nous donnons corps au Seigneur. C’est ainsi que Marie est aussi la Mère de l’Eglise. L’Eglise toute entière est chargée de donner au monde ce Seigneur. Elle est le corps du Christ, c’est-à-dire l’être au monde, le visage de Dieu pour aujourd’hui. Nous savons bien que ce visage est souvent abîmé, déformé dans nos vies comme dans notre Eglise. Mais Marie nous en montre le chemin et le Seigneur ne cesse de nous renouveler, de nous rafraîchir… Marie devient pour nous le modèle. C’est pour cela que nous la prions. Elle nous donne et nous emmène vers le Seigneur. Elle nous accompagne dans le chemin, parfois difficile, de nos vies. Elle est la servante du Seigneur, la croyante, elle est la Mère de l’Eglise… Accueillons avec elle Celui qui vient dans nos vies, dans notre monde, dans notre Eglise.

Homélie du 05 décembre 2021 2ème dimanche de l'Avent

L’ensemble des textes aujourd’hui nous fait entrer dans la joie, l’espérance. Voici que Dieu fait une promesse qui vient transformer notre vie, notre monde. Même les chemins tordus sont appelés à être redressés, même les collines ou les escarpements vont être allégés, aplanis. Un monde nouveau de joie, de lumière, de miséricorde, de justice est promis. La venue de Jésus s’inscrit complètement dans ce projet, il vient le réaliser et le mener jusqu’à sa plénitude. Mais avec lui, on n’est pas dans de belles idées, de magnifiques discours, la réalisation de la promesse entre dans l’histoire humaine. Le début de passage d’Evangile insiste sur cette dimension historique. On donne une date : l’an 15… on donne des noms : Tibère, Ponce Pilate, Hérode, Philippe, Lysanias, Hanne et Caïphe. On donne des lieux : Judée, Galilée, Iturée, Traconitide, Abilène. Des dates, des personnes, des lieux… un espace et un temps, voilà bien ce qui fait notre histoire, notre vie. Et bien c’est là qu’entre la parole de Dieu. Dieu, en Jésus entre dans l’histoire la plus concrète, la plus précise. Il entre donc dans nos vies, dans notre monde… et chacun pourrait réécrire ce passage de Saint Luc… en donnant des dates, des noms, des lieux… c’est ici, c’est dans notre monde tel qu’il est avec ses blessures, ses attentes que le Seigneur vient apporter et réaliser sa promesse. Il ne fait pas semblant, il n’a pas posé le bout du pied sur terre. Non il s’est fait l’un d’entre nous et c’est à chacun qu’il propose ce monde nouveau de joie et de lumière. La vie éternelle est commencée. Encore faut-il l’accueillir, accueillir Celui qui vient aujourd’hui. Préparons, accueillons, travaillons pour que la joie promise par Celui qui s’est fait l’un d’entre nous se réalise pleinement en nous, dans notre monde.

Homélie du 28 novembre 2021 1er dimanche de l'Avent

En écoutant ce passage d’Evangile, le premier réflexe est la peur… Jésus annonce des bouleversements, des catastrophes… le soleil, la lune, les étoiles, la mer : tout semble ébranlé, affolé, désemparé… La création telle que nous la connaissons semble être remise en cause… Mais il n’y a pas que cela dans le texte. Il y a aussi fortement une annonce : annonce d’un monde nouveau, d’une nouvelle création, d’un nouvel ordre… alors Jésus invite à une attitude qui n’est pas celle de la peur… au contraire : il invite à rester éveillé, à prier, à relever la tête, à se redresser et même à se tenir debout…Il n’invite pas à se baisser, s’abaisser, se replier sur soi, ni même à se mettre à se mettre à genoux, à s’écraser… Non, il invite à être debout, la tête haute… on peut dire à être libre, pleinement soi-même, heureux. Mais alors pourquoi faut-il ainsi se relever ?

Tout simplement parce qu’il vient le Seigneur, ou bien le Fils de l’Homme comme dit Jésus lui-même. Il vient, il est tout proche. Il vient dans notre monde, dans notre vie. Dans le désordre, Dieu vient mettre de l’ordre, il vient apporter la justice comme le disait Jérémie. Il vient relever, il vient sauver toute l’humanité. Nous croyons qu’avec la venue de Jésus un monde nouveau est commencé. Il est commencé, il a encore beaucoup à se développer. Son Royaume, son Règne n’est pas entièrement épanoui, mais son action se continue. Il se donne à nous et il agit dans notre monde, dans nos vies. Nous en avons tous tellement besoin. Il suffit d’écouter, de suivre l’actualité pour constater que notre monde est bien bouleversé, l’humanité abîmée, l’homme capable de détruire et de tuer, la création mise à mal… mais nous osons croire que l’amour de Jésus est à l’œuvre et qu’il continue de venir. C’est tout simplement pour cela qu’il est bon de se préparer à Noël et que c’est une grande fête pour chacun… Alors, veillons, prions, relevons la tête, tenons-nous debout… le Seigneur vient, il est notre Sauveur.